Disparus du fort de Tamié en Savoie : une battue citoyenne organisée pendant deux jours à l'initiative du pôle "cold cases"

Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou ont disparu à un an d'intervalle en 2011 et 2012. Les enquêteurs pensent que ces affaires sont liées.
Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
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L'entrée du Fort de Tamié, en Savoie, d'où ont disparu Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou en 2011 et 2012. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

Dans l'affaire des "disparus du fort de Tamié" (Savoie), une battue citoyenne est organisée à partir de 8h30 mardi 29 octobre et jusqu'à mercredi soir. Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou ont disparu, à un an d'intervalle, le 11 septembre 2011 et le 8 septembre 2012. Ils étaient âgés respectivement de 22 et 45 ans.

"Comme si c'était hier"

Tous les deux participaient à un festival de musique électronique, avant de se volatiliser. Deux instructions sont en cours pour "enlèvement et séquestration". Saisi en 2022, le pôle national "crimes sériels ou non élucidés", dit pôle "cold cases" du tribunal de Nanterre, estime que ces deux disparitions, au même endroit, à un an d'écart, sont liées. Des ossements appartenant à Ahmed Hamadou ont été retrouvés. En revanche, il n'y a toujours aucune trace de Jean-Christophe Morin. Sa sœur Adeline espère que cette battue fera avancer l'enquête.

"C'est très dur de se dire qu'on espère retrouver des ossements, mais en même temps il faut qu'on sache ce qui lui est arrivé."

Adeline

à franceinfo

Adeline pense que certains diront "c'est très en arrière, vous n'avez qu’à tourner la page, il faut accepter qu'il ne soit pas plus là", mais "ce n’est pas possible. On peut difficilement faire notre deuil, on n’a pas de tombe, pas de lieu, pas de réponses", balaye-t-elle. Pour les proches de Jean-Christophe Morin, "c'est comme si c'était hier", poursuit-elle.

30 participants, balises GPS...

Les recherches vont se concentrer autour du fort de Tamié, à près de 1000 mètres d'altitude. Cette battue sera encadrée par les gendarmes. Entre 25 et 30 personnes vont y participer chaque jour. "Plus des trois quarts des participants ne nous connaissent pas", souligne Adeline, la sœur de Jean-Christophe Morin. Cela "fait chaud au cœur", confie la femme de 45 ans qui a lancé cet appel sur le réseau social Facebook, dans un groupe baptisé "disparition de Jean-Christophe Morin : la mobilisation continue". Adeline y explique que ces recherches, 13 ans après la disparition de son frère, sont importantes, "parce que nous ne pouvons pas garantir à 100% que chaque zone, en partant du fort, ait été très méticuleusement ratissée". Elle dénonce "les manquements de la gendarmerie d'Albertville" à l'époque, mais salue "la rigueur d'aujourd'hui" de la juge d'instruction Sabine Khéris et "ses gendarmes mandatés".

À la demande de la juge Sabine Khéris, qui instruit ces deux affaires, chaque participant à la battue sera équipé d'une balise GPS pour cartographier le plus précisément possible les zones qui auront été fouillées et celles qui devront encore être explorées, ce qui représente une première. "Le pôle cold case essaie d'utiliser les meilleurs moyens technologiques", salue Me Marine Allali, du cabinet Seban avocats, représentant la famille de Jean-Christophe Morin. "On a l'exemple récent du petit Emile : tout le monde se pose la question de savoir si le crâne était déjà à l'endroit ou si quelqu'un est passé juste à côté sans le voir. Avec cette technologie, et ces balises GPS, on saura précisément où sont passés les participants à la battue", argumente-t-elle.

En mai 2023, le pôle cold case de Nanterre a diffusé une vidéo d'appel à témoins, car dans ce dossier, "des gens ont forcément vu quelque chose. Des milliers de festivaliers ont croisé Jean-Christophe et Ahmed et peuvent avoir des informations importantes à donner aux enquêteurs, même 13 ans après les faits", espère Me Allali.

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