Décès d'un ouvrier du Grand Paris Express : "Ça devient vraiment les chantiers de la mort", dénonce la CGT bâtiment
Un jeune ouvrier a été tué jeudi 6 avril, écrasé la par la chute d'un bloc de béton. Il était âgé de seulement 22 ans et travaillait à Gonesse dans le Val-d'Oise, sur le chantier de la ligne 17 du futur métro du Grand Paris.
Il y a un mois déjà, après un autre accident mortel, la CGT Construction dénonçait les cadences imposées pour respecter les échéances du chantier, plusieurs fois repoussées. "Ce Grand Paris Express devient vraiment les chantiers de la mort. Deux ans et demi de chantier : cinq morts ! Un mort tous les six mois en moyenne !, s'indigne Bruno Bothua, secrétaire général de la FNSCBA (Fédération nationale des salariés de la construction, bois et ameublement CGT), qui fédère les salariés du bâtiment. On ne peut pas continuer dans ce sens-là, ce n’est pas possible", martèle le syndicaliste.
Le Grand Paris Express, c'est quatre nouvelles lignes automatiques de métro (de 15 à 18) plus le prolongement de la ligne 14, soit en tout 200 kilomètres pour relier autour d'un arc circulaire les aéroports d'Orly et Roissy-Charles-de-Gaulle, le pôle scientifique de Saclay et des quartiers populaires de Seine-Saint-Denis. Ces nouvelles lignes doivent entrer en service entre 2025 et 2030. En février 2020, un ouvrier est mort à Villejuif sur la lignes 14. Trois décès ont suivi sur la ligne 16, en décembre 2020 à La Courneuve, puis en février 2022 à la gare Saint-Denis-Pleyel et début mars 2023, à la gare du Blanc-Mesnil.
Dans un communiqué, la Société du Grand Paris (SGP), cheffe d'orchestre de cet immense chantier, reconnaît pour la première fois une exigence de sécurité pas suffisamment respectée par ses prestataires. "Des investigations sont en cours pour déterminer les circonstances exactes de ce dramatique accident et en tirer toutes les conséquences", assure-t-elle.
"Depuis la suppression des CHSCT, nous connaissons une augmentation de 30% des accidents graves du travail depuis 2019. C'est un véritable drame."
Bruno Bothua, secrétaire général de la FNSCBAà franceinfo
"Avec la Société du Grand Paris, on a essayé de travailler à l'élaboration d'une charte pour avoir des droits spécifiques pour les inspections. Il faut absolument qu'on arrive à avoir des inspections avec nos yeux d'expert pour aller chercher des failles", ajoute Bruno Bothua.
La deuxième plus forte mortalité d'Europe
"Aujourd’hui, on a des majors du bâtiment qui répondent à des appels d’offre avec des délais très courts. Ils n’ont plus la main-d’œuvre formée pour pouvoir exercer sur les chantiers. Donc ils vont chercher jusqu’à sept niveaux de sous-traitance, relate le syndicaliste. Une fois qu’on en est là, on ne maîtrise plus rien, ni les coûts, ni les délais, ni les conditions de travail, ni la sécurité des salariés. On arrive quand même à avoir des entreprises frauduleuses qui utilisent de la main-d’œuvre sans-papiers pour pouvoir abuser de leur situation."
La CGT réclame plus de moyens pour l'inspection du travail sur ce chantier et demande toujours à Emmanuel Macron de faire de la mort au travail une grande cause nationale. "On a eu les chiffres Eurostat qui sont tombés et qui confirment que la France est avant-dernière au niveau des accidents mortels au travail en Europe sur 30 pays étudiés", relate Bruno Bothua. Avec 1 200 morts en 2019, c'est le plus fort taux en Europe, selon l'Institut de statistique de l'Union européenne. "Ce n'est pas possible qu'on ait 0,8 mort pour 100 000 salariés en Allemagne et qu'on soit à 3,8 morts en France", dénonce le secrétaire général CGT de la construction.
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