Accident de Millas : l'avocate de certaines familles de victimes regrette que la SNCF n'ait pas publié l'audit interne
Jehanne Collard, avocate de familles de victimes de l'accident entre un car scolaire et un TER à Millas (Pyrénées-Orientales), a expliqué, samedi sur franceinfo, que l'absence de publication de l'audit privait les familles dans leur besoin de vérité.
L'audit interne mené par la SNCF à l'issue de l'accident entre un car scolaire et un TER à Millas (Pyrénées-Orientales) n'a pas été publié sur Internet "comme c'est fait chaque fois qu'il y a un accident", a regretté Jehanne Collard, samedi 30 décembre sur franceinfo. Selon l'avocate de certaines familles de victimes, qui n'a pas eu accès directement à cet audit, ce rapport technique "révélerait que les infrastructures marchaient parfaitement. Le feu [du passage à niveau] serait passé au rouge, le signal sonore aurait fonctionné, les barrières auraient été fermées".
L'absence de publication n'aide pas les familles
L'absence de publication de l'audit n'aide pas les familles des victimes qui "ont à la fois un immense besoin qu'on respecte leur silence et leur douleur, mais aussi un immense besoin de vérité", a expliqué Jehanne Collard. En revanche, "la SNCF a envoyé cet audit au préfet et au procureur de la République. Il va donc se retrouver rapidement dans le dossier du magistrat instructeur", a expliqué l'avocate.
Une information partiellement confirmée par la SNCF dans un communiqué : "La direction des audits de sécurité de SNCF a produit un rapport de constatation qui a été adressé au procureur de la République et au BEA-TT [Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre], seuls chargés de l'enquête." Le groupe ferroviaire a également indiqué ne s'être "jamais exprimé sur le fonctionnement du passage à niveau de Millas au moment du tragique accident".
Le train était en retard
Jehanne Collard, qui a par ailleurs eu accès au dossier d'instruction, a révélé un autre élément qui, selon elle, pourrait contribuer à expliquer l'accident. Le jour du drame, le TER qui a percuté l'autocar scolaire circulait avec un retard de 5 à 9 minutes sur son horaire habituel. Ce fait aurait pu perturber la conductrice de l'autocar, habituée à ne jamais voir les barrières du passage à niveau fermées lors ce "trajet d'habitude", selon l'avocate de certaines familles de victimes.
"Dans les accidents de la circulation, énormément d'entre eux se produisent sur le trajet domicile-travail, parce que l'habitude entraîne un manque de vigilance du conducteur", a déclaré Jehanne Collard. "Quand la conductrice du bus passait à cette heure-là et quand le train était à l'heure, les barrières du passage à niveau étaient toujours ouvertes [puisque le train était déjà passé]. Elle avait donc probablement pris l'habitude de trouver les barrières ouvertes. Cela peut être une explication à cet accident", a poursuivi l'avocate, appelant toutefois à attendre les conclusions de l'instruction.
Toujours selon Jehanne Collard, le dossier d'instruction fait état de très légères traces de somnifères dans les analyses pratiquées sur la conductrice. L'avocate a précisé à franceinfo qu'elle allait demander de nouvelles analyses toxicologiques.
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