Attaque de militaires à Levallois-Perret : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur François Molins
François Molins a livré de nouveaux éléments révélés par l'enquête, qui permettent d'éclairer les motivations de l'homme qui a foncé en voiture, le 9 août, sur six militaires de l'opération Sentinelle.
Hamou B., l'auteur de l'attaque contre des militaires de l'opération Sentinelle à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le 9 août, détenait des images de propagande du groupe Etat islamique et semblait envisager un départ en Syrie. C'est ce qui ressort des premiers éléments de l'enquête dévoilés par le procureur de la République de Paris, François Molins, mercredi 23 août.
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Le magistrat a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire contre Hamou B. pour "tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs criminelle terroriste". L'attaque avait blessé six militaires, dont trois gravement. Franceinfo résume les principales informations de cette conférence de presse.
Le véhicule a effectué des repérages
En comparant la localisation du téléphone de Hamou B. et celle de sa voiture de location, qui disposait d'un tracker, les enquêteurs ont acquis la certitude que c'est bien Hamou B. qui a foncé sur les militaires, le 9 août. Mais cette localisation a aussi permis d'établir qu'il avait déjà repéré les lieux de l'attaque trois jours plus tôt.
"Le véhicule se trouvait place de Verdun", où les militaires ont été fauchés, "le dimanche 6 août, autour de 9 heures puis à 15 heures", a révélé François Molins. Son conducteur a "roulé à très faible allure entre les véhicules stationnés de la mission Sentinelle et le local de repos des militaires". Un comportement "qui peut à l'évidence s'analyser comme des repérages préalables", juge le procureur.
Le suspect appartenait à un courant rigoriste de l'Islam
Selon les enquêteurs, Hamou B. était proche du mouvement tabligh ("association pour la prédication" en arabe) décrit par François Molins comme un "mouvement qui prône une vision ultrarigoriste et littérale de l'islam". Le suspect a notamment "participé à une campagne de propagande organisée par ce mouvement" en 2013 et en 2014. Courant religieux, le tabligh n'est pas une organisation, encore moins terroriste. C'est ce qu'a expliqué le procureur de Paris, se défendant de toute "généralisation" au sujet de ses adeptes. En revanche, l'appartenance à ce mouvement illustre la vision radicale de l'islam de la part de Hamou B.
Il semblait envisager un départ en Syrie
Les enquêteurs ont aussi épluché les recherches et l'historique des pages consultées sur internet par Hamou B., grâce à un téléphone retrouvé dans son véhicule. Il s'est notamment renseigné "sur les modalités d'obtention d'un visa pour la Turquie", et avait recherché des hôtels à Istanbul, ainsi que, fin mai, des billets d'avion pour cette ville, pour un départ début septembre. Il s'était également renseigné sur la ville d'Idleb, en Syrie, chef-lieu d'une région frontalière avec la Turquie et aux mains d'une coalition jihadiste depuis juillet.
Selon François Molins, l'homme avait également consulté des articles sur le bombardement d'un convoi humanitaire en Syrie, sur l'arrestation d'un homme portant un couteau gare du Nord à Paris en juin et sur "la légitimité, dans la religion musulmane, de tuer des musulmans ou des mécréants". Autant de recherches qui, pour le procureur de Paris, témoignent "d'éventuelles velléités de départ pour la Syrie".
Il détenait des images de propagande du groupe Etat islamique
Dans un autre téléphone, saisi au domicile de Hamou B., les enquêteurs ont retrouvé "une douzaine d'images relatives [au groupe] Etat islamique", a expliqué François Molins, "avec des objets tels que drapeaux, images de dirigeants ou idéologues". Là aussi, cette découverte atteste "d'un intérêt, qui semble certes récent, mais qui est certain, pour les organisations terroristes islamistes". En revanche, le procureur de Paris a expliqué qu'aucun élément n'attestait d'éventuels contacts entre des membres du groupe terroriste et le suspect, présenté comme s'étant "radicalisé tout seul dans son coin".
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