Primaire "de la gauche de gouvernement" : qui pour affronter François Hollande ?
Francetv info a listé les potentiels adversaires du chef de l'Etat, déclarés ou non, dans la course à l'investiture en vue de la présidentielle.
Les 22 et 29 janvier 2017, les sympathisants de "la gauche de gouvernement" pourront désigner leur candidat à l'élection présidentielle. A la surprise générale, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé vendredi 17 juin la tenue d'une primaire rassemblant notamment le PS, les radicaux de gauche et les écologistes pro-gouvernement ayant récemment quitté Europe Ecologie-Les Verts.
Une primaire à laquelle François Hollande lui-même a donné son feu vert en coulisses. Le calendrier retenu par le Parti socialiste – et ce n'est évidemment pas un hasard – se combine d'ailleurs parfaitement avec le sien. Les candidatures seront ouvertes début décembre, soit au moment même où le chef de l'Etat a prévu d'annoncer son intention de briguer un éventuel second mandat. Une hypothèse sur laquelle il n'y a pour l'instant guère de doute. Mais qui doit-il se préparer à affronter le président sortant ?
Ceux qui sont déjà déclarés
Marie-Noëlle Lienemann, la précurseure. Elle est une figure de la gauche du PS. Idéologiquement proche de Jean-Luc Mélenchon, la sénatrice de Paris défend une ligne antilibérale, quitte à dénoncer les dérives de son propre parti. Anti-Hollandiste assumée, elle a écrit un livre intitulé Merci pour ce changement. Elle a aussi été la première à se lancer officiellement dans la course à la présidentielle, au point d'avoir déjà son site de campagne, quand d'autres font planer le suspense. Une avance qui lui est vitale tant elle pêche par manque de notoriété face aux anciens ministres que sont Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Elle paraît toutefois bien isolée au sein du PS, seule sénatrice parmi les candidats potentiels, quand les frondeurs se font plutôt entendre sur les bancs de l'Assemblée nationale.
Gérard Filoche, le Bernie Sanders français. Même problème de notoriété et de soutiens pour Gérard Filoche, membre du bureau national du PS. Qu'importe, "même une chèvre gagnerait contre Hollande", a-t-il ironisé dans un entretien au Point. Ancien inspecteur du travail, il mise sur son opposition à la loi El Khomri et à son programme de "défense des petits salaires et des petites retraites". Et ne lui parlez pas de son âge (70 ans) ou de sa faible notoriété : "Vous savez, personne ne croyait à Bernie Sanders aux Etats-Unis au début...", balaye-t-il, en évoquant le parcours du finaliste de la primaire démocrate aux Etats-Unis face à Hillary Clinton.
Celui qui se prépare activement
Arnaud Montebourg, le revenant. Soutenir François Hollande en 2012 a été "une erreur qui n'engage que moi", reconnaît Arnaud Montebourg. Remercié en 2014, l'ancien ministre de l'Economie entend incarner la ligne des déçus du Hollandisme. Il peut compter sur son bon score à la primaire de 2011 (17%), son réseau qu'il peut réactiver, sa popularité grandissante et ses soutiens au PS, notamment chez les frondeurs. Sa plateforme participative Projet France et son récent fan club "Les Jeunes avec Arnaud" sont décrits par Challenge comme "ses deux bras armés". Mais "manifestement, la primaire qui se profile à gauche ne l'enchante guère", observe Le Figaro. Citant un élu socialiste, le quotidien avance deux raisons à cela : "il a déserté le parti" et "il sait qu'il va voir se multiplier les candidatures au sein de l'aile de gauche du parti". A l'écart pendant 2 ans, il pèse moins au sein du Parti socialiste que des prétendants comme Benoît Hamon.
