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"Je n'ai toujours pas changé mon lieu de vote" : chez les jeunes électeurs, beaucoup de "mal-inscrits"

Huit millions de citoyens français sont "mal-inscrits" sur les listes électorales, dont une large part de jeunes. C'est parmi eux qu'on retrouve le plus d'abstentionnistes. 

Article rédigé par franceinfo - William de Lesseux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Lou, toujours inscrit sur les listes électorales à Reims alors qu'il n'habite plus la Champagne, et Shayan, tous deux étudiants à Paris. (WILLIAM DE LESSEUX / RADIO FRANCE)

Jusqu'à présent, la date limite pour s'inscrire sur les listes électorales était fixée au 31 décembre pour les scrutins de l'année suivante. Mais pour la prochaine présidentielle, les électeurs ont jusqu'au début du mois de mars 2022 (le 2 mars en ligne, le 4 mars en mairie). Des délais supplémentaires avaient déjà été accordés pour les dernières élections municipales, départementales et régionales. Mais cette souplesse inscrite dans la loi entre pour la première fois en vigueur pour une présidentielle.

En France, on dénombre quelque huit millions d'électeurs dits "mal-inscrits" sur les listes : le plus souvent dans un bureau de vote loin de chez eux. Un jeune (de 18 à 34 ans) sur trois est concerné par cette "mal-inscription" qui génère de l'abstention. Alors avec ses amis c'est l'heure des bonnes résolutions pour Lou. Ce jeune étudiant parisien va changer son bureau de vote parce qu'officiellement il est encore inscrit à Reims : "Je n'ai toujours pas changé mon lieu de vote. J'ai déjà raté les régionales, c'était trop tard pour changer. J'étais mal inscrit, je suis allé voter au premier tour, mais je n'avais pas la force de me déplacer pour le deuxième tour. J'avais même déjà raté les municipales à cause de ça. Donc si j'y pense, je vais m'inscrire à Versailles." 

"On a envie d'avoir un rôle, une voix, de se faire entendre."

Shayan, étudiant parisien

à franceinfo

Inscrit dans la capitale, Alexandre vit désormais à L'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne. Pour lui pas question de changer quoi que ce soit : "Par flemme. On ne vote pas suffisamment souvent de toute manière pour que je trouve ça nécessaire de m'inscrire dans un lieu plus proche. Je n'y vois pas d'intérêt. Si je vote, je voterai blanc." Pour Naoëlle, en cas de mauvaise inscription, pas de mauvaises excuses, car il y a toujours une solution : "La procuration fonctionne bien. Mon père vit au Portugal et j'ai toujours voté pour lui par procuration et ça se fait très bien." 

"Chez les 'mal-inscrits', les taux d'abstention sont notablement plus élevés que chez les 'bien-inscrits'."

Eric Agrikoliansky, professeur de sciences politiques

à franceinfo

Le problème des "mal-inscrits" est connu, mais les candidats et le gouvernement en parlent trop peu, explique Eric Agrikoliansky, professeur de sciences politiques à Paris-Dauphine : "C'est là que l'on retrouve le plus de personnes qui ne votent pas du tout. C'est un angle mort significatif dans la mesure où ce n'est pas véritablement traité par les politiques publiques. On se préoccupe beaucoup - au moins dans les discours - de la question de l'abstention, qui est effectivement un problème central et qui dont on n'a pas vraiment pris la mesure." 

Pour changer son lieu de vote il reste la bonne vieille procédure en mairie. Depuis près de trois ans, la modification est aussi possible en ligne.

De nombreux jeunes électeurs mal inscrits : reportage de William de Lesseux

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