Cet article date de plus de neuf ans.

Le prochain numéro de "Charlie Hebdo" sera imprimé à 3 millions d'exemplaires

"Charlie Hebdo" n'est pas mort. Toute l'équipe l'a affirmé dès le lendemain de l'attentat, prête à reprendre les rênes malgré la douleur. A deux jours de la publication du nouveau numéro, on en sait un peu plus sur son contenu.

Article rédigé par Jéromine Santo-Gammaire
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le numéro de "Charlie Hebdo" du 11 novembre 2011 affichant, en une, une caricature de Mahomet. (MARTIN BUREAU / AFP)

Ce sera le n° 1 178. "Avec ce numéro, on voudrait que les millions de personnes – on l'espère – qui vont [l']acheter et qui n'avaient jamais acheté Charlie Hebdo sachent sur quoi ces assassins ont tiré." Le ton est donné. Gérard Biard, rédacteur en chef de l'hebdomadaire satirique, qui était en congé mercredi 7 janvier, jour de l'attaque, s'exprimait lors du concert de soutien à la Maison de la Radio, à Paris. Ce concert s'est déroulé dimanche 11 janvier, après la marche qui a rassemblé près de 4 millions de personnes dans tout le pays.

Avec l'assassinat des figures historiques de l'hebdomadaire – Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré – difficile d'imaginer à quoi ressemblera le journal du mercredi d'après. Le jour de l'attaque, "le Petit journal" (à la première minute de la vidéo) avait d'ailleurs réalisé un montage où disparaissaient du dernier numéro de Charlie toutes les œuvres des contributeurs décédés, avec un résultat frappant. Mais Gérard Biard a prévenu qu'il ne voulait "pas de vide".

"Pas un numéro de pleurnichard"

Ce nouveau numéro sera imprimé à 3 millions d'exemplaires, soit soixante fois plus qu'habituellement, ont annoncé lundi les Messageries lyonnaises de presse, et sera traduit dans 16 langues. Il ne comptera que 8 pages, au lieu de 16. Hébergés à Libération, les survivants de l'hebdo travaillent depuis vendredi à sa réalisation. "Dans ce numéro, ils n'ont tué personne, a affirmé avec force Gérard Biard. Ils seront tous là, ils auront leur rubrique, leurs emplacements, on les retrouvera comme les lecteurs de Charlie Hebdo les ont retrouvés toutes les semaines depuis vingt-deux ans."

Au programme, des contenus inédits, des caricatures qui n'ont jamais été publiées, dessinées par les disparus. "Pas un numéro de pleurnichard, a assuré le rédacteur en chef ce lundi. On va essayer de rire, de garder l'ensemble des valeurs de la rédaction."

"On ne cèdera rien, sinon tout ça n'aurait pas eu de sens", a lancé Richard Malka, l'avocat de Charlie Hebdo, sur France info, lundi 12 janvier. Il a précisé que la une du journal devrait être déterminée lundi soir. "Evidemment", le nouveau numéro comptera des caricatures de Mahomet, des religions, ainsi que des moqueries sur les politiques, a-t-il certifié.

L'équipe de "Charlie" prête à reprendre les armes

Parmi les plumes et les crayons qui pourraient signer l'exemplaire 1 178, Charlie pourra compter sur ses historiques comme Luz, auteur de la caricature de Mahomet à la suite de laquelle les locaux du journal avaient été incendiés, en 2011. Willem, Riss et Coco participent aussi au numéro. S'y ajouteront Babouse, Riad Sattouf, Catherine Meurisse, scénariste de bande dessinée. Ainsi que le reporter Laurent Léger, le journaliste rédacteur Antonio Fischetti, exceptionnellement absent de la conférence de rédaction hebdomadaire mercredi, et l'urgentiste et chroniqueur Patrick Pelloux. Enfin, la chroniqueuse Sigolène Vinson, présente lors du drame, mais qui a été épargnée parce qu'elle est "une femme", a également tenu à travailler sur ce numéro.

Les contributeurs plus occasionnels sont appelés eux aussi à reprendre le flambeau. Une tâche ardue, lourde de responsabilité, comme en a témoigné dimanche soir à la Maison de la Radio Mathieu Madénian, humoriste, qui écrivait des lettres pour l'hebdo depuis six mois seulement. "Ils savaient que leur vie était en danger. Charb disait toujours : 'On est des espèces de soldats'. Et il ajoutait : 'Quand il y a une sentinelle qui tombe, il faut qu'il y ait d'autres mecs qui arrivent derrière et qui prennent les armes.' Mercredi il y a douze sentinelles qui sont tombées et, dès le lendemain, toute l'équipe de Charlie est arrivée, ils ont repris les armes. Et moi, j'étais parmi eux. Mais moi, le problème, c'est que j'étais là depuis 6 mois, je suis pas fini, je suis pas prêt, je me retrouve avec un casque de travers, une arme que j'arrive pas à tenir..."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.