Ce que l'on sait du militaire soupçonné d'avoir voulu tirer sur une mosquée

Il visait la mosquée des Minguettes, à Vénissieux (Rhône), selon une source judiciaire. Parce qu'il projetait, selon les enquêteurs, de tirer sur une mosquée, un militaire de 23 ans a été arrêté sur sa base aérienne de Lyon-Mont Verdun, près de Lyon, a annoncé dimanche 11 août le ministère de l'Intérieur.

Au terme de quatre jours de garde à vue dans les locaux de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), le jeune homme, sergent dans l'armée de l'air, a été mis en examen pour "détention de munitions de quatrième catégorie en relation avec une entreprise terroriste" et "dégradation de lieu de culte en relation avec une entreprise terroriste". Il a été placé en détention provisoire, selon une source judiciaire.

Que projetait-il de faire ?

Le ministère de l'Intérieur a précisé que le jeune homme "avait projeté de tirer à l'arme à feu contre une mosquée de la région lyonnaise". Selon une source judiciaire, le suspect a reconnu devant les enquêteurs qu'il avait prévu d'attaquer celle des Minguettes, à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, le 8 août, à l'occasion de la fin du ramadan.

Lors de sa garde à vue entamée le 7 août, le suspect a également reconnu avoir lancé, dans la nuit du 20 au 21 août 2012, un cocktail Molotov sur la porte de la mosquée de Libourne (Gironde). Une attaque qui n'avait fait que peu de dégâts et pas de victime. 

Quel est son profil ? 

Selon une source proche de l'enquête, le jeune homme, solitaire et fragile psychologiquement, traverse une période difficile, à la suite de déboires amoureux. Ce sont des proches qui, alertés notamment par des documents trouvés en sa possession, et craignant une dérive extrémiste, ont signalé son cas aux autorités. Il est décrit comme "proche des idées de l'extrême droite radicale".

Selon la même source, le jeune homme a tenté à trois reprises, sans y parvenir, d'entrer en contact avec Maxime Brunerie, le jeune militant d'extrême droite, auteur, le 14 juillet 2002, d'une tentative d'attentat contre le président Chirac lors du défilé sur les Champs Elysées. Il aurait également été très touché par le suicide, le 21 mai à Notre Dame, de l'historien d'extrême droite Dominique Venner, dont il admirait les travaux. 

Comment réagit la communauté musulmane ?

Abdallah Zekri, président de l'Observatoire de l'islamophobie, s'est "félicité que cet individu ait pu être arrêté avant d'avoir pu commettre un autre acte ignoble visant la communauté musulmane". "Les actions antimusulmanes ont augmenté de 50% au cours du premier semestre de cette année", a-t-il ajouté.

"Cette arrestation ne vient que conforter mon idée qu'il y a aujourd'hui une volonté affirmée de nuire à la communauté musulmane", a pour sa part indiqué Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, au micro de RTL. Et de compléter : "Il y a eu déjà deux attaques de mosquée dans le week-end [profanations d'une salle de prière en Gironde] dans le Sud-Ouest (...). On sent qu'il y a véritablement toute une organisation qui, derrière, est en train de se mettre en place pour atteindre les musulmans."