Procès du TGV Est : "Je ne me sens pas responsable", déclare le chauffeur du train à la barre

Le conducteur de la rame d'essai du TGV qui a déraillé le 14 novembre 2015 à Eckwersheim, en Alsace, était entendu ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris. Il a tenté de minimiser son rôle tout en reconnaissant avoir demandé à repousser le point de freinage.
Article rédigé par franceinfo
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Déraillement du TGV à Eckwersheim, le 15 novembre 2015. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"Je ne me sens pas responsable, d'autres personnes auraient pu être à ma place", a déclaré le conducteur du TGV qui a déraillé le 14 novembre 2015, lors de son audition devant le tribunal correctionnel de Paris, rapporte sur X le journaliste de France Bleu Alsace présent au procès, jeudi 4 avril. Onze personnes étaient mortes lors de cet accident, survenu lors d'un essai sur un nouveau tronçon de la ligne Paris-Strasbourg, au niveau de la commune d'Eckwersheim (Bas-Rhin).

Lors de son audition, la présidente l'a longuement interrogé sur sa responsabilité sur la décision tardive de freinage. "Comment avez-vous pu concevoir que 1,8 km suffisait" pour passer de 330 km/h à 176km/h, demande la présidente, "je me demande encore comment on a pu en arriver là", insiste-t-elle. "On a toujours essayé de faire au mieux", se défend le conducteur.

Vitesse excessive, freinage tardif

Lors de l'accident, le TGV a déraillé dans une courbe sur laquelle il circulait à 265 km/h, au lieu des 176 km/h prévus. En 2017, un rapport du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) établissait que la vitesse était la "cause unique" de l'accident, et que la décision de freiner avait été prise 12 secondes trop tard, en raison d'une succession d'erreurs d'appréciations de l'équipage.

Lorsque la présidente du tribunal lui demande s'il veut dire un mot pour les familles, le conducteur répond : "Je pense beaucoup aux familles des victimes. Beaucoup sont venues me parler ici au tribunal. Cela m'a touché, j'avais une appréhension. J'avais tellement peur. Le fait d'avoir reçu des soutiens, c'est énorme". Il ajoute : "Je ne sais pas quoi leur souhaiter. Je suis avec eux. Je voudrais que ça se termine. Ne plus entendre parler de ces 10 ans".

Le procès, ouvert le 4 mars dernier, doit tenter de déterminer les responsabilités des six accusés dans le dossier, à savoir la SNCF, ses filiales Systra (commanditaire des essais) et SNCF Réseau (gestionnaire des voies), et trois personnes physiques, à savoir le conducteur titulaire, un cadre de la SNCF chargé de lui donner les consignes de freinage et d'accélération et un ingénieur de Systra, chargé de renseigner le conducteur sur les particularités de la voie. Ils sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité. Les trois salariés risquent jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende, tandis que les sociétés risquent une amende de 225 000 euros. La décision est attendue pour le 16 mai.

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