Affaire Grégory : des témoins "dotés d'une conscience morale pourraient enfin se décider à aider la justice", espère Thierry Moser, l'avocat historique des époux Villemin

40 ans après la disparition du petit Grégory, l'avocat retraité se rappelle un début d'enquête chaotique et dénonce la "rivalité malsaine" entre la police judiciaire de nancy et les gendarmes à l'époque.
Article rédigé par franceinfo
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Thierry Moser, avocat de la famille Villemin dans l'affaire Grégory. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

"Je suis peut-être un peu naïf en vous disant cela" mais des témoins "dotés d'une conscience morale pourraient enfin se décider à aider la justice pour avancer", pointe mercredi 16 octobre sur France Bleu Sud Lorraine, Thierry Moser, avocat historique de l'affaire Grégory. Officiellement retraité, il reste actif sur ce dossier. Il a défendu Christine Villemin avant de devenir un ami des parents du petit garçon de 4 ans, retrouvé mort noyé, pieds et poings liés, à Docelles (Vosges) dans une rivière, la Vologne, le 16 octobre 1984.

Des expertises en cours

40 ans après jour pour jour, Thierry Moser garde espoir de voir la vérité éclater. "Nous savons que monsieur Bernard Laroche a certainement été l'un des acteurs de ce cadre de ce crime familial. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'arrêt de la cour d’appel de Dijon". Mais, ajoute-t-il, "c'est un morceau de vérité". Il espère que d'autres éléments apparaîtront grâce à la science. Des expertises sont en cours. Le 20 mars dernier, la cour d'appel de Dijon a ordonné de nouvelles expertises complémentaires en matière d'ADN et de reconnaissance vocale.

L'avocat retraité garde des souvenirs amers des débuts chaotiques de l'enquête. "J'ai très rapidement constaté l'incompétence manifeste du juge d'instruction Lambert". L'ex-magistrat, surnommé "Le Petit Juge", s'est suicidé en 2017 après un nouveau rebondissement dans l'affaire Grégory. "Il me donnait le sentiment d'être totalement dépassé par la situation. Il ne semblait ne pas dominer son dossier, il semblait totalement irrésolu, perdu, versatile", se souvient Thierry Moser.

Une tension "malsaine" entre policiers et gendarmes

Il dénonce aussi la "rivalité très malsaine entre la police judiciaire de Nancy et la gendarmerie" au début de l'enquête. "Les policiers travaillaient avec un parti pris choquant scandaleux et je pèse mes mots en disant cela", déclare-t-il sur France Bleu Sud Lorraine. L'ancien Colonel de gendarmerie Étienne Sesmat, qui commandait la compagnie d'Epinal en 1984, dénonce également ce mercredi sur France Bleu Lorraine Nord les "attaques parfois très violentes et très injustes" à l'époque.

Il s'agissait de discréditer notre travail. Donc, j'ai pris conscience qu'il fallait que j'apporte mon témoignage, que je dise ce que nous avons vécu, en me faisant le porte-parole de tous les gendarmes impliqués dans cette affaire.

Étienne Sesmat

Ancien Colonel de gendarmerie d'Epinal

Étienne Sesmat souligne "l'extrême détermination des magistrats qui se succèdent à Dijon pour tout faire pour qu'une réponse judiciaire soit portée à cette affaire".

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