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Tireur de Paris : le récit de trois jours de traque

L'enquête aboutissant à l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar a mobilisé de nombreux policiers et témoins. En voici les principales étapes.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des policiers devant le parking de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), où a été arrêté l'homme suspecté d'être le tireur de Paris, mercredi 20 novembre. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Les zones d'ombres autour du parcours du tireur de Paris, et du déroulement de l'enquête, s'éclaircissent. On connaît aujourd'hui le parcours du principal suspect, Adbdelhakim Dekhar, entre le 18 novembre, jour où il est soupçonné d'avoir ouvert le feu sur un photographe de Libération à Paris, et le 20 novembre, date de son arrestation à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Francetv info revient sur les faits qui ont marqué les trois jours d'une traque intense.

Lundi 18 novembre

• 10 h 15 : un homme armé d'un fusil à pompe entre dans le hall du journal Libération, dans le 3e arrondissement de Paris. Il ouvre le feu sur un jeune assistant-photographe de 23 ans. Le tireur s'enfuit à pied. La victime est grièvement blessée. Politiques et responsables du journal font part de leur indignation.

• 12 heures : un individu tire avec un fusil à pompe sur un immeuble de la Société Générale, dans le quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest de Paris. Les tirs ne font pas de blessés. Un rapprochement est fait entre le signalement du suspect, vêtu d'un long manteau vert, le tireur de Libération et un homme qui a menacé avec un fusil le rédacteur en chef de BFMTV, trois jours plus tôt, dans les locaux de la chaîne. Les locaux des médias sont placés sous surveillance.

• 12h30 : le tireur prend en otage un automobiliste de 62 ans à Puteaux (Hauts-de-Seine). Il le force, sous la menace de son fusil, à le conduire sur les Champs-Elysées. Là, il relâche son otage et disparaît.

• 14 heures : l'enquête démarre. Les premières photos, issues de caméra de vidéosurveillance, sont publiées. La police scientifique entre également en scène. Des empreintes génétiques sont relevées sur les douilles des balles tirées au siège de Libération, au pied de la tour de la Société générale et sur la portière de l'automobiliste pris en otage. Les enquêteurs lancent alors une procédure d'urgence pour définir, au plus vite, un profil ADN.

Mardi 19 novembre

• Dès les premières heures de la matinée, une photo plus claire du tireur est diffusée par les enquêteurs qui lancent un appel à témoins. Les signalements de potentiels suspects se multiplient. La police indique ainsi qu'elle recherche "un homme de type européen, âgé de 35 à 45 ans, avec des cheveux poivre et sel, une barbe de deux ou trois jours, des baskets vertes à semelle blanche, une casquette, des lunettes et un ou deux sacs en bandoulière". Certains médias annoncent l'arrestation d'un suspect, à Paris, mais cet homme sera rapidement relâché.

• Un habitant des Hauts-de-Seine rentre chez lui, après avoir passé plusieurs jours hors de son domicile. Comme l'a expliqué le procureur de la République de Paris, c'est à ce moment-là qu'il découvre les photos du suspect recherché. Il pense alors reconnaître Abdelhakim Dekhar, un ami de longue date rencontré à la fin des années 1990 à Londres, et qu'il héberge depuis le mois de juillet 2013.

Mercredi 20 novembre

• Les analyses ADN aboutissent : elles révèlent que l'auteur des trois agressions, contre le photographe de Libération, contre la Société générale et contre l'automobiliste, est bien le même homme. Mais le profil ADN ne permet pas d'identifier un suspect, car cette trace ne figure pas dans le fichier national des empreintes génétiques.

• 1h30 du matin :  l'habitant des Hauts-de-Seine croise Abdelhakim Dekhar dans le hall de son immeuble. D'après le procureur de Paris, l'hébergeur annonce à son ami qu'il ne veut plus le revoir. Dekhar lui explique alors qu'il compte se suicider. Les deux hommes se rendent dans un parking souterrain de Bois-Colombes, où Dekhar a garé un véhicule. En chemin, ce dernier aurait confié à son ami qu'il est l'auteur des coups de feu de Libération.

Fin d'après-midi : l'hébergeur se rend au commissariat de Courbevoie et déclare connaître le suspect recherché, indiquant aux policiers le parking souterrain. Les enquêteurs se rendent alors compte que le suspect est un ancien détenu, autrefois proche des milieux anarchistes libertaires parisiens, condamné en 1998 pour sa complicité dans la sanglante affaire Rey-Maupin, survenue en 1994.

19 heures : les policiers interpellent sans heurt Abdelhakim Dekhar dans sa voiture. L'homme est en état de semi-conscience. Des boîtes de médicaments sont retrouvées dans le véhicule, notamment du Xanax, un anxyolitique, et de l'Imovane, un somnifère. D'après le parquet, deux courriers sont retrouvés dans les affaires du suspect : une lettre d'adieu et une lettre très confuse dans laquelle l'homme dénonce "un complot fasciste""le capitalisme""la gestion des banlieues" et "les médias", accusés de participer à la "manipulation des masses".

Jeudi 21 novembre

• Dans la nuit, les analyses ADN confirment que Abdelhakim Dekhar est le suspect recherché.

• Il est placé en garde à vue pour "tentatives d'assassinat" et "enlèvement et séquestration". Le parquet découvre également que l'homme avait été désigné comme "un affabulateur" par l'expert psychiatre qui l'avait examiné en 1994. Mais le procureur précise que l'homme n'avait pas été jugé "psychotique", à l'époque. Après avoir été hospitalisé "dans un hôpital parisien", il a commencé à être auditionné par les enquêteurs jeudi en milieu d'après-midi.

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