Procès Merah : "La Cour a manqué de courage", dénonce le président du Crif Midi-Pyrénées
Franck Touboul n'a pas caché sa décéption après le verdict prononcé contre Abdelkader Merah, condamné à 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste, mais pas pour complicité d'assassinats lors des attentats de son frère, Mohamed, en 2012.
Franck Touboul, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Midi-Pyrénées, s'est dit scandalisé, jeudi 2 novembre, par le verdict du procès d'Abdelkader Merah.
Le frère de Mohamed, le terroriste auteur des attentats de mars 2012, à Toulouse et Montauban, a été condamné à 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste mais pas pour complicité d'assassinats.
C'est une véritable déception (...), je trouve scandaleux que la Cour a[it] manqué de courage et la loi est une matière vivante qui doit évoluer en fonction des situations.
Franck Touboul, président du Crif Midi-Pyrénéesà franceinfo
"Comment imaginer que la takia, que les méthodes de dissimulation, que toute cette entreprise d'endoctrinement puissent ne pas être assimilées à une complicité d'assassinat ?", s'étonne Franck Touboul. À quelle fin ces gens-là ont-ils endoctriné Mohamed Merah ? Dans quel but se sont-ils dissimulés ? Pourquoi ont-ils fêté après l'assassinat des soldats dans un repas de famille, alors qu'ils étaient supposément tous fâchés ?"
"La porte ouverte à tous ceux qui vont continuer"
En ne reconnaissant pas cette complicité, avertit Franck Touboul, "on envoie un signal à la population française au moment où elle vit des actes terroristes depuis plus de trois ou quatre ans qui sont terribles. Le message qu’on peut endoctriner, qu'on peut islamiser dans la version la plus pourrie de cette religion et qu'on peut tuer sans être responsable, qu'on peut participer à une entreprise d'assassinat, une entreprise terroriste mais ne pas être complice ? (...) Dans ces cas-là, c'est la porte ouverte à tous ceux qui vont continuer."
"Je voulais que la justice entende le droit non pas dans la lettre mais dans l'esprit. L'esprit de la loi, c'est d'adapter les jugements en fonction de la menace à laquelle nous sommes confrontés, poursuit le président du Crif Midi-Pyrénées. Nous sommes confrontés à une menace insidieuse, où les gens ont pris notre démocratie comme un synonyme de faiblesse."
"Ce qui me dérange, c'est qu'on célèbre le fait que des gens aient réussi à échapper à la présentation de la preuve matérielle, on donne une félicitation à ceux qui réussissent à échapper à un mode de lecture ancien qui exige des preuves matérielles concrètes", conclut Franck Touboul.
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