Euro 2024 : entre l'Angleterre et les Pays-Bas, le choc des éternels maudits pour une place en finale

Nations majeures du football mondial, l'Angleterre et les Pays-Bas traînent une réputation d'équipes maudites, pour diverses raisons. Et veulent chacune y mettre fin à l'occasion de cette demi-finale de l'Euro 2024.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Jude Bellingham (Angleterre) et Cody Gakpo (Pays-Bas). (AFP)

En 1990, Gary Lineker avait expliqué que "le football est un sport qui se joue à 11 contre 11, et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne". S'il a depuis repris sa célèbre citation en remplaçant les Allemands par les Bleus, l'ancien joueur anglais aurait pu la compléter ainsi : "Et à la fin, ce sont les Pays-Bas et l'Angleterre qui perdent", tant ces deux nations, qui s'affrontent mercredi 10 juillet (21 heures) en demi-finale de l'Euro, ont connu leur lot de désillusions.

Souvent annoncés favoris, mais systématiquement battus, les Anglais n'ont remporté qu'un trophée dans toute leur histoire : la Coupe du monde 1966, à la maison. Depuis, malgré des effectifs souvent pléthoriques et en dépit de la toute-puissance du championnat anglais, jamais les Three Lions n'ont ramené le football à la maison, comme le dit leur chanson. Une disette qui pourrait prendre fin cette année, alors que les Anglais sont en pleine progression depuis 2018.

Deux géants en plein réveil

Habitués aux éliminations rocambolesques et aux défaites aux tirs au but, ils ont (enfin) brisé ce plafond de verre ces dernières années. Demi-finalistes de la Coupe du monde 2018, finalistes de l'Euro 2021 et quart de finalistes du dernier Mondial face aux Bleus, ils se rapprochent doucement du but. La preuve : cette demi-finale d'Euro, la quatrième de leur histoire, est la deuxième d'affilée.

De leur côté, les Néerlandais n'ont jamais su se défaire de leur étiquette de perdants magnifiques, héritée des années 1970 et souvent entretenue depuis, notamment en finale de la Coupe du monde 2010. Trois fois finalistes du Mondial (mais aussi troisièmes en 2014), les Oranje ont souvent assuré le spectacle, sans aller jusqu'au bout, en dehors de l'Euro 1988 remporté sur le sol... allemand. Après des années difficiles (les Néerlandais ont manqué l'Euro 2016 puis le Mondial 2018), ils sont eux aussi de retour à leur niveau.

Éliminés en huitièmes de finale de l'Euro 2021 par la Tchéquie, battus en quarts de finale du Mondial 2022 par les futurs vainqueurs argentins, les Néerlandais disputent mercredi leur première demi-finale dans une grande compétition depuis dix ans, et celle perdue face à l'Argentine au Mondial 2014. A l'Euro, c'est la sixième fois que les Pays-Bas se hissent dans le dernier carré, pour une seule qualification, en 1988, année de leur unique sacre européen.

Cette demi-finale Angleterre-Pays-Bas sera donc un choc de cadors, entre deux nations qui se sont affrontées 22 fois dans l'histoire pour sept succès néerlandais, neuf matchs nuls et six victoires anglaises. Après le Brésil, les Pays-Bas sont ainsi l'adversaire qui pose le plus de problèmes aux Three Lions. D'ailleurs, les Anglais n'ont battu les Oranje qu'une fois en compétition officielle, lors de l'Euro 1996 (4-1), contre deux défaites (3-1 à l'Euro 1988, 3-1 en Ligue des nations 2019) et un nul (0-0 à la Coupe du monde 1990).

L'Angleterre face au mur orange

Or, c'est une Angleterre très poussive qui s'avance vers cette demi-finale. À l'image d'Harry Kane, auteur de deux buts dans cet Euro, mais à la peine dans le jeu, les Anglais tournent au ralenti depuis début juin et peinent à assumer leur statut de grands favoris. Première de sa poule après une victoire et deux nuls (avec deux buts inscrits), l'Angleterre a ensuite frôlé l'élimination en huitièmes face à la Slovaquie (2-1 a.p.), avant de remporter son quart de finale aux tirs au but face à la Suisse (1-1, 5-3 t.a.b).

En face, c'est tout le contraire pour les Pays-Bas, qui font partie des rares équipes emballantes de cet Euro assez terne. Certes, les Néerlandais ont terminé troisièmes de leur poule après leur non-match contre les Bleus et leur défaite face à l'Autriche. Mais que ce soit face à la Pologne en poule (2-1), à la Roumanie en huitièmes (3-0) ou à la Turquie en quarts (2-1), les Néerlandais ont proposé un jeu savoureux, et résolument offensif.

Les Bataves s'appuient pour cela sur sept joueurs du championnat anglais (plus sept autres y ayant évolué), qui connaîtront donc bien leur vis-à-vis du soir. C'est notamment le cas de Cody Gakpo, attaquant de Liverpool, étincelant depuis le début de cet Euro, mais aussi de Bart Verbruggen. A 21 ans, le gardien de Brighton, installé depuis quelques mois à peine dans les cages néerlandaises, s'est montré décisif à chaque rencontre, enfilant le costume de dernier rempart laissé vacant depuis la retraite d'Edwin van der Sar en 2008. 

Ce mur orange ne sera d'ailleurs pas le seul à se dresser face aux Anglais mercredi soir, puisque 75 000 Néerlandais sont attendus à Dortmund, dont près de 10 000 au stade, dans la célèbre tribune habituellement jaune du Westfallenstadion. C'est dans ce contexte hostile que l'Angleterre, comme souvent vertement critiquée par la presse nationale, va devoir enfin hisser son niveau de jeu pour atteindre la finale. Il faudra pour cela que les étoiles (Phil Foden, Jude Bellingham, Bukayo Saka, Harry Kane...) brillent ensemble. 

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