Procès d'Abdelkader Merah : "Il faut qu’on se rende compte qu’on a en face de nous un combat idéologique"
Guillaume Denoix de Saint-Marc, directeur général de l’Association française des victimes de terrorisme, a expliqué, lundi sur franceinfo, que la complicité d'Abdelkader Merah dans les crimes de son frère devait être reconnue, ce qui n'avait pas été le cas en première instance.
Après avoir été condamné en novembre 2017, Abdelkader Merah est à nouveau jugé en appel à partir de lundi 25 mars. Les familles des victimes de Mohamed Merah attendent que la complicité de son frère aîné soit retenue. Abdelkader Merah avait été condamné à 20 ans de réclusion en première instance sans que ce chef soit retenu. Guillaume Denoix de Saint-Marc, porte-parole et directeur général de l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT) était l'invité de franceinfo, lundi.
franceinfo : Quel est l’enjeu du procès en appel ?
Guillaume Denoix de Saint-Marc : Tout l’enjeu de ce type de procès est de montrer à quel point l’entourage proche, les idéologues, ceux qui ne se salissent pas les mains mais qui arment intellectuellement, voire de façon plus opérationnelle, les jihadistes qui vont sur le terrain, à quel point ceux-là aussi doivent être jugés et à quel point on peut prouver ou pas la complicité. On voit bien qu’il y a une idéologie commune, on voit bien qu’il y a une très grande proximité. Tout l’enjeu par rapport au droit est de pouvoir prouver que les deux frères étaient au courant du même projet. C’est quelque chose pour laquelle nous avons beaucoup travaillé, quelque chose qui n’est pas ressortie lors du premier procès. Nous avons renforcé nos équipes, avec plusieurs avocats des parties civiles, pour pouvoir être plus incisifs, plus pertinents et surtout apporter des éléments permettant au juge de pouvoir éventuellement nous suivre dans notre démonstration.
Quelle est la différence pour vous entre une "complicité d’assassinat" et une "association de malfaiteurs terroristes" dont Abdelkader Merah a été reconnu coupable en première instance ?
Tout est dans le niveau d’implication dans le projet terroriste. Dans un cas, on était à côté de quelqu’un qui a commis un crime terroriste et on n’était pas trop au courant mais on a donné des éléments, on a participé à un groupe sans avoir de connaissances du projet précis. Et là, nous allons essayer de prouver qu’il y avait connaissance du projet précis, il y avait volonté de faire ce type d’acte et peut-être même participation à ces actes-là, notamment, sur l’annonce qui a été postée. On ne sait toujours pas exactement qui était dans l’appartement de la maman pour consulter cette annonce qui a permis de piéger la première victime de Mohamed Merah.
Si la complicité d’Abdelkader Merah n’est pas retenue, cela risque-t-il de faire jurisprudence dans les autres procès à venir ?
Je crois qu’il faut surtout qu’on se rende compte qu’on a en face de nous un combat idéologique. C’est une guerre qui nous est déclarée et dans cette guerre, il y a effectivement des penseurs, des recruteurs, des gens qui sont les manipulateurs et des soldats. Et on ne peut pas faire la guerre et ne dénoncer que les soldats. Il faut aussi s’attaquer aux généraux et à toute l’organisation qui est autour. Tant qu’on n’a pas compris ça, je pense qu’on est un peu à côté de la plaque. Et donc, dans ce cas de figure, on voit bien avec l’affaire des frères Clain, que derrière ceux qui ont commis des attentats, il y a toute une série de personnes.
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