Accident de Millas : "Le déni de la réalité est sa principale défense", le tribunal examine la personnalité de la conductrice
Le tribunal a examiné mardi la personnalité de la conductrice du car scolaire, poursuivie pour homicide involontaire après la collision avec un train qui a fait six morts en 2017. Celle-ci n'est pas présente à l'audience car elle est toujours hospitalisée après avoir fait un malaise cardiaque jeudi lors du procès.
C’est donc sans la prévenue que se poursuit mardi 27 septembre le procès du drame de Millas. Cette collision entre un train et un car scolaire qui a fait six morts en 2017. La conductrice, Nadine Oliveira, est toujours hospitalisée après un malaise cardiaque jeudi 22 septembre lors de son audition au tribunal correctionnel de Marseille. En son absence, le tribunal examine la personnalité de cette conductrice de 53 ans poursuivie pour homicide involontaire.
Deux experts psychiatres ont été appelés à la barre dans l'après-midi. Juste avant eux, une enquêtrice de personnalité qui a d'abord décrit une Nadine Oliveira comme "une personne disponible, disciplinée et incontestablement intelligente". Une vie de travail, mère célibataire, proche de son père, qui enchaîne des contrats précaires dans des secteurs divers jusqu'à devenir conductrice de cars quelques mois avant l'accident. "Un métier qu'elle adorait", explique l'enquêtrice, qui parle d'un avant et d'un après accident. Nadine Oliveira, jadis dynamique et joviale, devenue aujourd'hui très défensive et ancrée dans un processus de victimisation.
"Le déni est une protection nécessaire"
Les psychiatres décrivent une femme dans le déni. Une femme concentrée sur sa version, cette barrière du passage à niveau qui, selon elle, était bien ouverte. "Mais le déni, précise l'un des experts, ce n'est pas nier sciemment les faits. Le déni, c'est déformer des éléments de la réalité." Ses capacités de raisonnement sont perturbées depuis l'accident, poursuit la psychiatre, qui a rencontré Nadine Oliveira à deux reprises dans les mois qui ont suivi le drame : "Le déni de la réalité est sa principale défense. C'est une protection nécessaire, une protection qui peut choquer les victimes. Mais sans cela, tout s'effondre." Silence alors dans la salle, car ses propos font écho à ce qui s'est passé ici même à la barre jeudi, Nadine Oliveira, en larmes et évacuée à l'hôpital ou elle se trouve toujours.
"Une confrontation à la réalité, peut-elle la mettre en difficulté ?", demande alors la présidente. "Si son psychotraumatisme a perduré jusqu'à maintenant... Oui, ça peut être dangereux", répond la psychiatre avant de poursuivre : "Je pense qu'elle ne peut pas dire que la barrière était fermée. Elle est victime avec les enfants de quelque chose de tellement atroce. Sur un plan psychiatrique, elle ne peut pas le dire." "Est ce qu'elle le pourra un jour ?", questionne une avocate des parties civiles. "Je ne sais pas, certaines personnes peuvent mettre des années, d'autres une heure à peine. Impossible pour moi de vous donner la réponse", répond la psychiatre.
L'audience se poursuit mercredi 28 septembre. Après cette journée consacrée à la personnalité de la prévenue, place aux parties civiles avec l'audition des familles de victimes, des parents d'enfants disparus dans l'accident qui pourront donc témoigner. Ils le feront en l'absence de Nadine Oliveira, toujours hospitalisée. Une déception pour ces parents. "On avait plein de choses à lui faire comprendre en face-à-face, c'est dommage", regrette un proche des victimes.
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