Eglise incendiée à Fontainebleau : "Mon cœur s'est serré quand j'ai compris que c'était un acte criminel"
L'église Saint-Louis a été la cible d’un incendie criminel et de plusieurs actes de profanation dans la nuit de samedi à dimanche. Francetv info est allé à la rencontre des paroissiens. Reportage.
Le téléphone du prêtre José Antonini sonne à 7h20, dimanche 10 janvier. Au bout du fil, la gardienne affolée lui explique que "quelque chose de grave" se passe dans l'église Saint-Louis à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Le curé descend en trombe de son appartement, qui jouxte la bâtisse construite entre le XVIIe et le XIXe sicèle. "Dès que j'ai vu l'épaisse fumée noire qui sortait des vitraux, j'ai appelé les pompiers", raconte-t-il.
A 14 heures, les soldats du feu ont eu raison des trois brasiers allumés dans l'enceinte de l'église pendant la nuit. "Dès qu'ils m'ont dit qu'il y avait eu trois mises à feu, mon cœur s'est serré." Pour l'ecclésiastique, plus de doute : "J'ai compris que c'était bien un acte criminel."
"C'était un trésor historique inestimable"
"Je ne vous dis pas combien cela m'a meurtri quand je suis rentré et que j'ai vu dans quel état était l'église." Deux chapelles et une crèche ont été réduites en cendres. Un ciboire en étain et une statue du XIVe siècle ont aussi été dérobés. "C'était un trésor historique inestimable", déplore-t-il.
Les responsables ont aussi jeté au sol toutes les hosties. Pour nous, cela représente ce qu'il y a de plus sacré.
L'énumération des dégâts est interrompue par la sonnette de l'appartement du curé du pôle missionnaire de Fontainebleau. Deux enquêteurs de la police sont venus recueillir son témoignage. Le SRPJ de Versailles est en charge du dossier. Le préfet de Seine-et-Marne s'est rendu sur les lieux. "Une piste est envisagée : des SDF qui étaient dans l’église depuis plusieurs jours et avaient quelques soucis avec la paroisse", indique-t-il au Parisien. Acte de profanation ou incendie pour maquiller un vol ? Aucune hypothèse n'est écartée par les autorités.
"Les paroissiens sont traumatisés par ce qu'il s'est passé"
Dans la cour de l'église, une dame interpelle le prêtre : "Mon petit-fils doit faire sa communion samedi prochain ! Comment va-t-on faire ?" José Antonini s'attelle à rassurer la grand-mère inquiète. "Les paroissiens sont traumatisés par ce qu'il s'est passé", confie-t-il.
Dans les rues de la ville, d'habitude paisibles, l'ambiance est lourde. D'autant plus qu'un autre incendie, visiblement accidentel, s'est déclaré dans l'église de la commune voisine de Veneux-les-Sablons. A Fontainebleau, nombreux sont ceux qui se sont rendus sur place pour constater l'ampleur des dégâts, mais l'édifice a été mis sous scellés par la police.
Devant l'église, Maeva, 17 ans, lève les yeux au ciel pour voir si le clocher est endommagé. "Je ne vais pas à l'église, mais c'est ici que se sont mariés mes parents, explique-t-elle à son amie. Ça fait un choc." Michelle, 67 ans, fréquentait très régulièrement cette paroisse catholique. "Quels temps horribles nous vivons !" souffle-t-elle en promenant son chien.
"Ce qui s'est passé est un acte de profanation"
Le contexte de menace terroriste est dans tous les esprits et laisse parfois place aux amalgames. "Ils vont être surpris quand des extrémistes mettront le feu aux mosquées", lance une vieille dame à Frédéric Valletoux, le maire (Les Républicains) de passage devant l'église, qui n'est qu'à deux pas de l'hôtel de ville. L'édile lui répond, gêné : "Attendons de savoir qui a fait ça avant de tirer des conclusions hâtives." La femme reprend sa route.
Je refuse d'utiliser ces actes pour exacerber des tensions entre les communautés religieuses.
"A cause du contexte national, il est facile de mettre des actes comme ceux-là sur le compte du terrorisme. Mais si c'était le cas, il y aurait sans doute une revendication, explique le maire de Fontainebleau. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt pour autant : ce qui s'est passé à Fontainebleau est clairement un acte de profanation."
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