: Document franceinfo Procès Merah : "On en a besoin pour survivre", confie la sœur d'une victime
Radia Legouad, sœur d’une des victimes de Mohamed Merah, livre un témoignage bouleversant, alors que s’ouvre lundi le procès pour les complicités dans les sept assassinats terroristes de 2012.
Radia Legouad, la sœur d’une des victimes de Mohamed Merah, livre un témoignage poignant, alors que s’ouvre lundi 2 octobre, devant la cour d’assises spéciale de Paris, le procès pour des complicités dans les sept assassinats(Nouvelle fenêtre) terroristes de 2012. Entre le 11 et le 19 mars 2012, sept personnes (trois militaires et quatre civils) avait été tués dans une série d'attentats par Mohamed Merah, à Toulouse et Montauban. L'auteur des faits avait été été abattu alors qu'il refusait de se rendre. Deux hommes vont comparaître à partir de lundi : le frère aîné de Mohamed Merah, Abdelkhader, et Fettah Malki, un ami d’enfance du tueur.
Mohamed Legouad, 23 ans, abattu le 15 mars 2012
Pour la première fois, la famille du caporal Legouad évoque les cinq années de cauchemar qu’elle a vécues. L'assassinat de Mohamed a déchiré leurs vies.
Chacun a porté sa douleur, ses combats intérieurs, en silence.
Radia Legouadà franceinfo
Jusqu'ici, les membres de la famille étaient restés loin des médias, à l’abri des regards. Si Radia a choisi de prendre la parole, au nom de ses parents et de ses cinq frères et sœurs, c’est pour rendre hommage à son frère de 24 ans, pour qu’il ne reste pas, dit-elle, une victime anonyme du terrorisme. Son frère, "sérieux et serviable", rappelle-t-elle, a été abattu de dos alors qu’il retirait de l’argent à un distributeur près de sa caserne à Montauban, le 15 mars 2012.
Un procès pour parler du "petit frère"
Radia Legouad espère obtenir quelques informations supplémentaires lors du procès, mais ce n'est pas la priorité. "On veut parler de l'homme qu'était mon frère", dit-elle, affirmant qu'elle n'a rien à dire aux deux accusés.
Je ne veux pas qu'on oublie mon petit frère, ni toutes ces vies gâchées.
Radia Legouadà franceinfo
Au-delà de son propre deuil, la sœur de Mohamed Legouad dit penser à toutes les victimes des attentats et en particulier aux personnes tuées Mohamed Merah : Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, parce qu'ils étaient militaires. Jonathan Sandler et ses deux fils, Gabriel, 3 ans, Arieh, 6 ans, ainsi que Myriam Monsonégo, 8 ans, abattus à l’école Ozar Hatorah de Toulouse parce qu’ils étaient juifs.
Radia habite à Lyon. Même si ses enfants sont très jeunes, cette mère de famille de 39 ans, va essayer d’assister aux audiences à Paris, le plus souvent possible. La sœur de Mohamed Legouad dit ne pas avoir de haine, juste "un besoin de sérénité". Après ces cinq semaines de procès, Radia et sa famille espèrent "pouvoir enfin faire le deuil". "Je dis toujours qu'on est amputé d'un membre, et le membre fantôme fait mal. On s'est dit qu'au procès il fallait qu'on parle de lui une dernière fois."
Le verdict est attendu le 3 novembre.
>> Ecoutez l'intégralité du témoignage de Radia Legouad :
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