: Vidéos Municipales 2020 à Paris : ce qu'il faut retenir du débat entre Anne Hidalgo, Rachida Dati et Agnès Buzyn
Les trois candidates, qui visent le fauteuil de maire de la capitale, ont échangé pendant une heure sur franceinfo au sujet notamment de la relance économique, de l'écologie, des transports, de la propreté et des transports.
Anne Hidalgo ciblée par les attaques, Rachida Dati à l'offensive, Agnès Buzyn qui tente d'exister dans le brouhaha : le débat pour le second tour des élections municipales à Paris a tenu toutes ses promesses, mercredi 17 juin. La maire sortante, favorite de cette élection, a subi de nombreuses critiques sur son bilan, que ce soit en matière de propreté, de sécurité, mais aussi de logement ou d'écologie. La candidate PS (alliée à EELV) a de son côté défendu son action, notamment sur la réduction de la place de la voiture à Paris, en tentant de rester à l'écart des batailles verbales de ses deux concurrentes. Voici ce qu'il faut retenir de ce débat.
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Les candidates déroulent leurs programmes en introduction
Lors de son préambule, Agnès Buzyn a semblé un peu hésitante. Cherchant dans ses notes, la candidate LREM est d'abord revenue sur la crise sanitaire, "un révélateur de nos faiblesses", avant de développer ses priorités. "Mon projet est simple : relancer la vie économique et sociale avec un grand plan Marshall pour les commerces, protéger les plus fragiles, c'est-à-dire les personnes âgées et les plus jeunes, et enfin préparer notre ville à l'avenir, c'est pourquoi je prévois de mettre 5 milliard d'euros dans la transition écologique."
Dès le début, Rachida Dati est passée à l'offensive en critiquant le bilan de la maire sortante, Anne Hidalgo. Parlant des Parisiens, elle a lancé : "Pendant ces six dernières années, on leur a tellement compliqué la vie, pour vivre, mais aussi pour y travailler". Elle a ensuite insisté sur les deux priorités de son programme pour Paris : la sécurité et la propreté.La maire sortante, Anne Hidalgo, est également revenue sur les conséquences de la crise avant d'en venir à son programme axé sur la relance économique et la transition écologique : "Je continuerai à apporter mon soutien aux entreprises, au monde de la culture (...), je pense à toutes les familles qu'il va falloir aider y compris en termes de pouvoir d'achat."Affrontement sur la gestion des masques pendant l'épidémie
"Si la région [dirigée par Valérie Pécresse, proche de LR] n'avait pas été là, aucun Parisien n'aurait été équipé de masques, a affirmé Rachida Dati en regardant la maire socialiste. Vous [Anne Hidalgo] aviez promis des centaines de millions de masques pour le 30 avril, ils n'étaient pas disponibles le 11 mai."
"La ville de Paris ne s'est pas trouvée en pénurie de masques, car nous en avons acheté pendant six ans, a répondu Anne Hidalgo. Dès la première semaine de confinement, nous avons donné 5 millions de masques, 2,5 millions à l'AP-HP, nous les avons donnés aux médecins libéraux et aux infirmières, et aux Ehpad."
Le concours de la candidate la plus écologiste
Agnès Buzyn comme Rachida Dati ont choisi d'attaquer Anne Hidalgo sur le thème de l'écologie. "Les pots de fleurs géants, il y en a à tous les coins de rues, mais ça n'est pas ça, végétaliser la ville pour faire face aux vagues de chaleur. L'écologie, ce n'est pas ça, c'est une écologie de communication", a critiqué la candidate LREM.
"Vous êtes la maire qui a le plus bétonné Paris, l'équivalent de deux quartiers de la Défense", a également attaqué Rachida Dati, en listant les projets immobiliers prévus par la maire socialiste. "Vous êtes maire depuis six ans, vous pensez que vous êtes visionnaire avec les pistes cyclables ? Vous n'en avez fait que 100 km dans une tension épouvantable."
