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En images Dix couvertures qui ont marqué l'histoire du magazine "Têtu"

Le titre, qui connaît d'importantes difficultés financières, risque d'être placé en liquidation judiciaire jeudi. Retour en dix unes sur vingt ans d'existence du seul magazine gay français.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Quelques couvertures du magazine gay "Têtu", dont la liquidation judiciaire pourrait être prononcée jeudi 23 juillet 2015. (TÊTU)

Têtu va-t-il devoir se taire ? Le seul magazine gay français, qui fait face à d’importantes difficultés financières, risque d'être placé en liquidation judiciaire jeudi 23 juillet par le tribunal de commerce. Si tel est le cas, "ce sera la fin de votre magazine", préviennent les salariés sur le site internet du titre.

Têtu a été financé pendant dix-huit ans par son propriétaire et mécène, Pierre Bergé. Celui-ci a régulièrement épongé des pertes de plusieurs dizaines de millions d'euros, avant de revendre le magazine en 2013 pour un euro symbolique à Jean-Jacques Augier, proche de François Hollande. Le titre a encore perdu deux millions d'euros en 2013 et 1,1 million en 2014, pour un chiffre d'affaires de 2,8 millions. Pour 2015, la perte est d'environ 500 000 euros.

Cette crise survient donc à un moment où la situation de Têtu, toujours délicate, s'améliore. "Aucun repreneur ne s'est manifesté jusqu'à maintenant, c'est assez surprenant", a déploré mercredi sur France Inter le rédacteur en chef adjoint du magazine, Sylvain Zimmermann. Et d'insister sur le fait que Têtu a "marqué la vie de plein d'homos, à qui il a souvent permis de faire leur coming-out. C'est un magazine d'utilité publique." Alors que son avenir est menacé, francetv info revient sur dix couvertures marquantes de Têtu.

"Sortez !", le premier numéro

Le premier numéro du magazine "Têtu", sorti en kiosques à l'été 1995. (TÊTU)
 

La couverture du premier numéro de Têtu, qui paraît à l'occasion de ce qui s'appelle encore la "Gay Pride", fin juin 1995, résonne comme un manifeste. Le magazine invite ses lecteurs à "sortir du placard".

Valérie Lemercier dans un corps d'homme

La couverture du 34e numéro de "Têtu", sorti en mai 1999, présente la comédienne Valérie Lemercier dans un corps d'homme. (TÊTU)
 

Au cours de ses vingt ans d'histoire, Têtu a réussi à faire parler de lui grâce à des unes mettant en scène des personnalités du monde du spectacle ou du sport. Dans ce numéro de mai 1999, c'est une Valérie Lemercier installée dans un corps d'homme qui accorde une "interview transgenre" au magazine.

Après le Pacs : "Enfin !"

 

La une du 39e numéro de "Têtu", daté de novembre 1999, après l'adoption au parlement du Pacte civil de solidarité. (TÊTU)

Les couvertures du magazine permettent également de retracer les avancées des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). Au lendemain de l'adoption du Pacs, Têtu change exceptionnellement son slogan : le "magazine des gays et des lesbiennes" devient le temps d'un numéro "le magazine des pacsés et des pacsettes".

 "Spécial hétéros" pour le 50e numéro

Le numéro "spécial hétéros" de Têtu, paru en novembre 2000. (TÊTU)

Souvent capable de manier l'ironie, le magazine sort en kiosques une édition "spécial hétéros", à l'occasion de la parution de son 50e numéro, en novembre 2000.

Chirac et Jospin en interview avant la présidentielle de 2002

Le numéro d'avril 2002, dans lequel Jacques Chirac et Lionel Jospin s'expriment. (TÊTU)
 

A la veille du premier tour de la présidentielle de 2002, Têtu crée l'événement en interviewant le Premier ministre et le président de la République, tous deux favoris des sondages. L’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens déplorera "l'extrême similitude des propos" des deux candidats, qui refusent d'entendre parler d'adoption pour les couples de même sexe.

L'arrivée de "Têtue" en 2004

Pour son numéro de mai 2004, Têtu introduit la rubrique "Têtue", dédiée aux lesbiennes. (TÊTU)
 

Au printemps 2004, le magazine tente de féminiser son lectorat en lançant une rubrique destinée aux lesbiennes, baptisée "Têtue". Celle-ci vivra jusqu'en 2009, avant de s'installer uniquement sur le site du titre.

En 2008, une des rares interviews de Mylène Farmer

Mylène Farmer, habituellement très discrète avec les médias, accorde une interview à "Têtu" en septembre 2008. (TÊTU)
 

C'est peut-être un détail pour vous, mais, pour elle, cela veut dire beaucoup : Mylène Farmer, dont les apparitions médiatiques sont plus que rares, accorde une interview à Têtu à l'automne 2008. La chanteuse de Sans contrefaçon, véritable icône gay, s'engage également dans les colonnes du magazine en faveur du mariage pour tous en janvier 2013.

Olivier Giroud, premier footballeur à poser en une de "Têtu"

 

Olivier Giroud, premier footballeur à faire la une du magazine gay, pour le numéro de juin 2012. (TÊTU)

Autre événement : en juin 2012, Olivier Giroud, meilleur buteur de Ligue 1 tout juste sacré champion de France avec Montpellier, s'affiche en une de Têtu. Une première pour un footballeur. Il y déclare ne faire "aucune différence entre un homo et un hétéro" et avoir accepté de prendre la pose, car, pour lui, Têtu est "un magazine comme les autres".

Après le mariage pour tous, l'homoparentalité en couverture

Au lendemain de l'adoption du projet de loi ouvrant le mariage aux couples homos, "Têtu" met à sa une un père gay. (TÊTU)
 

Pour célébrer l'adoption du projet de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels, Têtu remplace en juin 2013 son habituel cover boy bodybuildé par Rémy, choisi pour incarner le sujet de l'homoparentalité. "Si la loi Taubira pose les jalons d'une reconnaissance aux homosexuels du droit d'avoir des enfants, le chemin reste long avant que la paternité gay ne soit définitivement entrée dans les mœurs", écrit alors le magazine.

 Dernier numéro à l'été 2015 ?

Le chanteur Mika s'affiche en une du dernier numéro de Têtu, daté de juillet-août 2015. (TÊTU)

Pour ce qui pourrait être le dernier numéro du magazine, Têtu accompagne son logo d'un mot-dièse #SaveMyTêtu, choisi pour attirer l'attention des lecteurs sur la situation financière du magazine. Les salariés y publient un manifeste dans lequel ils se déclarent "convaincus de l'importance [de Têtu] dans la société française, pour porter une information différente, respectueuse des personnes LGBT, et soucieuse du vivre-ensemble". Et croisent les doigts pour que l'aventure continue.

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