Procès Merah : "Cette famille, et en particulier les deux frères, n’ont aucune étincelle d’humanité", estime Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes
Samuel Sandler, père de Jonathan, grand-père d’Arié et de Gabriel assassinés par Mohamed Merah à Toulouse en 2012, attend que la complicité d'Abdelkader Merah soit reconnue lors du procès en appel.
Presque sept ans jour pour jour après les attentats de Toulouse et Montauban, le procès en appel d'Abdelkader Merah s'ouvre, lundi 25 mars, devant la cour d'assises spéciale de Paris. Le frère aîné de Mohamed Merah est rejugé pour "complicité d'assassinat" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle". En première instance en novembre 2017, Abdelkader Merah avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et acquitté des faits de complicité. Samuel Sandler, père de Jonathan, grand-père d’Arié, 5 ans, et de Gabriel, 3 ans, assassinés par Mohamed Merah à Toulouse en 2012, sera présent à ce nouveau procès. Il a répondu lundi matin aux questions de franceinfo.
franceinfo : Comment abordez-vous et qu'espérez-vous de ce deuxième procès ?
Samuel Sandler : Avec beaucoup d’angoisse parce que j’ai déjà assisté au premier procès et il y avait des scènes insoutenables. D’abord, j’ai découvert les derniers instants de mes enfants. D’autre part, j’ai vu la famille de l’assassin et sa mère en particulier, un véritable monstre.
De l'angoisse, et de la colère ?
Je n’ai jamais eu de colère. C’est surtout l’angoisse d’à nouveau revoir les témoins de cette scène et d’entendre à nouveau le déroulé des derniers instants de mes enfants. Jonathan a donné sa vie pour protéger ses enfants, pour protéger l’école.
Qu'attendez-vous de ce procès en appel d'Abdelkader Merah ?
Qu’il soit condamné pour complicité. On a écouté les témoignages des policiers et sa complicté ne fait pas l'ombre d'un doute. Il était le mentor de son frère. Les rapports de police montrent qu’il était bien au courant de ce qui s’était passé, comme l’ensemble de la famille, ils n’ont jamais rien arrêté. Quand on entendait les témoignages, de forts doutes étaient émis par des proches sur les deux frères. Les proches de la famille ont laissé faire. [Lors du premier procès] le public ne s'intéressait pas du tout aux parties civiles, alors que la chambre était pleine pour écouter les plaidoiries de la défense. Il y avait un aspect théâtral qui m'a beaucoup fait souffrir.
Vous allez le regarder dans les yeux, Abdelkader Merah ?
Non. Je ne l'ai jamais regardé dans les yeux.
Vous n’avez jamais voulu nommer Mohamed Merah. Vous dites toujours "l'assasin". Pourquoi ?
Ils ont ôté la vie de mes enfants. La première partie de l’audience le confirme bien, cette famille et en particulier les deux frères, n’ont aucune étincelle d’humanité. Donc leur donner un nom, c’est leur conférer un tant soit peu d’humanité, ce qu’ils n’ont pas.
Vous avez raconté dans un livre, "Souviens-toi de nos enfants", que vous n’écoutiez plus de musique depuis les attentats.
Je n’écoute toujours pas de musique. Depuis l’assassinat de mes enfants, tout ce qui pourrait être les bons moments de la vie, la musique, les vacances etc., je ne peux pas les faire parce qu’ils sont absents. J'ai l’impression de les trahir. Je ne peux pas profiter de la vie quand eux ne peuvent plus en profiter. Je me sentirai coupable, comme je me sentirai coupable de ne pas assister au deuxième procès. C’est pour eux que j’y vais. Ce sont les derniers moments où on va parler encore d’eux et j’ai besoin de parler d’eux.
Est-ce que vous pensez qu'un jour vous pardonnerez ?
Ce n’est pas à moi de pardonner. C'est à eux de le faire, ce qu'ils ne font pas. Il suffit d’écouter aussi bien le frère que la mère. Ils sont très fiers du comportement de l’assassin.
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