Hollande n'est pas venu en Algérie "faire repentance"
Le président français a parlé partenariat stratégique, affaire des moines de Tibéhirine ou encore essais nucléaires au premier jour de sa visite dans le pays.
"Ce voyage était nécessaire, il vient comme un aboutissement mais aussi comme le temps d'un nouvel âge que je veux engager entre la France et l'Algérie". C'est ce qu'a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse à Alger, mercredi 19 décembre, au premier jour de sa visite en Algérie.
Ce déplacement "était attendu parce que c'est le premier que je fais comme président de la République, parce que c'est le premier dans cette région, parce que c'est un voyage qui vient en 2012, à un moment forcément symbolique, 50 ans après l'indépendance de l'Algérie", a souligné le président français. Qui a tenu à préciser qu'il n'était pas venu "faire repentance ou excuses". "Je viens dire ce qu'est la vérité, ce qu'est l'Histoire." Francetv info revient sur les principales annonces du chef de l'Etat français au premier jour de sa visite.
Sur un "partenariat stratégique"
François Hollande a plaidé pour un "partenariat stratégique d'égal à égal" entre Paris et Alger et annoncé la signature d'une "déclaration d'amitié et de coopération". "Ce document sera suivi par un document cadre du partenariat, qui est un programme de travail sur cinq ans dans les domaines économique, financier, culturel, agricole et même de défense."
Il a également "invité le président Bouteflika à venir en France pour une visite d'Etat au moment où il lui paraîtra possible de le faire".
Sur l'affaire des moines de Tibéhirine
François Hollande a affirmé avoir évoqué avec son homologue algérien l'enquête sur l'assassinat en 1996 des sept moines de Tibéhirine, mais il a donné peu de détails sur le sujet.
"Le président Bouteflika (…) m'a dit qu'il avait donné toutes instructions, autant qu'il est possible, à la justice, pour aller jusqu'au bout de l'enquête", a-t-il dit. Interrogé concrètement sur la demande du juge d'instruction français Marc Trévidic, en charge de l'affaire, de se rendre en Algérie pour y superviser une autopsie des têtes des sept moines, il a répondu qu'"il y a une enquête" et que "c'est à la justice algérienne, avec la justice française, de faire toute la lumière sur ce qui s'est produit".
L'avocat des parties civiles, Patrick Baudouin, avait demandé à François Hollande d'intervenir auprès des autorités algériennes car, selon lui, l'instruction "reste aujourd'hui suspendue à [leur] coopération". Le magistrat en charge de l'enquête a délivré une commission rogatoire internationale à destination de l'Algérie le 16 décembre 2011, restée sans réponse selon l'avocat.
Sur le Mali
François Hollande a annoncé que la France et l'Algérie étaient "en convergence" sur le Mali et sur les solutions pour que le pays puisse "recouvrer son intégrité territoriale". "[Abdelaziz Bouteflika] et moi, nous pensons qu'il convient de faire du dialogue politique", a-t-il affirmé, mais "uniquement avec les mouvements ou les forces qui se séparent du terrorisme, voire luttent directement contre le terrorisme".
"La France est partie prenante de l'initiative qui va conduire le Conseil de sécurité à prendre une résolution qui ouvrira la possibilité aux Africains d'intervenir aux côtés des Maliens pour les aider à retrouver la stabilité et l'unité", a rappelé François Hollande. Mais, a-t-il souligné, "ce sont les Africains qui sont les seuls à pouvoir décider et à mettre en œuvre [une telle intervention], même si la France aura à donner son appui logistique et de formation".
Sur les victimes des essais nucléaires
La loi d'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, conduits notamment dans le Sahara, doit être appliquée "pleinement", a déclaré le chef de l'Etat. "Je veux que cette loi soit pleinement appliquée, elle ne l'a certainement pas été avec la détermination nécessaire."
La loi du 5 janvier 2010 établit les règles d'indemnisation des victimes des 210 essais nucléaires français conduits de 1960 à 1996 dans le Sahara algérien et en Polynésie française, auxquels ont participé quelque 150 000 civils et militaires. "S'il apparaît qu'il y a des conditions qui ne permettent pas à des victimes de faire valoir leur droit, nous regarderons comment faire", a précisé François Hollande.
Egalement interrogé sur les opérations de décontamination des sites algériens, le président français a déclaré que "sur ce point-là, les démarches sont engagées". "Elles se poursuivent et nous ferons là aussi la transparence."
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