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Affaire Grégory : "30 ans après, on recommence les mêmes erreurs", dénonce l'avocat de Marie-Ange Laroche

La justice se prononce mardi 4 juillet sur l'éventuelle remise en liberté de Murielle Bolle, témoin-clé dans l'affaire du petit Grégory. L'avocat de Marie-Ange Laroche, Gérard Welzer, déclare que sa cliente est "consternée" après les récents développements.

Article rédigé par franceinfo
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Gérard Welzer, l'avocat de la veuve de Bernard Laroche dans l'affaire Grégory, le 24 septembre 2015.  (/NCY / MAXPPP)

Un homme qui se présente comme étant le cousin de Murielle Bolle témoigne dans le quotidien Le Parisien mardi 4 juillet, concernant l'affaire du petit Grégory. Il assure que Murielle Bolle a subi des violences en 1984, après avoir accusé Bernard Laroche et avant de se rétracterCe témoignage intervient alors que la chambre de l'instruction de Dijon rend sa décision mardi, sur la détention de Murielle Bolle. L'avocat de Marie-Ange Laroche, la sœur de Murielle Bolle, a regretté que la justice ne commette "les mêmes erreurs" qu'il y a trente ans dans ce long feuilleton judiciaire.

franceinfo : Comment réagissez-vous au témoignage de ce cousin ?

Me Gérard WelzerIl y a trois semaines, on a rouvert cette enquête en nous annonçant des éléments déterminants, 'on allait voir ce qu'on allait voir'. Finalement le 17 juin, on a un témoin que j'appelle 'roue de secours', qui vient d'avoir une révélation après avoir vu une chaîne de télévision. Ce qui m'étonne, c'est qu'on mette en examen Murielle Bolle sans même l'avoir confrontée à ce cousin avant. Le 5 novembre 1984, Bernard Laroche a été arrêté devant les caméras de télévision, sans même être confronté à Murielle. Il aurait été confronté, il serait peut-être de ce monde aujourd'hui. On a tous les éléments pour démontrer que ce cousin ne dit ni la réalité, ni la vérité.

Est-ce que vous connaissez ce cousin ?

Nous réservons nos réponses aux enquêteurs et aux juges. Son témoignage est une roue de secours pour l'accusation parce qu'on voit depuis plusieurs semaines que le procureur général multiplie les points presse au cours desquels il ne dit rien. Je crois qu'on est parti à nouveau un peu vite. 30 ans après, on recommence les mêmes erreurs en jetant des noms en pâture. Nous démontrerons que ce témoignage tardif ne correspond malheureusement pas à la réalité.

Confirmez-vous que cet homme est bien le cousin de Murielle Bolle ?

Je ne sais pas du tout, je vous avoue qu'on a pas encore travaillé sur l'arbre généalogique de la famille. J'ai vu que la déposition de ce cousin figurait déjà dans certains journaux. J'ai vu Marie-Ange Laroche, des membres de la famille, et tout ce qu'on peut vous dire, c'est que le 5 novembre 1984 au soir, celui-ci [le cousin] n'était absolument pas au domicile des Bolle. Murielle a passé la soirée du 5 novembre chez un couple de la famille, ce n'était pas chez ses parents. Et on pourra démontrer qu'il n'y a pas eu brutalité, et certainement pas ce qu'a décrit ce témoin dont la déposition circule dans les salles de rédaction.

Pourquoi Murielle Bolle avait-elle mis en cause, pendant un temps, Bernard Laroche ?

Murielle à l'époque avait à peine 15 ans, elle était en classe de transition, et on ne donne aujourd'hui que sa déposition accusatrice du début. On oublie de donner tous les éléments qui ont été vérifiés. Il y a eu un procès contradictoire aux Assises de Dijon en 1993, où on a entendu le père d'une collégienne raconter comment il y a eu des pressions de la part des gendarmes. On fait comme si ça n'existait pas. Et le chef de la brigade de recherches de l'époque, Monsieur Gilet, a dit : 'c'est moi qui ai raccompagné Murielle et je me suis douté qu'elle ne disait pas la vérité' [en accusant Bernard Laroche d'avoir enlevé Grégory].

Que pense Marie-Ange Laroche de ces rebondissements ?

Marie-Ange Laroche est consternée. Elle a eu un espoir au début que la vérité puisse arriver. Elle est désespérée, non pas pour elle parce qu'elle n'a strictement rien à craindre, mais elle est consternée pour ses enfants. Il y a un enfant qui n'a pas connu son père et qui voit depuis sa naissance uniquement les photos de son père mis en cause. Il y a un autre enfant, Sébastien, qui a connu son père et qui a assisté à son assassinat en direct le 29 mars 1985. Lorsque je dis tranquillement que je crains qu'il n'y ait de nouveaux drames, c'est que ces gens qui n'ont rien à se reprocher, il ne faut pas les pousser... Si vous les poussez, je crains des réactions qui ne soient pas des réactions raisonnables.

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