Enième incendie dans la maison écolo
Coprésident de la campagne d'Eva Joly, Noël Mamère s'interroge sur la pertinence du maintien de la candidature de l'eurodéputée à la présidentielle. L'intéressée affirme que "Mamère ne représente que lui-même".
Vieille figure de l'écologie politique, Gaby Cohn-Bendit, "frère de" et militant historique pour l'éducation alternative, s'est un jour désolé de constater que "les Verts sont capables du meilleur comme du pire, mais que c'est dans le pire qu'ils sont les meilleurs." A mesure que l'élection présidentielle approche, la formule se vérifie chaque fois un peu plus. Dernier esclandre en date, les déclarations de Noël Mamère sur l'intérêt de maintenir ou non la candidature de celle dont il co-préside pourtant la campagne, Eva Joly.
"Quel est vraiment l'intérêt que nous avons à être présents à l'élection présidentielle si, d'une part, nous restons encalminés dans ces sondages qui ne sont pas bons, et si en restant dans la compétition, nous contribuerions à affaiblir le candidat du PS ?", s'est-il interrogé mardi 13 mars sur la radio Vivre FM (écouter le son). Des doutes qui ont suffi à rallumer l'incendie dans la maison écolo, et à relancer un vieux débat, lancé par Daniel Cohn-Bendit en août.
Eva Joly, elle, balaye ces nouveaux doutes au sommet de la maison écolo. Cette question de maintenir ou non sa candidature, "elle ne s'est jamais posée et elle ne se pose pas, sauf dans la tête de Noël Mamère", assure-t-elle sur France Info. "Noël Mamère ne représente que lui-même, peste-t-elle. L'écologie n'est pas soluble dans le programme socialiste, et j'irai jusqu'au bout : il y aura un bulletin de vote Eva Joly le 22 avril."
Il n'empêche, la longue liste de couacs qui ont émaillé la campagne écologiste depuis la primaire de juillet s'allonge un peu plus. Des doutes de Cohn-Bendit en août à ceux de Mamère en mars, des atermoiements autour de l'accord électoral entre le PS et EELV à la démission de son porte-parole Yannick Jadot, de l'idée de supprimer le défilé du 14-Juillet à celle d'instaurer un jour férié pour les juifs et les musulmans...
"Début janvier, on aurait pu proposer à Cécile Duflot d'être la candidate..."
Une fois de plus, la majorité des dirigeants écolos tente tant bien que mal de resserrer les rangs. "J'ai partagé ces interrogations en début d'année 2012 et je pense qu'à ce moment-là, on aurait pu changer de candidature, proposer par exemple à Cécile Duflot d'être la candidate... Aujourd'hui, je pense qu'il est trop tard", estime l'eurodéputé Yves Cochet. "Eva Joly veut continuer. Elle continue. Elle continue la campagne et on en finit avec cette discussion", balaye également Daniel Cohn-Bendit.
Dans un communiqué co-signé par les quatre porte-paroles d'Eva Joly, Dominique Voynet juge que "quelques jours après la triste commémoration du drame de Fukushima, une candidature écologiste à l'élection présidentielle est plus que jamais nécessaire". Dominique Voynet qui, il y a moins de quinze jours, prévenait néanmoins que "si Eva Joly ne fait pas un bon score, l'écologie disparaîtra totalement des débats au second tour"...
Quant à Mamère ? "Il avait dit à Hulot de se lancer pour, après, soutenir Joly. Tu sens que t'es soutenu avec des gens comme ça !", ironise un cadre EELV. "Heureusement que les écologistes ne se sont pas interrogés sur leur soutien à Mamère, après sa déclaration 'irrévocable' de 2001", grince aussi Sergio Coronado, proche conseiller d'Eva Joly, rappelant cet épisode de la présidentielle 2002 où le député avait juré qu'il ne serait pas candidat, avant de finalement remplacer Alain Lipietz. Ambiance...
"Duflot est trop préoccupée par son avenir personnel"
Et Cécile Duflot, dans tout ça ? La numéro un du parti a publié un tweet, mardi, pour réagir aux rumeurs d'un retrait d'Eva Joly de la course à l'Elysée, dénonçant "des débilitudes manipulatoires inventées".
Joint par FTVi, un membre de l'équipe de campagne de la candidate, ancien soutien de Hulot au moment de la primaire écolo, regrette que "la patronne se contente de faire le minimum, trop préoccupée par son avenir personnel, entre son entrée au gouvernement et ses ambitions parisiennes pour les législatives et les municipales". "On laisse Eva se débrouiller tout seule, et subitement, on sort du bois quand quelqu'un émet des doutes et des critiques, enfonce-t-il. C'est trop facile, c'est trop lâche."
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