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Régionales : les trois raisons de la candidature de Jean-Yves Le Drian en Bretagne

Le ministre de la Défense a choisi de se lancer dans la campagne des élections régionales comme tête de liste en région Bretagne. En cas de victoire, il pourrait devoir quitter le gouvernement.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le ministre de la Défense, le 14 octobre 2015, au palais de l'Elysée, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le suspense aura duré plus longtemps que prévu. Après des semaines de réflexion, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a choisi de se lancer dans la campagne des élections régionales comme tête de liste en région Bretagne. Son entourage l'a confirmé à l'AFP, mercredi 14 octobre, alors que l'intéressé doit officiellement annoncer sa décision vendredi, lors d'une session du conseil régional de Bretagne. Francetv info liste les trois raisons qui ont poussé ce poids lourd du gouvernement à replonger dans l'arène politique, au risque de devoir abandonner ses responsabilités ministérielles.

Les socialistes bretons le réclamaient à cor et à cri

La région a beau être solidement ancrée à gauche, la victoire n'est pas acquise d'avance lors du scrutin des 6 et 13 décembre. Alors, pour optimiser leur chance de conserver la région, les socialistes locaux ont multiplié les appels du pied à celui qui apparaît comme la véritable figure tutélaire du parti en Bretagne.

"Nous sommes dans l’attente. Même si ce n’est pas le messie, la seule option est celle de Jean-Yves Le Drian pour mener la liste", confiait début octobre aux Echos le directeur de campagne des socialistes et des radicaux en Bretagne, Loïg Chesnais-Girard. Il suffit de jeter un œil à sa carrière politique pour comprendre la raison de cette attente : maire de Lorient pendant dix-sept ans (de 1981 à 1988), député du Morbihan durant vingt-quatre années, président du conseil régional pendant huit ans...

"Il y a une telle demande que je ne vois pas comment Jean-Yves peut ne pas y aller, commentait sa collègue bretonne du gouvernement, Marylise Lebranchu, le 6 octobre sur Public Sénat. Quitte à réfléchir à comment on gère la situation" quant à un maintien ou non au gouvernement.

Passionné par sa région, il pense à l'après-2017

En se replongeant dans une bataille électorale dans sa région, Jean-Yves Le Drian ménage l'avenir. Et anticipe une éventuelle défaite de la gauche à la présidentielle de 2017, qui le laisserait sans mandat (il ne siège plus à l'Assemblée depuis 2007). Or, le ministre de la Défense est passionné par sa région natale. En novembre 2013, Jean-Yves Le Drian confiait au Nouvel Observateur "faire son service" au ministère de la Défense. "Un service de trois ans, 2012-2015", précisait-il, avant d'évoquer son avenir, en Bretagne évidemment : "J'aurai alors 68 ans, dit-il, retour à la maison. Retour parmi les siens."

Pendant son séjour à l'hôtel de Brienne, Jean-Yves Le Drian, malgré l'engagement de la France sur de nombreux fronts, n'a jamais cessé de s'intéresser à la question bretonne. Présent durant toutes les réunions de crise lors de la révolte des Bonnets rouges, Jean-Yves Le Drian peut se targuer d'avoir convaincu François Hollande de ne pas avoir modifié les frontières de la Bretagne lors de la réforme territoriale. Intacte, la région reste ainsi taillée sur mesure pour lui. Il espère peut-être que les Bretons sauront le remercier dans les urnes.

Hollande lui a donné le feu vert

Si l'on ne connaît pas encore toutes les conséquences de la décision de Jean-Yves Le Drian, une chose est néanmoins certaine : elle a été prise avec l'aval de François Hollande, et en concertation avec lui. Sa proximité de longue date avec le chef de l'Etat, et les longues semaines d'hésitation du ministre prouvent que le choix a été longuement réfléchi et discuté.

Le dilemme a été cornélien pour Jean-Yves Le Drian, mais il l'a également été pour le président de la République. François Hollande a besoin de son ministre le plus populaire (55% d'opinions favorables, selon le dernier baromètre OpinionWay). Mais est-il plus utile au gouvernement, pour contrebalancer l'impopularité de l'exécutif et poursuivre son sans-faute à la Défense ? Ou bien a-t-on davantage besoin de lui en campagne en Bretagne, pour sauver des élections régionales qui s'annoncent difficiles pour la gauche ?

Pour le moment, François Hollande l'a autorisé à mener de front sa campagne régionale et son poste de ministre. Reste à savoir ce qu'il adviendra en cas de victoire en décembre. Les règles édictées par François Hollande en début de mandat sont claires : on ne peut être à la fois ministre et président de conseil régional. Jean-Yves Le Drian pourrait alors décider d'attendre 2017 pour prendre la présidence de la Bretagne.

S'il décidait d'occuper le poste immédiatement après les élections régionales, il devrait en toute logique démissionner du gouvernement. Son entourage estime toutefois que cette question n'est pas tranchée. "L'hypothèse de son départ est tout à fait réaliste, mais aussi celle de son maintien", confie une source proche du ministre à l'AFP. "Qui peut dire l'état d'esprit du président de la République et du Premier ministre le 14 décembre au matin ? Qui peut dire exactement quel sera l'état du monde, le contexte géopolitique ? Tous ces éléments vont devoir être pris en compte." François Hollande a-t-il laissé une porte entrouverte pour faciliter le choix de son ministre ? Réponse dans deux mois.

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