Municipales : "Un vote sanction, mais aussi un vote de crise"
Francetv info dresse les perspectives du second tour avec les concepteurs du modèle électoral ElectionScope. Pour eux, les maires sortants de gauche, même bons gestionnaires, sont punis par les électeurs.
Percée du Front national, claque pour le Parti socialiste même dans ses bastions et bons scores pour l'UMP, le premier tour des élections municipales, dimanche 23 mars, a montré une nouvelle composition du paysage politique français. Bruno Jérôme et Véronique Jérôme-Speziari, docteurs en sciences économiques, ont conçu le modèle de prévision électorale ElectionScope.
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A partir de plusieurs indicateurs économiques et politiques, ce modèle mesure comment les électeurs traduisent en voix la performance des élus, ou d’une famille politique, lors d’un scrutin, dans les villes de plus de 30 000 habitants. Au premier tour, le taux de réussite de ce modèle de prévision frôlerait les 90%. Francetv info dresse avec Bruno Jérôme et Véronique Jérôme-Speziari les perspectives du second tour.
Francetv info : L'UMP reparle de vague bleue. Votre modèle prévoit-il le basculement de nombreuses villes de gauche à droite ?
Véronique Jérôme-Speziari : Avant le premier tour, nous avions envisagé le basculement à droite de 19 à 39 villes. Cinq ont eu lieu dès le premier tour dont trois que nous avions prévus : Poissy (Yvelines), Clamart (Hauts-de-Seine) et L'Haÿ-les-Roses (Hauts-de-Seine).
Pour le second tour, nous voyons 22 basculements possibles. Mais aussi huit cas où le basculement sera empêché à cause de l'important score du FN qui se maintient : c'est par exemple le cas de Strasbourg (Bas-Rhin), Villeurbanne (Rhône), Venissieux (Rhône), Rouen (Haute-Normandie), Besançon (Doubs), Dijon (Côte d'Or), ou encore Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis).
Qu'en est-il des villes qui pourraient basculer à gauche ?
Le modèle avait identifié quelques possibilités de basculement qui finalement n'auront pas lieu, notamment à Villefranche-sur-Saône (Rhône), Savigny-sur-Orge (Essonne) et Albi (Tarn).
Pour le second tour, la seule ville de plus de 30 000 habitants qui pourrait basculer est Bourges (Cher).
Quelles étaient vos prévisions pour le FN ?
Avant l'élection, nous avions rappelé que le FN atteignait au moins 12% dans les villes étudiées depuis 1995. Et nous avions annoncé "une impression de déjà-vu", c'est-à-dire qu'il serait fort, autour de 6% au niveau national, de 13% dans ces villes de plus de 30 000 habitants. Il est plus fort qu'en 1995 ce qui veut dire qu'il va gêner la droite, mais aussi qu'il peut gêner la gauche.
Votre modèle mélange critères politiques et économiques, comment vous permet-il d'analyser le vote ?
On voit que les critères nationaux ont bien eu un impact sur le local. L'abstention est plus forte à gauche qu'à droite. On parle d'un vote sanction mais aussi d'un vote de crise. Les électeurs ont envoyé un message aux sortants.
On s'aperçoit que la bonne gestion locale ne suffit plus. Les sortants, mêmes bons gestionnaires, sont punis. Cette tendance doit se confirmer au second tour.
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