Procès des viols de Mazan : comment l'intervention de vigiles a permis l'arrestation de Dominique Pelicot en 2020

L'hebdomadaire "Paris Match" a mis en ligne vendredi les images du moment où le retraité est repéré en train de filmer sous les jupes des clientes d'un supermarché à Carpentras. Une arrestation qui a permis de découvrir qu'il droguait et orchestrait des viols sur sa femme depuis une décennie.
Article rédigé par franceinfo
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Un dessin de Dominique Pelicot, accusé d'avoir violé et organisé des viols sur sa femme, publié le 11 septembre 2024. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

"Il était en train de filmer sous votre robe, le téléphone comme ça, à l'instant. Vous portez plainte ?" Dans une vidéo révélée par l'hebdomadaire Paris Match, vendredi 13 septembre, et diffusée sur France 2, le vigile d'un supermarché de Carpentras (Vaucluse) interpelle Dominique Pelicot, masque chirurgical sur le visage, alors qu'il est en train de filmer sous la jupe d'une femme. Les images, issues du téléphone portable du retraité, constituent le point de départ de l'affaire retentissante des viols de Mazan, puisqu'après son interpellation, en septembre 2020, Dominique Pelicot est placé en garde à vue.

Une partie de son matériel informatique est saisie puis analysée. Les enquêteurs découvrent alors une centaine de vidéos et 300 photos, sur lesquelles son épouse, Gisèle Pelicot, est violée par des dizaines d'hommes. Ils retrouvent aussi des messages dans lesquels il les invite clairement à avoir une relation sexuelle avec sa femme, à domicile, alors qu'elle est inconsciente. Dominique Pelicot reconnaît l'avoir droguée, à son insu, notamment avec du Temesta, un puissant anxiolytique. Il est actuellement jugé devant la cour criminelle du Vaucluse, avec cinquante autres hommes, principalement pour viols aggravés.

"Je compte sur vous pour porter plainte"

"Allez police, police, direct ! Vous restez là, vous, vous ne bougez pas", intime le vigile, que Paris Match prénomme Bastien pour préserver son anonymat, à Dominique Pelicot, qui reste mutique. A ce moment-là, l'agent de sécurité s'empare du téléphone du suspect, un geste qui va à l'encontre de "tout ce qu'on nous apprend", reconnaît-il, lui-même.

"Je ne voulais surtout pas qu'il efface la vidéo. Je savais que les policiers en auraient besoin pour perquisitionner chez lui."

Le vigile qui a interpellé Dominique Pelicot

dans "Paris Match"

"Et je savais aussi que les trois femmes victimes devaient porter plainte", poursuit l'agent de sécurité. "Ce jour-là, ma collègue avait un doute depuis un moment. Elle le suivait de loin dans le magasin, et lorsqu'elle l'a vu recommencer, je suis intervenu."

"Madame, je compte sur vous pour porter plainte", insiste le vigile, s'adressant à une victime, interrogée samedi par Le Parisien. "Il était très énervé, j'ai cru qu'il allait le tuer. Sa collègue [vigile] était également en colère, mais elle l'a moins montré, elle nous a beaucoup rassurées", témoigne cette femme auprès du quotidien francilien. 

"J'ai d'abord cru que c'était une blague"

"J'avoue m'être posé la question d'aller passer une après-midi entière au commissariat pour [porter plainte]. Mais les deux agents nous ont convaincus de le faire", ajoute-t-elle.

"Quand on sait la suite, je me dis qu'ils ont eu cent fois raison. Il faut vraiment les mettre en lumière."

Une victime filmée par Dominique Pelicot

dans "Le Parisien"

"J'avais le nez sur les rayons quand un vigile est venu me voir pour me dire que quelqu'un avait filmé sous ma jupe. J'ai d'abord cru que c'était une blague, qu'il s'agissait d'un petit jeune qui voulait s'amuser, mais la femme chargée de la surveillance vidéo m'a alors dit qu'il s'agissait d'un vieux d'une soixantaine d'années, qu'il était bizarre", témoigne une deuxième femme victime dans le quotidien.

Les trois femmes concernées par les agissements de Dominique Pelicot le 12 septembre 2020 ont finalement toutes déposé plainte. Pour ces faits d'atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation et enregistrement pour transmission de l'image d'une personne, le principal accusé du procès des viols de Mazan a été condamné par le tribunal correctionnel de Carpentras, le 23 février 2021, à une peine de huit mois d'emprisonnement assortis d'un sursis de deux ans.

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