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Violences urbaines : sanctionner les parents, "c'est le comble du libéralisme", s'indigne Marine Tondelier

Alors que le chef de l'Etat a évoqué ce lundi l'idée de sanctionner financièrement les parents d'enfants ayant participé aux émeutes, la secrétaire nationale d'EELV estime ce mercredi que "c'est un peu facile", que "c'est vraiment du mépris de classe et des mesures anti-pauvres".
Article rédigé par franceinfo
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Marine Tondelier, le 5 juillet 2023. (FRANCE INTER)

Le fait d'envisager des sanctions financières contre les familles dont les enfants ont participé aux violences urbaines, "c'est le comble du libéralisme", dénonce mercredi 5 juillet sur France Inter Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts. Alors qu'il rendait visite à des policiers parisiens dans la soirée du lundi 3 juillet, le chef de l'État a affirmé qu'il "faudrait qu'à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles, une sorte de tarif minimum dès la première connerie".

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Marine Tondelier met d'abord en avant les limites d'une telle idée, notamment dans le cas des "mineurs isolés ou qui relèvent de l'Aide sociale à l'enfance". Mais la patronne des écologistes note surtout que pendant que le débat se porte sur la responsabilité parentale, on ne s'intéresse pas "à la responsabilité de l'État, des pouvoirs publics, de la société, de l'ambiance post-colonisation dont on n'arrive pas à sortir ni à débattre, du racisme". "Ça évite de parler de tout ça" car la faute pèse ici uniquement sur "les individus ou les parents", soutient-elle.

Elle estime que cette mesure envisagée est "injuste", notamment pour "les mères monoparentales qui parfois travaillent toute la nuit, sans mode de garde". "C'est un peu facile, c'est vraiment du mépris de classe et des mesures anti-pauvres", s'indigne la secrétaire nationale d'EELV. Marine Tondelier rappelle la double peine des habitants "des quartiers de politique de la ville" qui subissent une "ségrégation et une ghettoïsation" : "Vous avez trois fois plus de pauvreté, un jeune sur deux n'a pas de travail, quatre personnes sur dix sont sans diplôme" et "on leur dit que s'il y a un problème avec [leur] enfant ce sera de [leur] faute", déplore-t-elle.

La numéro 1 d'EELV regrette par ailleurs que Nahel soit "de plus invisibilisé des débats" au profit de "la caricature et de l'outrance". Elle considère que "tant que la situation n'est plus sous contrôle et qu'on ne passe pas nos matinées à compter ce qui a brûlé la nuit on aura du mal à adresser politiquement le débat, à être audible là-dessus". Marine Tondelier a l'impression d'assister à un recul "des libertés" et au fait que "la promesse d'égalité ne soit pas tenue". Autre constat établi par la secrétaire nationale d'EELV, le fait qu'il y a en France "une justice et un système politique forts avec les faibles et faibles avec les forts".

Marine Tondelier rappelle que "les gens qui portent l'uniforme policier représentent l'État". "Il peut y avoir des erreurs individuelles et manifestement dans ce cas il y en a une, mais ça ne doit pas empêcher de s'interroger sur les difficultés systémiques surtout quand on est au 16ème mort suite à un refus d'obtempérer en 18 mois, depuis cette loi, là où en Allemagne il y en a eu un en dix ans", lance-t-elle.

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