Fraude à la taxe carbone : Mediapart va saisir la justice après des menaces contre Fabrice Arfi de la part d'Arnaud Mimran
L'avocat de Mediapart, Emmanuel Tordjman, indique ce jeudi à franceinfo qu'il va saisir la justice après des menaces de la part d'Arnaud Mimran, condamné en 2016 dans une fraude à la taxe carbone, à l'encontre de son journaliste Fabrice Arfi ainsi que contre plusieurs juges révélées ce jeudi par Médiapart et que franceinfo a pu se faire confirmer.
Des écoutes dans sa cellule et au parloir
Dans cette enquête publiée ce jeudi, Mediapart révèle des écoutes réalisées par la brigade criminelle entre 2019 et 2020 dans la cellule et au parloir d'Arnaud Mimran. Ces écoutes, dont le contenu a pu être confirmé à franceinfo par une source proche du dossier, mettent en avant les menaces d'Arnaud Mimran, l’une des têtes pensantes de l’escroquerie aux quotas carbone, à l'encontre de Fabrice Arfi.
Arnaud Mimran, condamné en 2016 dans une fraude à la taxe carbone après les révélations de Fabrice Arfi dans un livre et dans plusieurs articles, déclare notamment vouloir "faire quelque chose", à Fabrice Arfi. "Lui, il faut vraiment qu’il lui arrive du mal", lance-t-il notamment en juin 2019. "Fabrice Arfi, par exemple, c’est le pire des sales mecs de la terre", poursuit Arnaud Mimran, qui ajoute : "J’ai juré que quand je sors, je lui fais quelque chose".
Un "sentiment d'insécurité", sur les journalistes
"Il y a un sentiment d'insécurité qui règne sur les journalistes", dénonce auprès de franceinfo l'avocat de Mediapart, Emmanuel Tordjman. "Il appartient à l'autorité judiciaire de prendre toutes les mesures concrètes et efficaces et de poursuivre le cas échéant les personnes responsables des faits révélés ce jeudi matin".
"L'auteur des révélations sur l’escroquerie aux quotas carbone Fabrice Arfi est visé par de graves menaces de vengeance proférées par Arnaud Mimran, grande figure de la criminalité", écrit ce jeudi sur X (ex-Twitter) Reporters sans frontières (RSF). "RSF apporte son soutien au journaliste et demande aux autorités françaises de garantir sa sécurité".
Arnaud Mimran a accumulé les ennuis judiciaires depuis sa condamnation en 2016. En décembre dernier, il a été condamné en appel à treize ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Val-de-Marne pour la séquestration d'un financier suisse en vue de son extorsion. Il a par ailleurs été mis en examen et incarcéré en avril 2021 dans l'enquête sur l'assassinat en 2011 de son ex-beau-père, le milliardaire Claude Dray, et dans celle sur le meurtre en 2010 d'une autre figure de l'affaire de la taxe carbone, Samy Souied. Il est également soupçonné d'avoir commandité un meurtre en avril 2014, une affaire pour laquelle il est mis en examen pour "meurtre en bande organisée".
Les investigations sur les trois meurtres terminées
Les juges d'instruction parisiens chargés des investigations sur trois meurtres entre 2010 et 2014, dont l'escroc à la "taxe carbone" Arnaud Mimran est soupçonné d'être l'auteur, ont signifié jeudi aux parties la fin de leurs investigations, a également appris franceinfo de source proche du dossier.
Les parties ont désormais un mois pour envoyer aux juges leurs observations. Si les investigations ne sont pas relancées, il appartiendra ensuite au parquet de Paris de rendre son réquisitoire définitif, avant une décision finale des juges d'instruction sur la tenue d'un éventuel procès aux assises.
Dans cette information judiciaire instruite par des magistrats de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) à Paris, M. Mimran, actuellement en prison, est mis en cause dans les trois volets. En avril 2021, il a été mis en examen pour complicité concernant l'assassinat en 2011 de son ancien beau-père, le milliardaire Claude Dray, et pour meurtre en bande organisée concernant la mort en 2010 d'une autre figure de l'affaire de la taxe carbone, Samy Souied. Dans ce volet Souied, au moins deux autres hommes ont été mis en examen.
Quelques mois plus tard, en novembre 2021, Arnaud Mimran a été à nouveau mis en examen pour "meurtre en bande organisée", concernant la mort en avril 2014 d'une troisième personne, Albert Taieb.
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