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20 ans de l'explosion d'AZF à Toulouse : "Deux mémoires s'affrontent", analyse l'historien Bertrand Vayssière

Le maître de conférences en histoire contemporaine oppose mardi sur franceinfo les souvenirs heureux des ex-ouvriers de l'usine chimique toulousaine, et ceux des habitants meurtris par l'explosion de 2001.

Article rédigé par franceinfo
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Des participants à l'hommage rendu mardi 21 septembre à l'explosion industrielle de septembre 2001 à l'usine chimique AZF à Toulouse. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Vingt ans après l'explosion d'AZF à Toulouse, "il y a deux mémoires qui s'affrontent, celle des anciens salariés et celle des riverains", a rendu compte mardi 21 septembre sur franceinfo Bertrand Vayssière, historien et maître de conférences en histoire contemporaine à l’université toulousaine Jean Jaurès.

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Comment avez-vous vécu cette catastrophe ?

Ce jour-là, j'étais près d'AZF, je ne suis qu'une victime mineure. Les dégâts étaient très importants et il n'y avait aucun moyen de s'informer. Le réseau téléphonique a très vite été saturé et on ne pouvait pas prendre d'informations les uns des autres.

Pourquoi le fait que l'explosion se soit produite à 10h17 a limité les dégâts ?

Tout est relatif. C'est une heure creuse, il y a très peu de circulation sur la rocade voisine de l'usine. Les enfants des écoles sont dans les cours de récréation, ce qui parfois leur a sauvé la vie. Donc, on peut relativiser et se dire que c'est une heure de moindre mal. Mais les dégâts sont très importants, il y a 31 morts, des milliers de blessés, des dizaines de milliers d'habitations endommagées. Donc les dégâts restent immenses.

Y a-t-il encore des incertitudes concernant les causes de cette explosion ?

Oui et non. Du point de vue de la justice, l'affaire est réglée, les derniers recours ont été rejetés et donc le jugement est définitif depuis décembre 2019. Il s'appuie sur la thèse accidentelle, sur l'assemblage malheureux entre deux produits. Donc la justice conclut à une négligence et à des fautes caractérisées qui ont mené à la catastrophe. Mais la thèse de l'attentat continue à circuler. On a pensé tout de suite à ça. La thèse de l'attentat nourrit beaucoup de revendications de certains qui estiment que les causes accidentelles ne sont pas les bonnes. C'est le cas notamment des anciens salariés d'AZF qui ne sont pas d'accord avec le verdict qui a été donné par la justice. Pour eux, il y a d'autres pistes à explorer.

C'est ce qui explique qu'il n'y a pas de mémoire collective ?

Il y a deux mémoires différentes qui s'affrontent : celle des anciens salariés qui ne supportent pas la stigmatisation dont ils font l'objet parce qu'on résume leur usine à une usine poubelle, mais eux n'ont pas cette mémoire. Ils veulent cultiver une mémoire heureuse de leur usine dont ils sont très fiers. À côté de cela, il y a la mémoire des riverains, les sinistrés qui vivent sur un traumatisme qui n'est toujours pas passé. Il y a des gens qui sont encore en difficulté psychologique, en particulier auditif, et ils sont très remontés et ont une mémoire douloureuse. Ils ne sont pas d'accord avec la mémoire consensuelle que le gouvernement veut mettre en place.

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