Redoine Faïd arrêté : "C'est un travail de fourmi, de filoche, la victoire de tous les policiers sur le dispositif"
Le secrétaire général du syndicat Unité-SGP Police,Yves Lefevre, salue le travail de ses collègues, pour l'arrestation du braqueur multirécidiviste Redoine Faïd, mercredi dans la nuit à Creil.
"C'est la victoire de tous les policiers sur le dispositif", salue mercredi 3 octobre sur franceinfo Yves Lefevre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP Police, après l'arrestation de Redoine Faïd dans la nuit à Creil (Oise), après 93 jours de cavale. L'homme le plus recherché de France s'était évadé en hélicoptère de la prison de Réau le 1er juillet dernier.
franceinfo : Redoine Faïd avait été repéré depuis plusieurs jours, comment met-on sur pied ce type d'opération ?
Yves Lefevre : C'est un travail de longue haleine qui dure depuis trop longtemps, un travail de fourmi, de "filoche", comme on dit dans le milieu. On surveille, on suit, on planque, c'est de la filature, des heures passées par mes collègues de la BRI, du Raid, à surveiller le domicile. C'est la victoire de tous les policiers engagés sur le dispositif, ce sont des heures non-stop à rester assis dans un véhicule, à attendre que ça se passe, en dehors des regards. On ne voit pas ça que dans les films, cette poussée d'adrénaline quand on l'arrête (...) Il va falloir que la garde des Sceaux prenne la pleine mesure de la dangerosité de Redoine Faïd et qu'on puisse mettre tout en œuvre pour qu'il ne s'évade pas. C'est bien beau après de compter sur la police et la gendarmerie. C'est quand même potentiellement l'assassin de notre collègue de la police municipale, Aurélie Fouquet [considéré considéré comme "l'organisateur" du braquage raté ayant entraîné la mort de la policière municipale Aurélie Fouquet en 2010, Faïd a été condamné en appel à 25 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris, en février 2018]. Aujourd'hui c'est la deuxième évasion, mais jusqu'à quand ? On ne va pas laisser les prisons en "open-bar".
La ministre de la Justice Nicole Belloubet avait annoncé un audit de certains établissements pour éviter justement le passage des hélicoptères, n'est-ce pas suffisant ?
Quand un ministre annonce un audit, je me dis : "Oh là là, la catastrophe !" Audit, c'est le mot clé des politiques. On va faire des audits, mais on sait que, in fine, on ne saura rien de cet audit. On noie le poisson, on n'est pas en capacité d'assumer ses responsabilité et de dire qu'effectivement, des services de protection de l'établissement pénitentiaire de la prison de Réau auraient été défaillants.
N'est-ce pas quand même la preuve que les forces de l'ordre fonctionnent même sans ministre, avec le départ acté cette nuit du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb ?
Je viens même d'apprendre qu'on avait encore un ministre, le Premier ministre serait à la fois ministre de l'Intérieur [en intérim]. C'est une mauvaise pièce de théâtre de boulevard. On est dans un scénario qui ne vaut plus rien. Bien sûr que les flics vont continuer à faire leur boulot ! On a viscéralement ce métier ancré en nous. On risque notre peau, mes collègues de terrain risquent leur peau tous les jours, mais on a quand même besoin d'orientation avant que la cocotte-minute des gardiens de la paix n'explose. On a surtout besoin d'un capitaine à bord qui reconnaisse enfin notre investissement et notre professionnalisme, la preuve encore cette nuit avec l'arrestation de Redoine Faïd.
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