Attentat à Arras : "On se dit qu'à tout moment, ça peut repartir", s'inquiètent les élèves du collège-lycée Gambetta d'Arras, trois jours après l'assassinat de leur professeur
Une très longue file d’élèves patiente sur le boulevard. La foule est telle que la minute de silence, prévue lundi 16 octobre à 14h, prend même un peu de retard. Après l'attaque terroriste qui a coûté la vie à l'enseignant Dominique Bernard, l'heure est au recueillement au collège-lycée Gambetta d'Arras. Les cours sont annulés, mais les élèves, leurs parents et les équipes pédagogiques peuvent être reçus par une cellule de soutien psychologique.
Parmi les dizaines de jeunes venus rendre hommage à l'enseignant, Alice, 12 ans. Pour elle, il était important d'être présente en mémoire de son professeur de français. "Il a quand même sacrifié sa vie pour plus de 1 600 élèves. C'est bizarre de ne plus avoir ce professeur-là, surtout qu'il était très sympa envers nous, envers ses élèves." En guise de pancarte, la jeune fille a même inscrit sur une feuille blanche "Nos professeurs, nos héros".
Surmonter la peur pour se recueillir
L'ambiance est toutefois pesante : pour accéder à la cour de l'établissement, il faut passer un barrage de policiers, chargés de fouiller les sacs. Sanaa, élève de première avoue être toujours sous le choc : "Quand je reviens ici, je me revois dans la salle de classe, tétanisée, en ayant peur. Je n'ai pas envie d'être ici, mais je trouve important de surmonter ça." Sa camarade, Axelle, renchérit : "On n'a pas vraiment la tête à faire cours. On ne parle que de ça entre nous. Reprendre les cours comme ça, ce n'est pas possible."
Axelle ne compte pas retourner en classe mardi, contrairement à Thibault. "Les cours ne seront pas forcément normaux, j'aurais toujours en tête ce qu'il s'est passé, suppose le jeune garçon. J'en ai rêvé hier, vendredi soir, samedi soir."
"Il faut leur montrer qu'on est tous forts"
Dans la matinée, une alerte à la bombe sur place a contraint l'établissement à évacuer 250 personnes prises en charge par la cellule psychologique. Un moment de panique qui a ravivé les angoisses de Noémie. "On se dit qu'à tout moment, ça peut repartir", s'inquiète la jeune fille, que la présence de forces de l'ordre ne parvient pas vraiment à rassurer.
Ce sentiment de vulnérabilité, de faire face à des attaques à répétition, est particulièrement difficile à vivre pour Elisa. Cette lycéenne est élève dans un autre établissement, mais elle se trouvait devant le collège-lycée Gambetta au moment de l’attaque. "Ça nous ramène trois ans en arrière, avec Samuel Paty. On voit qu'il n'y a pas eu d'évolution, on est encore touchés par ce type d'attentat."
Pour Margaux, en revanche, pas question de se laisser intimider : "Il faut leur montrer qu'on est tous forts, qu'on est tous soudés et qu'on va tous se soutenir pendant cette période." Unité et soutien. Ces deux mots reviennent dans la bouche de ces élèves, bien décidés à ne pas céder à la peur.
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