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Après la présidentielle, le Rassemblement national joue gros dans la bataille des législatives

Après l'échec de Marine Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle, dimanche, le RN espère a minima constituer un groupe à l'Assemblée nationale à l'issue des prochaines législatives.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
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Marine Le Pen et Jordan Bardella à leur arrivée au siège du Rassemblement national, le 25 avril 2022. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Transformer la défaite de Marine Le Pen en levier électoral aux élections législatives : voilà l'objectif du Rassemblement national, au lendemain du second tour de l'élection présidentielle. Avec 41,46% des suffrages, Marine Le Pen a été battue dimanche 24 avril pour la deuxème fois – après 2017 – par Emmanuel Macron. L'objectif est désormais de se placer en première opposante au chef de l'État durant ce quinquennat. Pour cela, il faudra en passer par les élections législatives. Le Rassemblement national s'y penche dès lundi 25 avril, avec un bureau exécutif et un bureau national dans l'après-midi.

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Personne au Rassemblement national ne se risque cependant à afficher des ambitions. Il y a deux écoles : les pragmatiques, qui disent qu'avec huit députés élus en 2017, le parti ne peut que mieux faire, avec pour ambition de réunir au moins 15 députés afin de créer un groupe. Les plus optimistes, eux, imaginent entre 50 et 60 députés, voire 80. 

Eric Zemmour, un "petit mec"

Pour réussir à augmenter son nombre de députés à l'Assemblée nationale, le Rassemblement national doit cependant créer un élan et tenter de fédérer autour de Marine Le Pen. Le question est : qui doit-elle rassembler ? La question doit être discutée lundi. Les discussions doivent notamment tourner autour de l'attitude à adopter vis-à-vis d'Éric Zemmour et de Reconquête. La ligne postule déjà qu'il n'y aura pas d'accord d'appareil, même si certains sont favorables à des discussions. 

Les propos tenus dimanche soir par Éric Zemmour après 20 heures ont malgré tout crispé le Rassemblement national. "C'est la huitième fois que la défaite frappe le nom Le Pen", a-t-il dit peu de temps après l'annonce de la défaite de Marine Le Pen. De quoi courroucer même les plus ouverts."C'est insultant, c'est un petit mec, s'agace ce proche de Marine Le Pen. La porte n'était pas fermée. Maintenant, elle l'est."  

Dans son allocution, dimanche, Eric Zemmour estimait que le bloc national devait "s'unir et se rassembler". Lundi, il enfonce le clou et demande à Marine Le Pen de "saisir" la main qu'il lui tend. 

Pour l'heure, le RN exclut les accords d'appareils. Mais des accords locaux sont en revanche évoqués, peut-être avec le numéro 2 de Reconquête, Guillaume Peltier, ou le jeune porte-parole du parti d'Éric Zemmour, Stanislas Rigault. Enfin, il faudra arbitrer d'éventuels assouplissements programmatiques, ce qui risque de faire débat.

Un groupe à l'Assemblée pour exister

Si ces élections législatives sont importantes pour le Rassemblement national, elle le sont aussi pour l'avenir politique de Marine Le Pen. Au sein du parti, personne ne s'en cache : à défaut d'une Marine Le Pen présidente de la République, l'objectif est qu'elle soit présidente d'un groupe RN à l'Assemblée nationale, car cela donne une tribune et de la visibilité. Dans son équipe, on a bien noté que Jean-Luc Mélenchon avait mis à profit pendant tout le quinquennat son groupe parlementaire pour exister.

Cela donnerait du poids politique à Marine Le Pen, d'autant qu'elle n'a pas l'intention de revenir de sitôt à la tête du Rassemblement national. En tant que présidente d'un groupe nationaliste, elle prendrait une place d'opposante numéro 1 à Emmanuel Macron et serait en plus incontestable dans son camp. Cela reste cependant un pari car, en 2017, le FN avait pris de plein fouet le front républicain. Si, cette fois encore, le RN ne réussit pas ses législatives, l'avenir politique de Marine Le Pen risque bel et bien de s'assombrir.

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