Bobigny : une enquête ouverte après la mort d'un jeune homme renversé par un tramway
Une information judiciaire a été ouverte du chef de "violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner", selon le procureur, précisant que la police judiciaire du département était en charge de l'enquête.
L'affaire agite les réseaux sociaux. Jeremie Cohen, un jeune homme habitant à Bobigny (Seine-Saint-Denis), est mort après avoir été renversé par un tramway mi-février. Le parquet de Bobigny a annoncé, lundi 4 avril, avoir ouvert une information judiciaire le 29 mars pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", soit la qualification pénale "la plus haute envisageable à ce stade des investigations". L'enquête est confiée au service départemental de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis.
Une enquête avait d'abord été ouverte pour "homicide involontaire", écrit le parquet de Bobigny dans un communiqué. Mais "rapidement, les éléments recueillis permettaient de comprendre que, quelques instants avant l'accident, la victime avait subi des violences", relève le parquet. Une seconde enquête avait alors été ouverte pour "violences volontaires en réunion".
La victime souffrait d'un handicap non visible
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre un groupe de personnes prenant à partie un homme – présenté comme étant Jeremie Cohen – et lui assénant plusieurs coups. La victime semble fuir le groupe quelques instants après et, dans sa course, se fait écraser par un tramway. "L'hypothèse que la victime ait traversé les voies pour échapper à ses agresseurs était naturellement prise en compte", précise le parquet.
Sur Twitter, plusieurs personnalités politiques soulignent le caractère possiblement antisémite de cette agression. Dans son communiqué, le parquet ne fait aucune référence à la religion de la victime. Selon la famille du défunt, interrogée par Radio Shalom, le jeune homme souffrait d'un handicap non visible.
"La famille ne vient pas crier à l'antisémitisme"
Les réactions politiques n'ont pas tardé, lundi. Le candidat d'extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour s'est ainsi questionné : "Est-il mort pour fuir les racailles ? Est-il mort parce que juif ? Pourquoi cette affaire est-elle étouffée ?"
Les images de la mort de #JeremyCohen sont glaçantes. La mort d’encore un de nos enfants et le silence assourdissant sur les faits depuis deux mois me révoltent. Est-il mort pour fuir les racailles ? Est-il mort parce que juif ? Pourquoi cette affaire est-elle étouffée ?#Bobigny
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) April 4, 2022
Son adversaire, Marine Le Pen, s'est interrogée dans un tweet sur "le silence sur cette affaire", évoquant ce qui "pourrait être un meurtre antisémite". "Toute la lumière doit être faite" sur le drame, ont de leur côté demandé deux autres candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Yannick Jadot (EELV).
"Notre souci est de convaincre et d'avancer avec l'autorité judiciaire sans aucune récupération", a réagi sur BFMTV l'avocat de la famille, Franck Serfati. "La famille Cohen ne vient pas crier à l'antisémitisme, a-t-il ajouté. Ce serait dénaturer les faits et préjuger. Mais il ne faut pas exclure, à l'heure qu'il est, l'élément aggravant d'antisémitisme."
"C'était quelqu'un de très doux"
"Laissons le temps à la justice et accordons aux magistrats instructeurs un temps raisonnable pour établir qui était présent et pour quelle raison Jeremie Cohen a été littéralement lynché", a également déclaré Franck Serfati sur le plateau de l'émission "Touche pas à mon poste" sur C8. "Ce qu'on ne veut pas ce soir et demain, c'est qu'il y ait une récupération partisane à l'orée de deux grandes élections", la présidentielle et les législatives, a martelé l'avocat.
Sur le plateau de "TPMP", le père de Jeremie Cohen n'a pas été en mesure de dire si son fils portait la kippa ce jour-là. "Mon fils était quelqu'un de brillant, il avait eu un bac S, il avait fait trois années de mathématiques et d'informatique appliquées à Jussieu et après il a été un peu déprimé, fatigué, il a pris un traitement qu'il fallait et là il était heureux de vivre, il était bien", a expliqué Gérard Cohen. "L'après-midi, il est allé se détendre, faire des courses, je ne sais pas", a-t-il poursuivi, précisant que son fils souffrait d'un "handicap léger, il avait du mal parfois à se concentrer, il marchait lentement, c'est quelqu'un qui était très doux, qui aimait rendre service aux autres, il avait bon cœur."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.