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Lutte contre le crime organisé : visite au cœur de la très secrète Brigade nationale de recherche des fugitifs

Redoine Faïd, Jean-Pierre Treiber, Cesare Battisti ou encore Antony Pondaven… Tous ces criminels ont un point commun : ils ont été traqués et retrouvés par les limiers de la BNRF, qui a exceptionnellement ouvert ses portes à franceinfo.

Article rédigé par franceinfo, Delphine Gotchaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les limiers de la BNRF sont non seulement des spécialistes du décryptage et de l'analyse de la téléphonie, mais ils vont aussi sur le terrain (surveillance, sonorisation de domiciles), et ils assistent aux interpellations des fugitifs retrouvés (Photo d'illustration) (CHRISTIAN CHARISIUS / DPA)

C'est dans un endroit rarement ouvert aux journalistes que franceinfo vous emmène mercredi 26 décembre : la BNRF, autrement dit la Brigade nationale de recherche des fugitifs. Créée en 2003, elle traque sans relâche les évadés, criminels en fuite ou condamnés par contumace. Elle dépend de l'Office central de lutte contre le crime organisé, basé à Nanterre, en région parisienne. C'est une petite unité d'élite de la police, composée d'une vingtaine d'enquêteurs, qui a notamment permis l'arrestation de Redoine Faïd, après trois mois de cavale.  

Des millions de lignes téléphoniques surveillées pour remonter la piste de Redoine Faïd

Sur l'un des murs de son bureau, comme dans les séries policières, le patron de la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF) a affiché tous les protagonistes de la première évasion de Redoine Faïd en 2013. Un organigramme géant avec au centre, la photo du braqueur multirécidiviste, entouré de ses proches et de son environnement criminel.

>> RECIT. De l'évasion en hélicoptère à l'arrestation en pyjama : comment les enquêteurs ont fini par rattraper Redoine Faïd

Christophe Foissey et ses trois groupes d'enquêteurs se sont évidemment servis de leurs connaissances du fugitif pour le traquer. Ils savaient que Redoine Faïd ne ferait plus appel à son réseau délinquant après avoir été "donné" par un de ses contacts pendant sa précédente cavale. La BNRF a donc tiré le fil familial, explique le commissaire Foissey.

Rapidement, nous nous sommes rendus compte que parmi le commando, il y avait beaucoup de gens de sa famille. Donc on a décidé de suivre ce fil familial et bien nous en a pris puisque c’est ce fil familial-là qui nous a permis de remonter jusqu’à lui.

Le commissaire Foissey, patron de la BNRF

à franceinfo

Le commissaire Foissey explique que son équipe a dû exploiter plusieurs millions de lignes téléphoniques. "C’est vraiment le particularisme de cette brigade et des fonctionnaires qui la composent, dit-il. Elle nous permet d’étudier le passé, de comprendre le présent et d’anticiper l’avenir."   

Les limiers de la BNRF sont non seulement des spécialistes du décryptage et de l'analyse de la téléphonie, mais ils vont aussi sur le terrain (surveillance, sonorisation de domiciles), et ils assistent aux interpellations des fugitifs retrouvés. En quinze ans, ils affichent un beau tableau de chasse : Jean-Pierre Treiber, l'assassin présumé de Géraldine Giraud et Katia Lherbier, Cesare Battisti, l'ancien activiste d'extrême gauche, ou plus récemment Antony Pondaven, fiché S pour radicalisation.

Une traque rarement infructueuse

Au bout de leur traque, ces "marshals français" peuvent aussi trouver un cadavre ou ne pas retrouver le fugitif, mais c'est très rare, affirme le patron de la brigade. "Si la personne coupe les ponts avec son entourage et refait sa vie avec une surface financière lui permettant de ne plus être dans un trafic de stupéfiants ou de ne plus commettre des braquages, c’est très difficile pour nous de la retrouver, reconnaît-il cependant. Il est possible de nous échapper."

Les dossiers de recherche sont refermés en moyenne entre huit mois et un an. Et parfois, racontent les enquêteurs, le diable se cache dans les détails. Un voyou marseillais s'est par exemple fait pincer parce que sa compagne avait pris rendez-vous chez une esthéticienne pour une épilation, le signe, pour ces policiers à qui rien n'échappe, que les retrouvailles étaient imminentes.

Reportage au sein de la BNRF de Delphine Gotchaux.

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