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Sarah Halimi : le parquet demande un procès du suspect pour meurtre à caractère antisémite

Dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 à Paris, Kobili Traoré s'est introduit chez sa voisine Sarah Halimi, une retraitée de confession juive, qu'il a rouée de coups sur le balcon, accompagnant ses gestes des cris de "Allah akbar", d'insultes et de versets du Coran. Le jeune homme l'a ensuite précipitée dans la cour. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'entrée du 30, rue de Vaucouleurs, à Paris, où vivaient Sarah Halimi et son meurtrier présumé. (CATHERINE FOURNIER / FRANCEINFO)

Le parquet de Paris a requis, lundi 17 juin, le renvoi aux assises de Kobili Traoré pour le meurtre à caractère antisémite de sa voisine Sarah Halimi à Paris, a appris l'AFP de sources proches du dossier, confirmées par le parquet. Cette retraitée de confession juive est morte en avril 2017, après avoir été jetée par-dessus le balcon par son voisin. 

Il revient désormais à la juge d'instruction de décider de la tenue ou non de ce procès, alors que trois expertises psychiatriques font craindre aux parties civiles que le jeune homme, toujours hospitalisé, soit reconnu comme pénalement irresponsable et bénéficie d'un non-lieu.

Dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 à Paris, Kobili Traoré s'est introduit chez Sarah Halimi, sa voisine du dessus, qu'il a rouée de coups sur le balcon, accompagnant ses gestes des cris de "Allah akbar", d'insultes et de versets du Coran. Le jeune homme a ensuite précipité la sexagénaire dans la cour, avant de hurler : "J'ai tué le sheitan" (démon en arabe). Il avait été mis en examen le 10 juillet 2017. La juge d'instruction a retenu le caractère antisémite du meurtre en février 2018. 

Des expertises psychiatriques contradictoires

Trois expertises psychiatriques, réalisées au cours de l'enquête, concordent pour dire que le jeune homme, sans antécédents psychiatriques, ne souffre pas de maladie mentale mais qu'il a agi lors d'une "bouffée délirante" provoquée par une forte consommation de cannabis. Elles divergent cependant sur la question de l'abolition ou de l'altération du discernement du suspect.

"Ce doit être à la cour d'assises d'en décider, à l'issue d'une audience contradictoire, où il y aura un véritable débat, et non pas sur la seule opinion de tel ou tel expert, qui ne sont de fait pas tous d'accords", a réagi Caroline Toby, l'avocate des enfants de la victime. "Le fait qu'il ait consommé du cannabis en excès, bien loin de le dégager de sa responsabilité pénale, l'aggrave", a commenté Gilles-William Goldnadel, l'avocat du beau-frère de la victime. L'avocat du suspect, Thomas Bidnic, a indiqué à l'AFP ne pas vouloir réagir dans l'immédiat.

Cette affaire avait relancé le débat sur l'antisémitisme dans certains quartiers populaires sous l'effet d'un islam identitaire, controverse qui avait été ravivée un an plus tard par le meurtre de Mireille Knoll, une octogénaire juive à Paris, Mireille Knoll. L'affaire avait aussi pris une tournure politique quand le président Emmanuel Macron avait réclamé à la justice "toute la clarté" sur les faits, en présence du Premier ministre israélien en visite à Paris, en juillet 2017.

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