Attentat d'Arras : un an après l'assassinat de Dominique Bernard, quatre choses à savoir sur l'enquête

Le ministre de l'Intérieur participe dimanche à un hommage au professeur tué le 13 octobre 2023 par un ancien élève radicalisé. franceinfo a pu consulter les interrogatoires du principal mis en cause.
Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
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Dimanche 13 octobre aura lieu une cérémonie en mémoire de l'attaque terroriste dont a été victime Dominique Bernard, il y a un an, devant la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras (Pas-de-Calais). (DENIS CHARLET / AFP)

Il y a un an jour pour jour, le 13 octobre 2023, Dominique Bernard était tué à Arras. Ce professeur de lettres a été assassiné de plusieurs coups de couteau devant le collège où il enseignait, par un ancien élève radicalisé, Mohammed Mogouchkov. L'assaillant a été arrêté après son passage à l’acte. Un hommage a lieu dimanche à Arras en présence des ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Éducation nationale. franceinfo fait le point sur l'enquête.

1 Trois personnes mises en examen

Les investigations avaient débuté par un gros coup de filet, douze personnes placées gardes à vues en plus de l'assaillant. Sa mère et sa grande sœur avaient raconté la terreur qu'elles subissaient dans cette famille radicalisée. Le grand frère est lui-même mis en cause dans un projet d'attentat. Parmi les suspects on comptait également un prisonnier un temps soupçonné d'avoir pu être le mentor de Mogouchkov. Mais au final, seules trois personnes sont mises en examen à ce jour : Mogouchkov lui-même, 20 ans au moment des faits, un ancien élève de l’établissement, originaire d'Ingouchie (Russie) et radicalisé depuis quelques années ; son petit frère, encore mineur, mis en examen pour complicité d’assassinat terroriste, soupçonné d’avoir renseigné son aîné sur le maniement des couteaux ; et un de leurs cousins, soupçonné d’abstention d’empêcher un crime. On lui reproche d’avoir pu se douter d’un projet mais de n’avoir rien fait pour l’empêcher.

2 Une volonté d'attaquer symboliquement la République

franceinfo a pu consulter les deux derniers interrogatoires du terroriste qui en disent un peu plus sur les motivations de l'assaillant. D’abord muet en garde à vue, l’assaillant a fini par s’expliquer au fil de ses interrogatoires devant les juges d’instruction. Dominique Bernard était la cible principale, l’objectif final : "C’est lui que je visais", affirme Mogouchkov. Un professeur de lettres, une matière qui représentait "l’attachement au système de la République, de la démocratie et des droits de l’Homme", explique le terroriste. Pour les autres, ces professeurs et employés qu’il a blessés dans un second temps : "c’était un engrenage, ce n’était pas préparé" mais "j’aurais pu les tuer", affirme Mogouchkov. "J’en étais capable", assure l’assaillant devant la juge en janvier mais "la volonté m’a quitté", dit-il.

3 Un attentat réfléchi et mené seul

L’assaillant soutient que personne n’était au courant de son projet terroriste. Lors de son dernier interrogatoire en avril, Mohammed Mogouchkov disculpe notamment son petit frère. "C’était quelque chose de trop grand pour qu’il puisse être au courant", affirme l’assaillant, même s’il reconnaît lui avoir posé des questions sur le maniement des couteaux. 

4 "Aucune remise en question" d'après les psychologues

Selon le dernier expert à l’avoir interrogé en prison, en juillet dernier, l’élément déclencheur remonte à 2018. Cette année-là le père de l’assaillant, lui-même fiché S est expulsé du territoire français. L'homme incarne une "figure d’autorité" dans cette famille d’origine caucasienne marquée dit l’expert par "une vision rigoriste de l’islam". Cette séparation a pu constituer, selon le psychologue, "le terreau d’un ressentiment vis-à-vis de la société française".

Son projet apparaît "réfléchi et déterminé", affirme l’expert, qui estime qu’il n’existe chez l’assaillant "aucune remise en question sur son passage à l’acte" un an après les faits.

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