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Explosion à Paris : "Certains ne pourront pas retourner chez eux, ça va être trop inquiétant", explique une psychologue

Carole Damiani, de l'association "Paris aide aux victimes" juge essentielle l'écoute de ce que vivent les rescapés, après l'explosion samedi dans le 9e arrondissement de Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Une explosion, probablement due au gaz, a détruit un commerce et endommagé plusieurs immeubles rue de Trévise à Paris, le 12 janvier 2019. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

"Habituellement, la maison est le lieu le plus sûr où on se réfugie, et là c'est la maison elle-même qui a été abîmée", explique la psychologue Carole Damiani dimanche 13 janvier, au lendemain de l'explosion meurtrière survenue dans le 9e arrondissement de la capitale. La directrice de l'association "Paris aide aux victimes" participe à la cellule de soutien proposée aux rescapés

>>RECIT. "Ça m'a pratiquement explosé en pleine figure" : comment une fuite de gaz a transformé la rue de Trévise en "zones de guerre"

Dans le quartier, une douzaine d'immeubles, fragilisés ou endommagés, sont inaccessibles aux habitants, bénéficiant d'aide à l'hébergement.

franceinfo : Où se trouvent ce matin ces résidents temporairement délogés par l'explosion ?

Carole DamianiIl y en a qui ont trouvé une solution personnelle auprès d'amis ou auprès de la famille, c'est le mieux pour eux. D'autres ont été relogés dans des hôtels, et pour ceux-là, la situation reste plus précaire.

Quelles sont les premières urgences pour des habitants marqués par la  catastrophe?

L'important est d'être à leur écoute et de savoir ce qu'ils ont vécu. Certains disent : "j'ai cru que c'était un attentat parce qu'il y a eu ces explosions". Outre le feu, qui est toujours très impressionnant, il faut être attentif à tous ceux qui sont dans cette souffrance psychique. Mais ce qu'on remarque aussi, c'est qu'il y a cette inquiétude qui parfois prend le pas sur la souffrance psychique : "où je vais dormir ce soir, où je vais dormir demain ?"

Quel peut être l'impact, pour les victimes, du bruit assourdissant, des images de dévastation ?

C'est vrai que ces images peuvent marquer fortement. Ils l'ont vécu, ils l'ont vu. Certains parlent de scènes de guerre. Mais c'est important aussi maintenant pour eux de savoir ce qu'il est advenu de leurs animaux domestiques laissés par certains, de leurs biens. Pour un enfant, avoir perdu son doudou ou ses cadeaux de Noël, cela paraît peut-être dérisoire dans un premier temps, mais parfois on s'accroche à des choses comme ça.

Certains auront-ils du mal à revenir vivre chez eux après cette catastrophe ?

Oui, c'est tout à fait évident que certains ne pourront pas retourner chez eux parce que ça va être pour eux trop inquiétant. Habituellement, la maison est le lieu le plus sûr où on se réfugie, et là c'est la maison elle-même qui a été abîmée, qui a été source de souffrance, et donc pour eux ça va être très compliqué de retourner dans ces lieux-là.

Quel sera votre rôle dans les prochains jours ?

Les urgences psychologiques, bien entendu, en sachant que pour beaucoup, il peut y avoir un effet boomerang, c'est-à-dire qu'ils sont tellement pris actuellement dans les démarches administratives qu'ils peuvent mettre à distance la souffrance psychologique, d'où l'importance d'un dispositif dans la durée.

Deux pompiers sont morts dans cet accident, un soutien est-il apporté également à leurs collègues ?

Ils sont pris en charge par des structures spécifiques, en interne, qui sont très présentes et qui prendront en charge les familles et les proches.

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