Charlie Hebdo : "C'était important que je témoigne de l'après", estime l'imprimeur Michel Catalano, pris en otage par les frères Kouachi en 2015
Michel Catalano confie aller "mieux", mais "pas encore bien", invité, mardi 7 janvier, sur franceinfo, dix ans après avoir été pris en otage, le 9 janvier 2015 par les frères Kouachi, terroristes de l'attaque de Charlie Hebdo. L'imprimeur de Dammartin-en-Goële raconte avoir "encore énormément de choses à gérer psychologiquement et physiquement" et tomber "malade" chaque année "quand arrive cette date anniversaire".
Michel Catalano retrace son histoire dans le livre L'Imprimeur de Dammartin, paru ce début d'année 2025 aux éditions du Cherche Midi. Interrogé sur franceinfo, l'imprimeur se souvient de "beaucoup de sensations" et notamment de la crainte que son employé, Lilian, caché à l'étage, ne soit découvert par les frères Kouachi : "Ce qui était primordial, c'était que mon collaborateur puisse sortir vivant parce que, pour moi, j'allais mourir." "Cela m'a donné la force et le courage de rester calme", estime-t-il.
De nombreuses lettres "formidables" de soutien
Au-delà du récit de cette journée, Michel Catalano présente l'écriture de son livre comme un moyen de raconter sa difficile reconstruction : "C'était important que je témoigne de l'après. À la fois de ce que je vivais moi, mais aussi de la douleur de ma famille et de tous les gens qui m'entouraient. On parle de 'victimes indirectes', mais ce sont de vraies victimes."
L'imprimeur évoque aussi les complications administratives pour toucher des aides : "C'est quelque chose qu'on a appris au fur et à mesure de notre combat. On nous promettait des choses, mais c'était en contrepartie d'embauches, d'achats immédiats, ou il fallait qu'on rembourse ensuite. Ça a été compliqué, mais on a tenu."
"On continue à vivre"
Il raconte aussi que les nombreuses lettres "formidables" de soutien reçues ont participé à sa reconstruction : "Souvent, la nuit, comme je ne dormais pas et que je faisais beaucoup de cauchemars, pour m'apaiser, je relisais les lettres." Entre autres grâce à une cagnotte lancée pour le soutenir, il se félicite d'avoir fini par "reprendre [son] activité" sans pour autant estimer avoir retrouvé "une vie normale".
Ironie de l'histoire, le 7 janvier est aussi la date d'anniversaire de Michel Catalano et celle de son père. "Ce n'est plus la première chose à laquelle on pense le matin" ce jour-là, reconnaît-il avant de conclure : "Heureusement, beaucoup d'amis m'envoient 'Joyeux anniversaire !'. On continue à vivre et vivre, c'est aussi fêter les anniversaires."
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