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Reportage Affaire Delphine Jubillar : son mari "maintient sa position" lors d’une reconstitution au domicile du couple

Extrait de sa prison, Cédric Jubillar n’a pas fait d’aveux lors de la mise en situation organisée par la justice, deux ans après la disparition de sa femme Delphine, à leur domicile dans le Tarn. La justice espérait pourtant le mettre face à ses contradictions.
Article rédigé par Aurélien Thirard - avec Lucien Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un convoi judiciaire arrive à Cagnac-les-Mines (Tarn) le 13 décembre 2022 pour une mise en situation de la disparition de Delphine Jubillar, il y a deux ans. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

La justice avait prévu un dispositif à la mesure des ambitions pour la mise en situation de la disparition de Delphine Jubillar, il y a deux ans dans le Tarn, organisée dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 décembre. Pour cette espèce de reconstitution -  terme réservé aux scènes de crimes, or, jusqu’à preuve du contraire, la maison n’en est pas une - dans la maison du couple à Cagnac-les-Mines, le quartier a été bouclé pendant 6 heures, jusqu’à 2h30 du matin, survolé par un drone, les journalistes et badauds tenus loin à l’écart.

Le temps a été pris pour vérifier point par point les déclarations de Cédric Jubillar, cet artisan plaquiste mis en examen pour la mort de sa femme, extrait de la prison de Seysses pour cette mise en situation, et les témoignages du voisinage comme ce cri déchirant entendu par deux voisines le soir du 15 décembre 2020, reproduit à trois reprises par une gendarme en pleine nuit.

Pour l’accusation, c’est l’un des éléments qui démontrent la culpabilité de Cédric Jubillar. "On a pu constater que les cris qui ont été entendus par la voisine pouvaient être entendus à 130 mètres de distance sans aucune difficulté. Donc le témoignage est d’autant plus crédible ce soir. De la même manière, on a pu avancer sur la paire de lunettes qui a été retrouvée en plusieurs morceaux disséminés dans l’appartement, sur laquelle Cédric Jubillar n’a pas pu apporter d’éléments significatifs", relate maître Mourad Battikh, avocat d’une partie de la famille de Delphine Jubillar.

"Des concrétisations" pour les parties civiles, "un vide sidéral" pour la défense

Le témoignage, à charge, de son fils a aussi été lu. Mais rien n’a déstabilisé Cédric Jubillar : il répète s’être couché à 22h30 et s'être aperçu de la disparition de Delphine à quatre heures du matin. Les parties civiles comptaient pourtant sur un déclic psychologique mais, au final, pas d’aveu, regrette Malika Chmani, avocate des enfants du couple. "Il est constant, conforme à Cédric Jubillar c’est-à-dire qu’il maintient la position qu’il a tenue jusqu’à présent. Cela dit, il n’y a pas rien dans ce dossier et qu’aujourd’hui, ça nous a permis de le concrétiser."

Pour la défense au contraire, cette mise en situation, sans scène de crime, a été l’occasion de constater que le dossier est vide, comme l’assure maître Alexandre Martin, l’un des trois avocats de Cédric Jubillar. "Personne n’est capable de nous présenter quelque chose de cohérent. Donc ce dossier reste mystérieux, ce dossier reste sans preuves, on ne peut pas nous présenter une thèse solide. Tout ce qu’il ressort d’aujourd’hui, c’est la confirmation du vide sidéral de l’accusation", indique-t-il à franceinfo.

Chacun campe ainsi sur ses positions. Cet acte d’enquête sera sans doute l’un des derniers, avant un éventuel procès.

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