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Et si Hollande avait intĂ©rĂȘt Ă  se soumettre Ă  une primaire Ă  gauche ?

A en croire certains de ses proches, le chef de l'Etat ne serait pas hostile à une primaire pour désigner le candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 2017. Une prise de position plus tactique que sincÚre.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Hollande, le 13 novembre 2014 à l'Elysée. (PATRICK KOVARIK / AFP)

L'hypothĂšse d'une primaire pour dĂ©signer le candidat de la gauche Ă  la prĂ©sidentielle de 2017 prend chaque semaine un peu plus de consistance. Mardi, pour la premiĂšre fois, un membre du gouvernement, Thierry Mandon, a publiquement affirmĂ© qu'il Ă©tait favorable Ă  une primaire rĂ©unissant toute la gauche. Cette possibilitĂ© ne serait pas rejetĂ©e en bloc Ă  l'ElysĂ©e. François Hollande commencerait mĂȘme "Ă  ĂȘtre convaincu par la primaire", selon un proche citĂ© par Europe 1. Y a-t-il intĂ©rĂȘt ? Explications.

Pourquoi pas, si l'ensemble de la gauche y participe

Pour François Hollande, l'intĂ©rĂȘt de l'exercice serait d'Ă©vacuer le risque d'une multitude de candidatures Ă  gauche. Il pourrait ainsi aborder le premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle en Ă©tant le seul candidat de la gauche modĂ©rĂ©e et limiter la possibilitĂ© d'ĂȘtre Ă©liminĂ© d'entrĂ©e.

Un tel scĂ©nario suppose que la primaire concerne la gauche et pas seulement le PS. En 2011, seuls les radicaux de gauche avaient participĂ© Ă  la primaire socialiste. Or, aprĂšs un mandat houleux au cours duquel Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a retirĂ© sa participation au gouvernement et a mis un pied en dehors de la majoritĂ©, pourquoi les Ă©cologistes se priveraient-ils de la caisse de rĂ©sonance que pourrait leur offrir une campagne prĂ©sidentielle ? Le sĂ©nateur Jean-Vincent PlacĂ©, conscient que les Ă©cologistes n'ont jamais brillĂ© Ă  la prĂ©sidentielle, se verrait bien participer Ă  une primaire ouverte avec le reste de la gauche. Mais ce n'est pas la ligne de CĂ©cile Duflot, qui juge "avoir les Ă©paules" pour 2017, et qui pourrait ĂȘtre tentĂ©e par une alliance avec la gauche de la gauche.

La question Ă©cologiste n'est pas la seule en suspens. Que compte faire Martine Aubry ? Quid de Manuel Valls ? L'aile gauche se lancera-t-elle unie ? Toutes les parties se mettront-elles d'accord sur un calendrier et des rĂšgles communes ? En dĂ©finitive, trop d'inconnues subsistent pour affirmer qu'une primaire Ă  gauche puisse Ă©ventuellement bĂ©nĂ©ficier Ă  François Hollande. Un sondage publiĂ© samedi 22 novembre par Le Figaro montre qu'elle pourrait mĂȘme, selon les configurations, s'avĂ©rer fatale pour le chef de l'Etat. Les signaux d'ouverture Ă©mis par l'ElysĂ©e tiennent davantage de la prise de position tactique : ils permettent de dĂ©dramatiser l'enjeu en Ă©vitant de braquer l'aile gauche. Un bon moyen d'enterrer le dĂ©bat.

Non, cela révélerait son manque d'autorité

Jamais la légitimité d'un président sortant à se présenter pour un second mandat n'a été aussi discutée. En 2011, Nicolas Sarkozy, dont la popularité accusait jusqu'à 15 points de retard sur son Premier ministre François Fillon, n'a jamais été sérieusement contesté par sa famille politique.

A travers ce débat sur la nécessité ou non d'organiser une primaire en 2017, François Hollande paie son absence d'autorité naturelle sur sa famille politique. Une situation due autant à la tradition trÚs peu légitimiste de la gauche qu'à l'impopularité du chef de l'Etat, arrivée à un niveau jamais atteint pour un président sous la Ve République. François Hollande ou son entourage ont beau faire mine d'entrouvrir la porte, l'organisation d'une primaire à gauche en 2016 ou 2017 serait une humiliation pour lui.

Certains, y compris au sein de la frange sociale-dĂ©mocrate du PS, militent toutefois pour la tenue d'une primaire. Ainsi, pour la dĂ©putĂ©e Karine Berger, "la primaire, c’est une chance, une modernitĂ©. Cela donne au candidat une vraie force politique. Il serait dommage d’y renoncer".

Non, il ne peut pas ĂȘtre "prĂ©sident la journĂ©e et candidat le soir"

A devoir faire campagne tout en remplissant les obligations qui lui incombent, le prĂ©sident se trouverait dans une position inconfortable. "Vous imaginez pendant six mois le prĂ©sident de la RĂ©publique candidat le soir avec d'autres candidats qui auront tous une certaine valeur, et prĂ©sident de la RĂ©publique le lendemain ? Je vois mal comment cela peut ĂȘtre organisĂ©", a rĂ©agi le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e, Claude Bartolone, sur LCP.

Surtout, la participation du prĂ©sident sortant Ă  une primaire le priverait de la maĂźtrise de son propre calendrier, une arme essentielle en pareilles circonstances. Mitterrand en 1988 et Chirac en 2002 en ont usĂ© pour faire durer le suspense, ou au contraire crĂ©er la surprise. Si François Hollande devait se soumettre Ă  un premier round avant la grande explication, il serait placĂ© au mĂȘme niveau que ses concurrents.

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