Ceux qui aimeraient bien
Emmanuel Macron, l'ambitieux. Rien ne dit encore que l'actuel ministre de l'Economie sera candidat à la primaire, mais il a bien des ambitions présidentielles. Pour 2017 ou pour plus tard. Il a d'ailleurs déjà lancé une machine électorale avec son mouvement En marche, à travers duquel il récolte des soutiens, des adhérents et lève des fonds. L'ancien banquier d'affaire entend s'appuyer sur une offre politique qu'il dit "progressiste", plutôt pro-entreprise et donc à droite du PS. Une ligne qui ne fait pas recette au sein du parti et de la gauche. La primaire est donc loin de faire ses affaires. Avec un profil assez similaire, Manuel Valls n'avait récolté que 5% des voix à la primaire de 2011. En plus, Emmnanuel Macron n'a pas sa carte au PS et il dispose donc de peu de soutiens au sein du parti. Peut-il, dans ces conditions, représenter la Belle Alliance populaire de Jean-Christophe Cambadélis ?
Benoît Hamon, l'indécis. Le député des Yvelines fait partie des plus critiques vis-à-vis de François Hollande et il était déjà l'un des plus ardents défenseurs d'une primaire à gauche. Celle annoncée par Jean-Christophe Cambadélis est pour lui "la preuve qu'il n'y a plus de candidat naturel" dans la majorité. L'ex-ministre de l'Education craint néanmoins qu'une multiplication des candidats à l'aile gauche du PS facilite la tâche à François Hollande. S'il estimait sa candidature "probable" en février, et si Le Figaro estime qu'il a bien plus de poids qu'un Arnaud Montebourg au sein du parti, il pourrait tout de même renoncer à se présenter pour laisser gagner le mieux placé.
Ceux qui sont partants (mais qui doivent demander l'autorisation)
François de Rugy, l'écolo. Le président du micro-parti Ecologistes ! aimerait bien "représenter les écologistes réformistes" lors de cette primaire et il ne s'en cache pas. Mais avant de pouvoir se lancer officiellement, il faut que l'Union des démocrates et des écologistes (UDE), dont son mouvement dépend, se réunisse et s'accorde sur la marche à suivre. Jean-Vincent Placé, le président de l'UDE, est aujourd'hui au gouvernement et appelle pour sa part à soutenir François Hollande. De quoi stopper François de Rugy ?
Annick Girardin ou Sylvia Pinel, les radicales. Le PRG était représenté à la primaire de 2011 par Jean-Michel Baylet. Pour celle de 2017, la présidente du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, ou la ministre de la Fonction publique Annick Girardin pourraient avoir envie de se lancer. Annick Girardin a déjà indiqué sa disponibilité et Sylvia Pinel assure au JDD qu'elle se sent tout "aussi légitime" pour y aller, ajoutant que "ce sera aux militants d'en décider".
Ceux dont le nom circule
Jean-Luc Bennahmias, le centriste. Cité dans le JDD, le président du Front démocrate, proche des écologistes, rappelle qu'il "peut aussi être candidat". Ancien patron des Verts, passé par le MoDem, il se décrit comme "socialo-écolo-libertaire" dans Libération. Au lancement – dans l'indifférence quasi-générale – de son parti, il précisait qu'il se situait sur "le segment centre gauche de soutien aux réformes gouvernementales". Jean-Luc Bennahmias n'a pas encore indiqué ce qu'il comptait opposer à François Hollande, mais son manque de notoriété et de poids politique limiteraient naturellement son ambition dans la primaire.
Pierre Larrouturou, l'anonyme. L'ancien conseiller régional d'Ile-de-France, qui a quitté le PS pour fonder son parti Nouvelle donne, déclare dans le JDD que "si la primaire est ouverte et démocratique, nous serons contents d'y participer". Situé à la gauche du PS, Nouvelle donne a clairement pris parti contre la politique du gouvernement en appelant à censurer le gouvernement de Manuel Valls après l'utilisation du 49.3 pour faire passer la loi Travail. Après des débuts modestes mais encourageants aux européennes de 2014 (3% des voix, quelques mois après sa création), le parti de Pierre Larrouturou est depuis retombé dans un relatif oubli.
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