L’enjeu des transports (et de la place du vélo)
Le vélo. Voilà un mode de transport qui occupe les débats à Paris depuis de longs mois. Mercredi soir, il a encore été question de cela dans le débat entre les trois candidates à la mairie. D’abord, Agnès Buzyn a partagé son expérience personnelle : "Moi, je ne fais pas de vélo parce que j’ai peur, mais je vais m’y mettre.” Avant d’attaquer Anne Hidalgo : “Vous, vous parlez beaucoup de vélo... et vous êtes toujours en voiture. Vous avez 500 voitures dans le parc de la ville."
La maire sortante a défendu son bilan en termes de transport, en assumant avoir diminué la place de la circulation automobile à Paris afin de faire baisser "la pollution atmosphérique et sonore". Anne Hidalgo a aussi justifié la piétonisation des bords de Seine en attaquant les alliés des deux autres candidates, opposés à ce projet.
La candidate LREM a cependant nuancé ce bilan d’Anne Hidalgo avec une critique forte : "Ce que je regrette le plus, c’est la destruction d’Autolib et de Vélib. C’étaient de très grandes réussites de la mandature précédente, ça fonctionnait, tout le monde l’utilisait." Les déboires de ces deux services ont en effet été retentissants ces dernières années, même si le service de Vélib est de nouveau très utilisé dans la ville. "On a une anarchie des transports aujourd’hui", a conclu Agnès Buzyn.
Deux visions sur la question du logement
L’immobilier est un sujet majeur à Paris, où le prix du mètre carré a dépassé les 10 000 euros en moyenne en 2019. Plusieurs visions se sont affrontées sur le plateau. D’un côté, Anne Hidalgo qui défend une intervention forte sur le marché du logement avec l’encadrement des loyers et le rachat d’immeubles pour développer le logement social. De l’autre, Rachida Dati qui prône davantage de fluidité sur le marché de la location plutôt que des interventions de la puissance publique.
Un sujet a cristallisé les débats (et les tensions) : le logement social. "Je pourrais citer les cités, c’est du logement social (...). C’est dégradé, pas d’eau chaude, les parties communes condamnées… a énuméré Rachida Dati. Moi, je voudrais entièrement le rénover." La maire sortante a immédiatement rétorqué : "Mme Dati a voté contre toutes les constructions de nouveaux HLM, c’est très clair. Et [il y a] 2,5% de logements sociaux dans le 7e arrondissement [dont Rachida Dati est la maire]."Echange tendu entre Agnès Buzyn et Rachida Dati
Agnès Buzyn n'a pas retenu ses coups contre la candidate LR. "Mme Dati, vous avez soutenu Sens commun, vous avez voté contre le mariage pour tous, contre l'interdiction des thérapies de conversion au Parlement européen (...), tout ça fait que vous attirez les votes de la famille Le Pen." Rachida Dati a alors tenté de répondre, malgré la cacophonie sur le plateau : "C'est une atteinte grave à mon honneur et à ce que je suis..." Elle a ensuite attaqué le bilan de l'ancienne ministre de la Santé : "Des Français sont morts (...), elle [Agnès Buzyn] a menti aux Français sur des sujets graves, effectivement je n'ai pas les mêmes valeurs." Agnès Buzyn a accusé alors son adversaire de se livrer à de "la diffamation".
Les professions de foi pour conclure
Les trois candidates ont consacré une dernière minute à tenter de convaincre les Parisiens et les Parisiennes. "Cette crise a montré que les solutions passent par les transformations de nos modes de vie. Nous ne nous déplacerons plus de la même façon, nous ne nous alimenterons plus de la même façon, nous devons y travailler ensemble", a posé Anne Hidalgo.
"Je sais qu'une majorité de Parisiens veut un changement profond à Paris, a estimé de son côté Rachida Dati. Je sais qu'un certain nombre a été tellement écoeuré qu'ils ne votent plus. Je leur dis : 'Prenez dix minutes de votre temps pour six ans de votre vie'."
"Nous avons d'un côté une maire sortante qui promet de faire en six ans tout ce qui n'a pas été fait avant, voire le contraire, et de l'autre côté une maire sortante qui n'a pas de vision pour Paris, et qui vit au siècle dernier. Je pense qu'il faut un changement, avec une gouvernance plus solidaire, qui ne passe pas par des diktats, et non plus solitaire", a conclu Agnès Buzyn.
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