Nouvelles accusations visant l'abbé Pierre : "On est malheureusement devant un système de prédation en série", se désole le monde religieux et associatif
De nouvelles révélations contre l'abbé Pierre. Un rapport publié mardi 14 janvier par le cabinet Egaé fait état de neuf nouvelles accusations de violences sexuelles contre le religieux dont un viol sur mineur et des faits d'inceste. Les faits décrits dans le texte se sont déroulés des années 1960 aux années 2000, la plupart du temps en France et parfois à l'étranger. En tout, depuis l'été dernier, ce sont donc 33 témoignages, auxquels il faut ajouter une vingtaine d'autres faits présumés, qui accablent l'abbé, mort en 2007 à l'âge de 94 ans.
"Une victime, c'est déjà une victime de trop", explique Gabi Mouesca qui le dit que l'on en soit à la première ou à la troisième vague de révélations sur l'abbé Pierre. Ce membre de la communauté Emmaüs a été mis au courant il y a quelques jours de ces nouvelles révélations. Il a fondé il y a six ans à Tarnos, dans les Landes, la ferme Emmaüs Baudonne, qui accueille des femmes détenues en aménagement de peine. "Je suis comme l'ensemble des acteurs et actrices du mouvement Emmaüs, dans la solidarité pleine et entière avec l'ensemble des victimes", déclare Gabi Mouesca.
"On est malheureusement devant un système de prédation en série", estime Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), sur franceinfo. "On est face à l'un des hommes les plus publics de France. Comment penser que tout cela ait pu être fait à l'insu absolu de toute institution durant aussi longtemps ?", s'interroge Véronique Margron tout en répondant que "c'est impossible".
"Nous sommes-là aussi pour dire que nous continuons le chemin"
À la ferme Emmaüs Baudonne, le décor a changé depuis l'été : les photos et les représentations de l'abbé Pierre ont disparu. Il espère à présent pouvoir avancer, toujours avec Emmaüs : "On va vers une phase qui est de passer du moment de la légitime émotion vers celui de la compréhension des mécanismes qui ont amené cet homme à commettre les actes qui lui sont reprochés. Nous sommes-là aussi pour dire que nous continuons le chemin."
"Emmaüs continue à agir, à réagir, à maintenir haut et fort sa bannière de résistance aux maux de la pauvreté. Et aujourd'hui plus que jamais, nous avons légitimité à poursuivre le combat."
Gabi Mouesca, Emmaüs Baudonneà franceinfo
Selon Véronique Margron, il faudra "faire un vrai travail sur cette question institutionnelle et sur ce qui a rendu possible le caractère systémique des agressions et des violences commises par cet homme". Elle souligne que depuis la libération de la parole sur le cas de l'abbé Pierre en juillet 2023, on connaît "nominativement 50 à 60 [de ses] victimes" présumées, mais elle estime que "derrière, il y en a au minimum autant sinon bien plus que nous ne connaissons pas, qui ne parleront jamais ou qui sont mortes".
Une fois la fin du dispositif d'écoute mis en place par le cabinet Egaé, prévu ce 31 janvier, une commission d’étude sur les violences commises par l’abbé Pierre sera lancée dès le mois de février, pour une durée de deux ans.
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