Bayonne : ce que l'on sait de la violente agression qui a plongé un chauffeur de bus en état de mort cérébrale
La victime a été rouée de coups. Quatre personnes ont été mises en examen, dont deux pour "tentative d'homicide volontaire".
Les bus ne circulent presque plus à Bayonne mardi 7 juillet. Les conducteurs du réseau Chronoplus ont décidé d'exercer leur droit de retrait après la violente agression de l'un des leurs en plein service, dimanche 5 juillet, dans la soirée. La victime, un père de famille de 58 ans, est actuellement en état de mort cérébrale. Dans la soirée, quatre personnes ont été mises en examen, dont deux pour "tentative d'homicide volontaire", a-t-on appris mercredi 8 juillet.
Que s'est-il passé ?
L'agression s'est déroulée dimanche peu après 19 heures à l'arrêt de bus "Balichon" dans un quartier populaire de Bayonne. Philippe Monguillot, un chauffeur de bus de 58 ans, a été roué de coups par un ou plusieurs passagers et grièvement blessé à la tête. D'après son épouse, qui s'est exprimée dans les colonnes du Parisien, le conducteur aurait eu "une altercation avec deux personnes" un peu plus tôt "dans l'après-midi", "vers 14 heures", bien avant l'agression dont il sera victime le soir. Toujours selon elle, "les passagers n'avaient pas de billet et Philippe serait ainsi sorti pour les forcer à descendre".
A la demande du parquet, la police de Bayonne a lancé un appel à témoins, invitant ceux qui auraient assisté à la scène à la contacter au 05 59 46 22 22. "Les enquêteurs cherchent toute personne ayant pris la ligne T1 entre la gare de Bayonne, où sont montés les suspects, et l'arrêt Balichon entre 19 heures et 19h15, rapporte France Bleu. Ils veulent comprendre pourquoi le conducteur est descendu du trambus pour parler au groupe, qu'est-ce qu'il s'est passé pendant le trajet, combien de personnes exactement sont impliquées et quels sont les motifs de l'altercation et le déroulement des faits."
Que sait-on des agresseurs ?
Un premier individu, âgé de 34 ans et connu des services de police, a été placé en garde à vue dès dimanche soir. Quatre autres hommes ont été arrêtés le lendemain. L'un d'eux est suspecté d'être l'auteur du coup le plus violent qui a mis à terre la victime, selon France Bleu Pays Basque. Une personne a été remise en liberté mardi matin. Les quatre autres gardes à vue ont été prolongées et ont donné lieu à quatre mises en examen.
Parmi ces mis en cause, deux jeunes hommes accusés d'avoir roué de coups le chauffeur de bus ont été mis en examen mardi soir pour "tentative d'homicide volontaire", a appris France Bleu Pays Basque mercredi. Ces deux jeunes hommes, âgés de 22 et 23 ans, ont reconnu les faits lors de leur garde à vue, avait appris franceinfo de source proche de l'enquête.
Les deux autres individus soupçonnés d'être impliqués dans l'agression ont été également mis en examen : l'un pour "non-assistance à personne en danger" et "recel de malfaiteur" – c'est chez lui que les deux premiers suspects se seraient réfugiés après l'agression – et l'autre pour "non-assistance à personne en danger". Les quatre hommes ont été présentés mardi soir à un juge d'instruction. Ils ont ensuite été placés en détention, conformément à ce qu'avait demandé le parquet.
Dans quel état de santé se trouve la victime ?
Philippe Monguillot a été transporté à l'hôpital de Bayonne alors qu'il était inconscient dimanche soir. Il est aujourd'hui en état de mort cérébrale. "Il a subi une opération dans la nuit, selon le délégué CFDT Jean-Philippe Paulmier. Les dernières nouvelles qu'on a ne sont pas très rassurantes, on est très très inquiets pour lui." Accompagnée de ses trois filles âgées de 18, 21 et 24 ans, son épouse Véronique a pu le voir, dimanche soir. "On l'a touché, senti, on lui a parlé. Sa tête était déformée", confie-t-elle dans les colonnes du Parisien. Elle explique aussi que son mari allait être à la retraite "dans un an". "On nous a détruits en quelques secondes", témoigne-t-elle.
Quelles sont les réactions ?
Lundi, plusieurs dizaines de conducteurs se sont rendus à pied devant l'hôpital de Bayonne pour apporter leur soutien à leur collègue, avant de se rassembler dans la soirée sur les lieux du drame où des fleurs ont été déposées. "On est assez abasourdis, lâche Jean-Philippe Paulmier, délégué CFDT. On a du mal à comprendre comment ce genre de choses peut arriver." "On ne s'attendait pas à ça dans cette région, renchérit son collègue de Force ouvrière, Joseph Uhart, au micro de France Bleu Pays Basque. Il y a tout le temps des agressions verbales, l'ambiance est hyper tendue depuis quelques années, mais là... Je ne sais pas quoi dire."
Les syndicats ont immédiatement décidé d'exercer leur droit de retrait : le réseau Chronoplus est quasiment à l'arrêt depuis lundi matin. "On veut savoir si celui qui a porté le coup à notre collègue est arrêté, on ne peut pas reprendre le travail si on ne sait pas ça", insiste son collègue et délégué syndical CGT Laurent Weber dans Sud Ouest. La direction, qui a adressé son soutien aux salariés ainsi qu'à la famille du conducteur, estime que ce droit de retrait est "totalement légitime". Une cellule psychologique a par ailleurs été mise en place pour les collègues de Philippe Monguillot.
Le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, a dénoncé de son côté un "acte de barbarie". Lors d'une réunion, les élus locaux ont promis des mesures rapides pour assurer la sécurité des conducteurs. Mardi, à la mi-journée, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a confirmé qu'il se rendrait dans la soirée à Bayonne pour rencontrer les chauffeurs de bus.
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