Euro 2024 : 58 ans de disette pour l'Angleterre, toujours incapable de remporter un trophée

Les Anglais, qui n'ont plus remporté de titre depuis la Coupe du monde 1966, ont échoué pour la deuxième fois consécutive en finale d'un Euro, cette fois contre l'Espagne (1-2), dimanche.
Article rédigé par Hortense Leblanc - envoyée spéciale à Berlin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Harry Kane passe devant le trophée de l'Euro, qu'il ne soulèvera pas après la défaite anglaise, le 14 juillet 2024. (CHRISTIAN CHARISIUS / AFP)

Comme d'habitude, leurs supporters n'ont eu de cesse de chanter que le football rentrait à la maison ("Football's coming home"), mais comme à chaque fois, le sort en a décidé autrement. Après la défaite à domicile en finale contre l'Italie en 2021, les Anglais ont une nouvelle fois trébuché sur la dernière marche, dimanche 14 juillet. La disette dure depuis cinquante-huit ans et un sacre lors de la Coupe du monde 1966.

Tout a pourtant été fait pour que la fête soit belle. Oasis, Robbie Williams, les Beatles… Des classiques de la musique anglaise diffusés avant le match dans les enceintes du stade olympique de Berlin, pour un résultat finalement classique des Three Lions. "L'Angleterre a inventé le football, l'a codifié, est devenue championne du monde en 1966, mais a ensuite oublié de manière humiliante comment jouer au plus grand jeu de tous. L'Angleterre a détourné son attention d'un ballon qu'elle pensait avec arrogance posséder, permettant ainsi à d'autres nations de s'en emparer", écrivait en 2016 le journaliste Henry Winter, dans son livre Cinquante ans de souffrance, histoire du football anglais et pourquoi nous continuons à y croire.

Cela fait donc cinquante-huit ans sans le moindre titre, et "ça fait vraiment mal", regrette Mike, supporter anglais croisé dans les coursives de l'Olympiastadion après la finale. "Le fait que ça arrive deux fois de suite à l'Euro, c'est vraiment dur. Cette année, on y croyait vraiment parce qu'on avait réussi à renverser des situations compliquées durant le tournoi, mais encore une fois, ça ne tourne pas à notre avantage", se résigne-t-il.

Les joueurs ont visionné les images de 1966

La tête de Marc Guéhi, repoussée miraculeusement sur sa ligne par Dani Olmo à la 90e minute, hantera probablement autant les esprits des fans anglais que les tirs au but manqués de Marcus Rashford, Jadon Sancho et Bukayo Saka en 2021. Gareth Southgate, le sélectionneur anglais, avait pourtant assuré la veille que cette défaite difficile à domicile – comme celle de 1996 en demi-finale de l'Euro, à laquelle il avait pris part en tant que joueur – lui avait permis de tirer des enseignements et d'avoir une nouvelle mentalité à l'approche des moments décisifs. "Si nous n'avons pas peur de perdre, cela nous donne plus de chances de gagner", assurait-il. Peut-être, donc, que ses joueurs n'ont pas eu assez peur de perdre dimanche soir.

Le sélectionneur avait pourtant tout tenté pour faire infuser au sein de son groupe l'envie de gagner. Avant de décoller pour l'Allemagne, il avait diffusé à ses joueurs des images de la Coupe du monde 1966, remportée par l'Angleterre. "Quand vous avez un rêve, vous devez avoir une image claire de ce que vous voulez voir à la fin. Je pense que cela allume un petit feu pour certaines personnes", expliquait-il samedi.  

Des images claires d'un sacre des Three Lions, peu de supporters peuvent se targuer de s'en souvenir. "On parle d'un temps où tout le monde n'avait pas de téléviseur, où on se réunissait chez quelqu'un qui en avait un pour regarder la finale, où les images étaient en noir et blanc. Quand j'en parle à mes petits-enfants, ils ne comprennent pas. Bobby Charlton, Bobby Moore, c'est trop loin, ça ne représente rien pour eux", regrette Paul, supporter âgé de 63 ans, qui attendait "désespérément" de pouvoir partager une victoire de la sélection nationale pour la première fois avec ses descendants.

Trois fois dans le dernier carré depuis 2018

Les Anglais n'en sont pourtant pas passés loin depuis l'arrivée de Gareth Southgate sur leur banc, en 2016. Ils ont atteint les demi-finales de la Coupe du monde en Russie et la finale des deux derniers Euros. "Nous avons essayé de changer l'état d'esprit, d'être plus honnête avec nous-mêmes sur le niveau de notre sélection. Nous avions de grandes attentes, mais elles ne correspondaient pas à notre niveau de performance. Aujourd'hui, les attentes sont toujours là, mais nous sommes plus constants et présents dans les derniers carrés des compétitions. Et vous avez besoin de jouer ces grands matchs pour apprendre comment les gagner, expliquait le sélectionneur samedi. Nous avons appris, mais nous devons maintenant concrétiser en remportant un trophée pour ressentir à nouveau le respect du monde du football."

Le respect attendra encore un peu, surtout venant d'Ecosse, où le journal The National appelait avant le match les Espagnols à gagner, pour éviter que les Anglais ne puissent se vanter "sans fin" d'avoir enfin gagné un titre.

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