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Suicide assisté, euthanasie, sédation profonde... Ce que proposent les candidats à l'élection présidentielle sur le thème de la fin de vie

Contrairement à d'autres sujets de société, la question de la fin de vie s'inscrit dans un clivage politique traditionnel. Les six candidats de gauche se prononcent pour une nouvelle loi instaurant le suicide assisté, tandis qu'à droite on réclame une meilleure application des textes existants.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les candidats de gauche plaident pour une nouvelle loi instaurant le suicide assisté. A droite, on réclame une meilleure application des textes existants sur la fin de vie. (JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Le sujet de la fin de vie touche tous les Français, de près ou de loin. Comme à chaque élection présidentielle, plusieurs candidats se prononcent en faveur d'une évolution du cadre législatif, avec la possibilité pour des personnes atteintes d'une maladie incurable de recourir à l'euthanasie (le corps médical prend la décision et pratique l'injection létale) ou au suicide assisté (le patient est associé au processus et il s'injecte lui-même le produit). Même s'ils ne sont pas tous explicites sur le dispositif, tous les candidats de gauche se prononcent pour une nouvelle loi allant dans ce sens.

A droite, les candidats ne plaident pas pour aller plus loin, mais réclament une meilleure application de la loi Claeys-Leonetti. Ce texte, voté en 2016, permet aux personnes de faire part de leurs directives anticipées et encadre l'usage de la sédation profonde et continue, jusqu'au décès, pour les malades en phase terminale. Franceinfo revient sur les positions des douze prétendants à l'Elysée.

A gauche, une unanimité en faveur du suicide assistée

Nathalie Arthaud se prononce en faveur d'une évolution de la législation. "Je pense qu'il faut aller plus loin que la loi Leonetti et autoriser le suicide assisté, l'euthanasie", confie à franceinfo la candidate Lutte ouvrière. Elle souhaite en revanche la mise en place "de garde-fous", car "il y a des comportements qui sont complètement déviants".

Anne Hidalgo est également favorable à la légalisation du suicide assistée. "Ce sera l'une des premières lois que je porterai, ça fait des années que je suis membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité", annonce à franceinfo la socialiste. Selon son programme (en PDF), la nouvelle loi reposerait "sur trois principes" : le respect de la volonté du patient grâce aux directives anticipées, l'accompagnement dans les derniers instants par l'accès aux soins palliatifs et le droit d'accéder à une aide active à mourir.

Jean-Luc Mélenchon propose également une évolution de la loi. "Naturellement, quand on crée le droit au suicide assisté, on n'oblige personne à se suicider, mais c'est une liberté fondamentale et j'estime qu'elle devrait même être inscrite dans la Constitution, explique à franceinfo le candidat de l'Union populaire. On doit respecter l'absolue possibilité pour chacun d'entre nous de maîtriser sa propre vie." Dans son programme, il évoque aussi l'accès garanti à des soins palliatifs.

Fabien Roussel rejoint les autres candidats de gauche. "Je souhaite que l'ensemble de la société puisse évoluer avec cette aspiration à pouvoir bénéficier, quand c'est incontournable, de ce que l'on appelle le suicide assisté, l'euthanasie", assure le candidat communiste à franceinfo, bien que son programme n'aborde pas la question. Il réclame aussi une meilleure application de la loi Claeys-Leonetti et "que l'on mette des moyens dans l'information et la prévention".

Philippe Poutou souhaite également une évolution. "Nous sommes prêts à légaliser l'euthanasie durant notre quinquennat parce que, pour nous, c'est une question de respect de la vie humaine", explique le candidat du Nouveau parti anticapitaliste. Il faut absolument créer les moyens de faire en sorte que les gens puissent partir comme ils le souhaitent."

Yannick Jadot se prononce également pour la légalisation de l'euthanasie. "Je veux que chacune, chacun, puisse avoir accès à une fin de vie digne, plaide le candidat écologiste. Je changerai la loi pour légaliser l'euthanasie et rendre le droit à mourir dans la dignité, un droit généralisé. Il faut que ce dernier instant de vie soit un instant choisi parce qu'il est l'un des plus importants." Il propose aussi dans son programme de créer des maisons de soins palliatifs, de doubler le nombre d'équipes mobiles de soins palliatifs et de doubler les lits spécialisés dans ce type de services. 

A droite, les candidats refusent l'euthanasie

Eric Zemmour évoque "une question délicate", mais ne souhaite pas l'instauration du suicide assisté. "Je pense que nous devons éviter l'euthanasie qui peut permettre tous les débordements, tous les abus", se justifie le candidat du mouvement Reconquête !. "En revanche, nous devons aussi faire très attention à ce qu'il n'y ait pas d'acharnement thérapeutique. Nous sommes entre les deux", précise-t-il.

Valérie Pécresse ne se prononce pas en faveur d'une évolution de la législation, mais demande la pleine application de la loi Claeys-Leonetti. "Aujourd'hui, il y a une inégalité totale vis-à-vis de la fin de vie entre les Français" en fonction de l'accès aux soins palliatifs sur leur territoire, estime la candidate LR. "Vous avez une loi qui permet ce qu'on appelle la 'sédation terminale', c'est la possibilité pour les Français de partir sans souffrir à la fin de leur vie et de pouvoir avoir cette sédation terminale à l'hôpital, mais aussi chez eux." 

Marine Le Pen n'est "pas prête à légaliser l'euthanasie". La candidate RN réclame en revanche "un grand plan pour développer les soins palliatifs". "On a beaucoup de retard dans ce domaine, tranche-t-elle. Il faut vraiment qu'on fasse un bond qualitatif dans le domaine des soins palliatifs, dans le domaine de la lutte contre la douleur et notamment en fin de vie. Il y a encore un tiers des départements où il n'y a pas de structures de soins palliatifs."

Nicolas Dupont-Aignan réclame également une bonne application de la loi Leonetti, "c'est-à-dire faire en sorte que la sédation profonde, organisée en collaboration avec les familles et les médecins, puisse être proposée dans un cadre légal sûr". Pour le candidat de Debout la France, "si déjà on faisait ça, on permettrait beaucoup de fins de vie beaucoup plus douces, honorables, dignes".

Ceux qui s'en remettent à un débat public

Emmanuel Macron souhaite poser la question "d'une fin de vie plus humaine" dans le cadre d'"une Convention citoyenne". Selon son programme, la réflexion "associera citoyens, spécialistes de l'éthique, professionnels". Sur la base des conclusions de cette convention, le président sortant souhaite ensuite soumettre "à la représentation nationale ou au peuple, le choix d'aller au bout du chemin qui sera préconisé", selon ses déclarations effectuées lors de la présentation de son projet présidentiel.

Jean Lassalle réclame "un grand débat autour de cette question", qui sera "certainement d'ailleurs ponctué par un référendum". "A titre personnel, je considère qu'il est inutile de faire souffrir au-delà celui qui ne peut plus", explique-t-il à franceinfo. 

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