: Vidéo Les mots de la campagne présidentielle 2022 : dette publique
Pour mieux comprendre cette thématique récurrente, franceinfo a interrogé François Ecalle, ancien rapporteur général de la Cour des comptes et président de l'association Fipeco.
"Pensez-vous que c'est en taxant les plus riches qu'on va résoudre le problème de la dette en France ?" C'est la question lancée par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur franceinfo, le 23 septembre. Afin de mieux comprendre ce qu'est la dette publique française et pour saisir les raisons des incessants débats dont elle fait l'objet lors de chaque campagne présidentielle, franceinfo a interrogé François Ecalle, ancien rapporteur général de la Cour des comptes et président de l'association Fipeco, dont l'objectif est de fournir des informations et des analyses sur les finances publiques et l'économie.
"L'Etat, la Sécurité sociale ou les collectivités locales ont des déficits, c'est-à-dire des recettes inférieures à leurs dépenses, donc ils sont obligés d'emprunter sur les marchés, explique-t-il. La dette, c'est l'accumulation de tous ces emprunts."
La dette de la France représente 115% de son PIB
A la fin de 2020, la dette publique de la France s'élevait à 2 650 milliards d'euros, soit 115% du produit intérieur brut (PIB) français. Il est "normal" que la dette d'un pays augmente à l'occasion de crises, comme après celle de 2008, ou en 2020 avec la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Mais la dette française a également tendance à augmenter en dehors des périodes de crise, relève François Ecalle.
L'augmentation continuelle de la dette publique française est problématique car, selon les économistes, l'Etat doit être en capacité de la contenir. S'il se montre incapable de la contrôler, il est possible que les acteurs qui lui prêtent habituellement de l'argent durcissent le ton.
"S'ils commencent à se méfier, à avoir peur, dans un premier temps, ils vont faire comme un banquier auprès de ses clients, ils vont demander des taux d'intérêt plus élevés. Et puis, si, même avec des taux d'intérêt plus élevés, ils considèrent qu'il y a vraiment trop de risques, un jour, ils peuvent décider de ne plus vous prêter d'argent, expose François Ecalle. A ce moment-là, comme vous avez des dépenses supérieures à vos recettes, il n'y a plus que deux solutions : soit vous augmentez massivement les impôts, soit vous réduisez massivement les dépenses."
Des choix politiques pour la contenir
Pour l'instant, le problème du remboursement ne se pose pas. "La France rembourse toujours ses dettes. Elle a toujours remboursé et elle continuera à les rembourser", selon François Ecalle. "Mais comment fait-elle pour rembourser puisque chaque année, elle est en déficit ? Elle réemprunte le même montant finalement. Elle réemprunte même davantage puisqu'il faut qu'elle couvre son déficit", ajoute-t-il.
"Le problème n'est pas de savoir si on va rembourser ou non, c'est de savoir si on va pouvoir continuer à réemprunter."
François Ecalle, président de Fipecoà franceinfo
Pour pouvoir se voir accorder de nouveaux prêts, la France doit donc rassurer les acteurs auxquels elle emprunte de l'argent, en montrant notamment qu'elle tente de réduire son déficit. Pour cela, certains préfèrent augmenter les impôts, de préférence sur les riches ou sur les grandes entreprises, alors que d'autres plaident pour une baisse des impôts, qu'ils jugent déjà trop élevés, et une réduction de certaines dépenses publiques, résume François Ecalle. Et de conclure : "Ça, ce sont des choix politiques, d'où les débats aujourd'hui entre les différents camps."
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