Évasion de Redoine Faïd : le récit du pilote

Pilote instructeur aguerri, Stéphane Buy, 65 ans, se dit encore très choqué. Il a vécu plus de deux heures d'angoisse dimanche dernier, lors de l'évasion de Rédoine Faïd. Ce matin-là, il a rendez-vous dans son aéro-club de Lognes, en Seine-et-Marne avec deux clients qu'il a déjà rencontrés : "Pour moi, c'était un père qui voulait faire plaisir à son fils. C'était la deuxième ou troisième fois qu'ils venaient faire un baptême, et voilà". Il leur donne alors la cinquantaine et 20 ans et quelque. Mais cette fois-ci, les deux hommes exigent de voler avec un autre appareil, une Alouette, qui peut transporter cinq personnes. "Elle n'avait pas assez de carburant pour faire un baptême, donc je leur dis non. C'est là qu'ils m'ont agressé et qu'ils m'ont dit : 'Maintenant, ça suffit. Ils m'ont contraint et prévenu que ma famille était en danger", confie le pilote, au bord des larmes.

"J'étais inconscient pendant quelques secondes"

Le pilote prend donc les commandes de l'Alouette, pour une destination encore inconnue. Le commando lui ordonne un premier arrêt, puis un second, en plein champ, où d'autres hommes cagoulés les rejoignent et chargent du matériel. Mais impossible de redécoller ; c'est la panne.

"J'ai pris un coup sur la tempe, et je suis tombé par terre. J'étais inconscient pendant quelques secondes". Stéphane Buy se relève et l'appareil démarre enfin. Cette fois, cap sur la prison de Réau, et sur sa cour d'honneur. Le pilote a alors deux armes à feu braquées sur lui : "On me fait poser sur une petite allée en bitume qui doit faire 1m50 de large". S'ensuivent dix longues minutes avant l'arrivée de Rédoine Faïd. Le célèbre braqueur libéré, le pilote sera lui abandonné, avec l'hélicoptère près du Bourget (Seine-Saint-Denis). Ses preneurs d'otage brûleront la cabine avant de reprendre la fuite.