Double meurtre dans les Cévennes : qui est Valentin Marcone, le suspect traqué pendant quatre jours par les gendarmes ?
Cet homme de 29 ans, activement recherché pendant quatre jours après avoir abattu son patron et un de ses collègues dans la scierie où il travaillait, dans le village des Plantiers (Gard), s'est finalement rendu vendredi.
Il s'est caché pendant quatre jours au cœur de la forêt cévenole. Valentin Marcone, l'homme de 29 ans soupçonné d'avoir tué son patron et un de ses collègues mardi 11 mai, dans la scierie où il était employé dans le village des Plantiers (Gard), s'est rendu vendredi, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur Twitter.
Selon les informations de franceinfo, le fugitif a été interpellé sans heurts vers 19h25 vendredi, près de l'église de Saint-Marcel de Fontfouillouse, dans la zone de recherches ratissée depuis quatre jours par les gendarmes.
Quel est le profil du suspect ? Eléments de réponse.
Un homme discret, père d'une petite fille
Ce quasi trentenaire à l'apparence très jeune, cheveux châtain très courts et fines lunettes, est marié et père d'une petite fille. Dans un message audio transmis via la gendarmerie, son père Frédéric Marcone évoque son enfant et sa femme : "Iroise est magnifique, elle a dormi dans mes bras pendant deux heures, elle a besoin de toi, de son papa, Blandine a besoin de toi, elle est forte, elle a besoin de toi."
Installé depuis une dizaine d'années aux Plantiers, Valentin Marcone était plutôt discret. "On l'a déjà vu car il travaillait à la mairie. (...) Mais il n'était pas plus sociable que ça : on ne le voyait pas, même quand il y avait des fêtes du village. Ce n'était pas quelqu'un qui fréquentait trop les autres apparemment", témoigne auprès de France 3 Occitanie l'ex-propriétaire du bar des Plantiers. "Il était très solitaire avec très peu voire aucun ami", a confirmé le général Philippe Ott, commandant du groupement de gendarmerie du Gard, lors d'une conférence de presse jeudi avec la préfète du département, Marie-Françoise Lacaillon, et le procureur de Nîmes, Eric Maurel.
En conflit avec de nombreuses personnes
Selon les premiers éléments de l'enquête sur le double meurtre, survenu vers 8 heures mardi, Valentin Marcone était en conflit avec son employeur, apparemment pour des problèmes d'horaires de travail. Le procureur de Nîmes, Eric Maurel, a évoqué "une bascule dans son comportement" et le fait "qu'il venait au travail avec un gilet pare-balles".
"Le pourquoi et le comment de cette bascule, nous n'en savons rien."
Eric Maurel, procureur de Nîmesen conférence de presse
Le suspect n'avait jusqu'alors proféré aucune menace ni eu de geste violent à l'égard de ses collègues. Mardi, à la suite d'une simple remarque de son patron, à qui il n'aurait pas dit bonjour, il aurait sorti un pistolet et tiré, l'abattant lui, puis un de ses collègues de plusieurs balles dans la tête. Même s'il n'était pas connu pour des violences, et que son casier judiciaire est vierge, le suspect a un "personnalité très particulière, très procédurière" et un comportement de "type paranoïaque" depuis quelques temps, selon le procureur d'Alès, François Schneider.
Cet ancien employé de mairie était également en conflit avec l'ex-édile des Plantiers, Francis Maurin, contre lequel il avait lancé une procédure aux prud'hommes, rapporte France 3 Occitanie. Valentin Marcone avait aussi déposé de nombreuses plaintes contre plusieurs personnes, dont certaines ont été classées sans suite. Il faisait lui-même l'objet de poursuites, d'après le procureur d'Alès.
"Il devait faire l'objet de poursuites devant le tribunal correctionnel pour des faits d'atteintes à l'intimité de la vie privée, puisqu'il avait enregistré une audition qui avait été faite par les gendarmes de la brigade locale."
François Schneider, procureur d'Alèsen conférence de presse
Quatre familles des Plantiers, "potentiellement ciblées" par Valentin Marcone, ont été évacuées de leur domicile et mises à l'abri, a annoncé l'actuel maire, Bernard Mounier, sur franceinfo. "Je ne crois pas qu'il en veut à la population, relativise une habitante auprès de l'AFP. Il a dû péter les plombs, avec tous les soucis qu'il a eus", assure-t-elle, en évoquant à la fois le confinement dû au Covid-19 et ces "différents avec l'ancienne mairie".
Féru d'armes à feu et de tir
Adepte du tir sportif, Valentin Marcone possédait les autorisations nécessaires pour détenir une arme. "Le tireur est a priori équipé d'au moins deux armes, a expliqué mercredi soir le procureur de Nîmes, Eric Maurel, désormais en charge du dossier. Il semblerait qu'il puisse y avoir une arme de poing, probablement celle utilisée lors du double assassinat, et une arme longue dont les caractéristiques laissent envisager une dangerosité toute particulière" avec une portée potentielle de 300 m. Lors de perquisitions menées à son domicile, une douzaine d'armes ont été retrouvées ainsi que "des éléments d'armes extrêmement sophistiqués et une quantité estimée à 3 300 munitions de tous calibres."
Le profil Facebook du suspect, illustré par l'image d'une carabine, "est en train d'être exploité", a précisé le procureur, et "révèle des éléments de personnalité qui tendent à confirmer la dangerosité criminologique de cet individu". Le suspect multipliait ainsi sur son compte les références à un jeu vidéo de guerre et les publications hostiles aux autorités : police, justice, hommes politiques... Sur sa chaîne YouTube, Valentin Marcone partage par ailleurs des vidéos de ses sessions de tir, relève France 3 Occitanie.
Selon Philippe Ott, l'auteur présumé du double meurtre "s'entraînait très régulièrement au tir à longue portée". Il avait souhaité rejoindre l'armée pour devenir tireur d'élite et n'y était pas parvenu à cause de problèmes de vue. "Il a toujours gardé cette appétence pour les armes", a souligné Eric Maurel. La tentation pourrait être de partir sur l'idée d'un survivaliste."
"En tout cas, il s'est équipé comme un homme qui part dans la nature, pour résister au froid, aux intempéries, comme un homme qui part à la chasse."
Eric Maurel, procureur de Nîmesen conférence de presse
"Le gars est du pays, chasseur, il connaît tout, il connaît toutes les combines, tous les passages, c'est très difficile pour ceux qui ne connaissent pas le territoire", a assuré à l'AFP un professeur d'histoire-géographie à la retraite installé à Saumane, village voisin des Plantiers. Des propos confirmés par Eric Maurel : Valentin Marcone, a-t-il expliqué, "est apte à la survie en milieu hostile", a "l'habitude de partir en montagne, de faire des randonnées, c'est un chasseur".
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