La police à Merah : "Si toi t'es musulman, moi je suis cosmonaute"
Le quotidien "Libération" publie, mardi 17 juillet, la retranscription de quatre heures de conversations entre Mohamed Merah et la police lors du siège de son appartement à Toulouse.
Il avait "un but précis" dans le choix de ses victimes. "Le tueur au scooter" de Toulouse, Mohamed Merah, avait bien ciblé les militaires de Montauban et l'école primaire juive de Toulouse. C'est ce que révèle Libération, qui publie mardi 17 juillet sur son site internet 173 pages contenant les conversations entre Merah et la police lors du siège de son appartement, les 21 et 22 mars.
Après la diffusion le 8 juillet des principaux passages de ces conversations par TF1, le quotidien publie lui aussi ces échanges, expurgés des "passages les plus abjects" dans sa version papier. Mohamed Merah explique à l'officier de renseignement Hassan qu'il "n'aurait jamais tué des enfants (...) si vous aurez pas tué nos enfants". Et poursuit : "Je tue les militaires en France parce qu'en Afghanistan, ils tuent mes frères. Je tue des juifs en France, parce que ces mêmes juifs-là (...) euh tuent des innocents en Palestine."
Apaisé par ses meurtres
Alors que son interlocuteur le pousse à se confier, Merah avoue que son premier meurtre, celui d'un parachutiste commis le 11 mars à Toulouse (Haute-Garonne), fut "éprouvant". Mais il explique avoir eu le "coeur apaisé" après la deuxième tuerie le 15 mars à Montauban (Tarn-et-Garonne) où il a abattu deux autres militaires et en a très grièvement blessé un troisième.
"Et, comme il était apaisé, je voulais refaire ça à chaque fois et (...) de récidiver dans mes opérations, je me sentais de mieux en mieux", souligne-t-il en faisant référence aux meurtres qui ont suivi, quand il a abattu trois élèves et un père de famille le 19 mars dans une école juive de Toulouse.
Des armes fournies par le banditisme
Alors que le brigadier Hassan essait de grapiller des détails sur le mode opératoire de Merah, ce dernier le tacle : "Hé ! C’est de l’or, ces renseignements que tu me demandes." La discussion continue sur ce ton. Pour connaître l'origine des armes utilisées pour les meurtres, le brigadier insiste : "Attends, Toulouse c’est pas Chicago […]. Tu vas pas acheter des armes à Auchan quand même. T’as fait comment ?" Le Toulousain assure les avoir "trouvés du côté du banditisme", ce à quoi Hassan répond : "Holà, t’as pas moyen de me dépanner un peu là, j’ai pris un crédit immobilier ?"
L'échange se poursuit sur le thème de la religion. Alors que Merah "demande à Allah de le préserver de l'ostentation", le brigadier répond "si toi t'es musulman, moi je suis cosmonaute".
Merah plusieurs fois arrêté
Merah finit par expliquer avoir eu le projet de s'engager "à la Légion étrangère pour aller en Afghanistan et retourner mon arme contre les légionnaires et rejoindre les talibans."
Le Toulousain raconte ensuite avoir été arrêté "par les soldats algériens en plein maquis", "par les soldats américains à Kandahar [en Afghanistan]", puis "à Mossoul". Il dit s'être également rendu en Palestine et au Tadjikistan.
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