Soutien d'Eric Woerth à Emmanuel Macron : "L'idéal des Républicains, celui qui le porte le mieux est le président Macron", affirme Christian Estrosi
"Nous estimons que ce sont ceux qui, aujourd'hui, tiennent les rênes des Républicains, qui trahissent l'histoire de notre mouvement", a réagi sur franceinfo le maire de Nice.
"Je dis aux électeurs qui sont attachés à l'idéal des Républicains, que cet idéal a été totalement dénaturé et que celui qui le porte le mieux est aujourd'hui le président Macron", a affirmé mercredi 9 février sur franceinfo Christian Estrosi, le maire de Nice, après la décision du député LR de l'Oise Éric Woerth de se "mettre en congé" des Républicains pour "être en cohérence avec sa décision de soutenir la candidature d'Emmanuel Macron".
"On ne quitte pas son parti historique sans que ce soit un déchirement", assure Christian Estrosi qui a lui aussi quitter les Républicains. Il partage "la même vision qu'Éric Woerth" qu'un second mandat d'Emmanuel Macron "serait une vraie seconde chance."
franceinfo : Comme lui, vous avez été dans le gouvernement pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. Que vous inspire le ralliement d'Eric Woerth à Emmanuel Macron ?
Christian Estrosi : Éric Woerth était aux Finances. J'étais à l'Industrie. Nous sommes tous les deux proches de Nicolas Sarkozy. C'est aujourd'hui un nouveau départ. J'imagine à quel point c'est d'ailleurs pour Eric un crève-cœur, comme ce fut le cas pour moi. On ne quitte pas son parti historique sans que ce soit un déchirement. Mais quitter une structure partisane, ce n'est pas quitter sa famille politique. C'est pour cela que je considère que ce départ est significatif. Les Républicains, la candidate, refusent de choisir clairement une ligne républicaine là où nous avons un président sortant qui a fait des réformes que nous aurions parfaitement pu faire nous-mêmes et qui étaient dans notre programme. Un président qui, sur la scène internationale, occupe aujourd'hui une place qui nous permet de voir la France de nouveau exister et être respectée. Un président qui a apporté certaines mesures que nous demandions, comme la réforme du Code du travail, la suppression du monopole de la SNCF, la réforme de l'assurance chômage tout en ayant à gérer des crises qui ne lui ont pas permis d'aller jusqu'au bout de toutes les réformes structurelles dont nous aurions eu besoin.
"Je partage la même vision qu'Éric Woerth selon laquelle, oui, ce serait une vraie seconde chance, avec un second mandat, d'avoir toute la liberté de faire ces réformes que Nicolas Sarkozy n'a pas pu faire parce qu'il n'a pas eu ce deuxième mandat."
Christian Estrosi, maire de Niceà franceinfo
Éric Woeth a jugé que la campagne de Valérie Pécresse était celle "d'une France nostalgique, recroquevillée sur elle-même". Est-ce que vous faites le même constat ?
Oui, et pourtant, ce n'est pas faute moi-même d'avoir beaucoup occupé dans ma vie publique – et de continuer à le faire en tant que maire avec la première police municipale de France – le terrain sécuritaire. Aujourd'hui, nous avons un bilan avec plus de policiers, un bilan avec une vision globale de la sécurité, des services de renseignement renforcée et une vision d'avenir équilibrée, raisonnable et ferme. Pour autant, l'avenir de la France doit reposer, dans ce débat présidentiel, d'abord sur la modernisation de notre économie. Le plan France 2030, que ce soit sur l'innovation, sur la production, sur notre souveraineté industrielle, sur tout ce qui peut générer des parts de croissance dont nous avons besoin pour notre cohésion sociale, sont des fondamentaux qui ne font pas partie du débat de la campagne présidentielle. Ce positionnement des Républicains, qui pourtant sont les héritiers de la grande histoire écrite par de Gaulle, Chirac, Pompidou, Giscard et dont nous avons été nous-mêmes des porteurs avec Éric Woerth, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, on ne peut plus se reconnaître. Et je dis aux électeurs qui, comme nous, sont attachés à l'idéal des Républicains, que cet idéal a été totalement dénaturé et qu'au fond, celui qui le porte le mieux est aujourd'hui le président Macron.
Est-ce qu'il faut s'attendre à d'autres ralliements ?
Le sud-est de la France était par excellence le lieu où nous étions le plus implantés. M'avoir découragé, cinquième ville de France, avoir découragé Hubert Falco et la grande métropole de Toulon, avoir découragé Renaud Muselier, qui a quitté les Républicains. Nous restons attachés à notre histoire, nous ne trahissons pas notre histoire. Nous estimons que ce sont ceux qui, aujourd'hui, tiennent les rênes des Républicains, qui trahissent l'histoire de notre mouvement.
"Un ou deux départs, on peut dire que c'est une anecdote. Cinq ou six, on doit se poser des questions. Plus d'une dizaine, je pense qu'il faudrait sérieusement se remettre en cause."
Christian Estrosi, maire de Niceà franceinfo
Et c'est vraiment parce que, malgré tout ce que nous avons tenté pour beaucoup d'entre nous, nous n'avons pas eu cette remise en cause que, quelque part, c'est avec le cœur serré que nous avons fait le choix du pragmatisme, le choix de la raison, le choix de l'intérêt général pour notre pays et pour son avenir économique, industriel et social.
Est-ce que c'est la fin de votre ancien parti, Les Républicains ?
Je ne leur souhaite pas. J'ai trop servi cette famille politique pour ne surtout pas souhaiter la disparition d'une famille à laquelle j'ai beaucoup donné, dans laquelle j'ai beaucoup cru, servi et espéré. Je souhaite simplement qu'un jour, la raison l'emporte et qu'il préfère s'inscrire dans une stratégie de coalition intelligente et d'accompagnement. Et qu'à un moment où la crise internationale, où les menaces sanitaires sont toujours là, nous sachions défendre l'intérêt public pour notre pays. Avoir un patriotisme industriel commun, être plus représentatif sur la scène internationale, plutôt que d'être pour ce qui est contre, et contre ce qui est pour, d'être dans la gesticulation et les slogans du matin au soir, qui ne ressemble en rien à la grande histoire à laquelle nous avons participé, Éric Woerth, Hubert Falco, Arnaud Robinet, Catherine Vautrin, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Jean Castex et tant d'autres. Parce qu'au fond, regardez ce que les Républicains ont refusé de faire, Emmanuel Macron, c'est bien chez nous qu'il est venu chercher les ressources qui auront été les plus utiles à la réussite de ce mandat.
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