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Réunions non-mixtes : Audrey Pulvar estime que les personnes blanches peuvent y assister mais doivent "se taire"

L'opinion de la candidate socialiste à la présidence de la région Ile-de-France lui a valu une vague de condamnations à droite et à l'extrême droite et le soutien d'une partie de la gauche.

Article rédigé par franceinfo
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L'adjointe à la mairie de Paris, Audrey Pulvar, le 25 août 2020 dans la capitale. (DANIEL PIER / NURPHOTO / AFP)

Une position qui divise. La candidate des socialistes et des radicaux à la présidence de région Ile-de-France, Audrey Pulvar, s'est attirée les foudres de la droite et de l'extrême droite pour avoir déclaré, lors d'une interview diffusée sur BFMTV samedi 27 mars, que les réunions "non-mixtes" entre personnes touchées par le racisme ne la "choquait pas profondément", et qu'il devait être possible de demander aux personnes blanches qui souhaitaient y assister "de se taire.

La présidente de l'Unef, Mélanie Luce avait évoqué la semaine dernière l'organisation de réunions "non-mixtes" au sein du syndicat étudiant pour "permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu'elles subissent", provoquant une vive polémique. "Que des personnes discriminées pour les mêmes raisons et de la même façon sentent la nécessité de se réunir entre elles pour en discuter, ça ne me choque pas profondément", a estimé la candidate de gauche, interrogée à ce sujet.

"S'il se trouve que vient à cet atelier [à destination des personnes noires et métisse] une femme blanche, un homme blanc, il n'est pas question de la ou le jeter. En revanche, on peut lui demander de se taire, d'être spectateur ou spectatrice silencieux."

Audrey Pulvar, candidate PS aux régionales en Ile-de-France

sur BFMTV

Vives réactions

Son commentaire a suscité l'ire de certains élus, notamment à droite et à l'extrême droite. "Dans ma région, aucun habitant ne doit être discriminé pour la couleur de sa peau. Il n'y a pas de racisme 'acceptable'", a réagi sur Twitter l'actuelle présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.

"Cette forme d’essentialisme est à la base de la construction de la pensée raciste. Notre République, plus que jamais, est une et indivisible", a commenté la tête de liste LREM, Laurent Saint-Martin. Audrey Pulvar "doit s'excuser auprès de la République", a également estimé le vice-président de la région, Geoffroy Didier, toujours sur le réseau social. 

"Le parquet doit engager des poursuites pour provocation à la discrimination raciale contre Madame Pulvar", a aussi demandé Marine Le Pen. "C'est cette gauche qui patauge dans l'islamo-gauchisme et la haine des Blancs qui aspire à présider la première région de France ?" interroge Jordan Bardella, vice-président du parti d'extrême droite.

Soutien à gauche  

Le patron des députés LREM, Christophe Castaner, s'est voulu plus nuancé : tout en reconnaissant des propos "a minima maladroits", ce macroniste historique et ancien PS a refusé de "contribuer à la chasse contre elle" et a rappelé que "ce type de réunions sont parfois nécessaires pour libérer une parole pour un groupe qui se sent victime""On le pratique très couramment sur les violences faites aux femmes, par exemple, et c'est nécessaire. L'essentiel c'est d'accompagner les victimes", a-t-il ajouté sur BFMTV. 

La candidate socialiste a également reçu le soutien de plusieurs personnalités de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon. "Audrey Pulvar n'est pas raciste ! Elle a juste compris ce qu'est un groupe de parole", a-t-il estimé sur Twitter. "Au nom de la République, certains font passer les militant.es anti-racismes pour des racistes et les luttes d’émancipation pour du replis identitaire. Cette grande confusion qui confond universalisme et uniformité pourrit le débat démocratique", a écrit le député européen Vert David Cormand. 

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